Le sommet annuel des chefs d'État et de gouvernements des pays membres du G8 aura lieu les 18 et 19 mai au chalet présidentiel de Camp David. Plus pique-nique que banquet (rien n'égalera les fastes du Versailles de Mitterrand en 1982), je prévois une autre petite année pour le G8.

L'argument est simple : le G8 n'est pas - n'est plus - l'instance de concertation entre les grandes puissances, dont le monde à besoin.  Il est temps pour le G20 d'assumer la relève sans entrave. Rien de ce qui concerne l'ordre économique ou la sécurité internationale ne peut se résoudre sans la participation de plein droit des grands pays réunis au G20, dont la Chine et l'Inde.

L'exercice du droit d'ingérence dans des conflits nationaux - je pense à la Libye -, ne fait pas consensus. Il faut en user avec discernement et compter sur l'appui des pays qui siègent au Conseil de sécurité des Nations unies. L'agenda du Conseil a porté en 2012 sur les évènements en Syrie, en Irak, en Birmanie, au Soudan, en Somalie, au Mali, en Iran, en Corée du Nord, et des résolutions ont été présentées et votées. Le Conseil reçoit et étudie tous les rapports sur les missions de paix dans le monde et tout particulièrement celle en Afghanistan (MANUA). L'inventaire des zones de tensions qui figure dans la déclaration des ministres des Affaires étrangères du G8 du 12 avril, reprend point par point l'agenda du Conseil de sécurité. Le double emploi avec le G8 est ici flagrant.

Le «Printemps arabe» bénéficie depuis 2011 du «partenariat de Deauville», entente destinée à soutenir l'éveil démocratique et à éviter des complications découlant d'un approfondissement de la crise économique.  Le soutien de neuf institutions financières internationales, qui s'élève à 38 milliards de dollars, a été confirmé en septembre dernier.  L'heure n'est plus aux consultations, mais à l'application des solutions. La même chose vaut pour le plan de paix de Kofi Annan destiné à arrêter les tueries en Syrie.

En troisième lieu, la conjoncture économique n'autorise aucune initiative. Depuis la crise de 2008, qui a surtout atteint les pays du G8, la croissance économique internationale dépend du dynamisme des marchés des pays émergents et tout particulièrement de ceux de la Chine et de l'Inde. Les signes de reprise sont insuffisants aux États-Unis et la croissance en Europe demeurera anémique. Les marchés s'inquiètent à nouveau d'une possibilité de défaut de la Grèce. Même s'ils devront être ajustés, les plans de stabilisation et de relance sont en place. Encore une fois, le temps de la concertation est révolu.

Les pays du G8 fournissent l'essentiel de l'aide internationale. Selon ce qui est devenu une tradition, des leaders africains représentant le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) sont invités pour parler de la sécurité alimentaire dans la région. Mais les discussions demeureront discrètes sur les montants consacrés à l'aide. Les retards sur le versement des sommes engagées sont importants et les luttes aux déficits interdisent tout rattrapage.

Enfin, les élections américaines, le retour du président Poutine et la présence de plusieurs nouveaux venus (France, Italie, Japon), qui ne voudront pas faire de vagues, renforcent l'impression qu'il ne se passera rien.

En revanche, le lendemain du G8 débute le Sommet de l'OTAN. Le président Obama recevra, chez lui, à Chicago, les 28 chefs d'États et de gouvernements des pays de l'OTAN. L'image du président-candidat, entouré de ses alliés, servira de rappel à ses électeurs qu'il est le champion de la sécurité mondiale.

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