Dans les jours qui ont précédé le dépôt du projet de loi 17, qui déréglemente totalement l’industrie québécoise du taxi, le ministre des Transports, François Bonnardel, a attaqué l’ancien gouvernement en disant qu’il « n’avait pas eu le courage » de moderniser l’industrie du taxi. Aujourd’hui, M. Bonnardel, les 22 000 familles du taxi vous demandent : il est où, votre courage ? 

Le courage politique, ce n’est pas d’envoyer des milliers de familles modestes, qui se sont pliées à toutes les exigences de l’État, vers la faillite, au bénéfice d’une multinationale sans foi ni loi. Le courage, ce n’est pas de donner à un bully tout ce qu’il demande, en faisant payer le prix à ses victimes. Le courage, ce n’est pas de refiler aux contribuables la facture pour une entreprise entrée illégalement sur notre territoire et qui refuse toujours de rembourser à Revenu Québec les taxes usurpées en 2015 et 2016. 

Le courage, c’est tenir tête à un intimidateur, même s’il est gros et imposant, pas de faire ses quatre volontés.

Le courage, c’est de protéger les droits des Québécois, tous les Québécois, contre des tyrans impitoyables, aux dents longues, mais qui n’ont ni visage ni âme, seulement un compte en banque aux Caraïbes.

Le courage, ce n’est pas d’exproprier des milliers de propriétaires d’un bien exigé par l’État, en leur disant que vous n’êtes capable d’acquitter que 30 % de la facture. Le courage, ce serait de dire à Uber de payer pour le système québécois que vous voulez anéantir. Uber le fait déjà avec son dumping. Elle pourrait le faire plus honnêtement et ainsi permettre aux contribuables d’avoir plus de fonds pour les hôpitaux et les écoles. 

La peur au ventre

Peut-être, M. Bonnardel, confondez-vous le courage avec la témérité ? La témérité, c’est agir de manière désinvolte, sans égard pour les conséquences de nos actions, un peu comme le projet de loi 17, qui détruit des milliers de vies. La témérité, c’est ne pas avoir peur. Pour être courageux, il faut avoir la peur au ventre, parce qu’on est conscient des enjeux, mais on fonce quand même parce que des principes et des valeurs sont plus grands que la crainte. 

Cette peur, elle habite profondément des milliers de pères et de mères de famille qui ne dorment plus la nuit, en se demandant comment ils nourriront leurs enfants si votre projet de loi est adopté.

La peur de perdre voiture, maison, crédit, si vous leur retirez ce pour quoi ils ont travaillé pendant des années, à coup de 70 heures par semaine.

Ce permis, ils l’ont acquis péniblement, mais noblement. 

Si vous n’avez pas assez de peur, M. Bonnardel, venez voir les milliers de travailleurs du taxi. Ils pourront vous en vendre. Ça, ils sont prêts à vous en vendre. Leur permis de taxi, ils n’ont jamais demandé à s’en défaire. 

Ce que les travailleurs du taxi veulent, c’est continuer à gagner leur vie dans le taxi, pas recevoir une indemnité insuffisante, une indemnité plus proche d’une prestation de décès que d’un gage d’avenir. 

* Cosignataires : Michel Aboujaoudé, François Cyr, Wilson Jean-Paul et Serge Lebreux

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