La magie de Noël n'a de véritable sens que dans les yeux des enfants ; dans leur regard rempli d'émerveillement, de candeur et de fraîcheur.

Noël est ce moment unique où je ressens l'urgence de me gaver de mes enfants et de faire un arrêt sur image pour retenir mes oisillons là où ils sont ; à 10, 7 et 5 ans, alors qu'ils ont acquis une salutaire autonomie dans leurs besoins primaires, tout en se blottissant encore volontiers sous mon aile maternelle.

Bien qu'il faille reconnaître que nos lionceaux ne nous appartiennent pas, qu'ils ne nous sont que prêtés par la vie et que notre rôle est de les accompagner et les aider à devenir des adultes épanouis et des citoyens responsables, il n'en demeure pas moins que nos enfants sont l'épicentre de plusieurs de nos décisions significatives et que notre bonheur reste indissociable de leur bien-être. Dès leurs premiers pleurs, nous devenons habités par le bouleversant sentiment qu'une part de nous est désormais inquiète à jamais, alors qu'ils élisent subitement domicile à perpétuité dans nos pensées.

Cette réalité maternelle, et parentale, a pris cette année toute sa signification pour une maman Noël proche de ma belle-famille ; une grand-maman de mini-lutins, mais surtout la maman de trois lutins aujourd'hui devenus grands. Son lutin sandwich, coincé entre l'aîné, le lutin sérieux, et le benjamin, le lutin responsable, était un lutin plutôt solitaire et un passionné de nature et de plein air. Le lutin menait son petit bonhomme de chemin et avait soufflé ses 40 bougies l'an dernier.

Puis, au printemps 2014, il s'est effondré subitement, victime d'un imprévisible malaise cardiaque. La vie venait de basculer. Elle ne serait plus possible pour le lutin que grâce à une transplantation cardiaque que toute la famille s'est mise à espérer. Maman Noël a vécu une douloureuse et cruelle attente ; les jours qui défilent en un injuste compte à rebours et le temps qui semble s'accélérer alors qu'on voudrait le ralentir. Elle aussi aurait voulu faire un arrêt sur image, non pas pour jouir du moment, mais pour éviter que le temps lui file entre les doigts et emporte avec lui ce qu'elle a de plus précieux.

Soudainement, il n'y avait plus que l'espoir. Un espoir matérialisé en un téléphone, duquel le lutin ne pouvait jamais se séparer et qui devait éventuellement lui annoncer que les magiciens de l'Institut de cardiologie avaient un coeur pour lui. Jamais Maman Noël et son lutin n'auront autant tripoté un téléphone, vérifié le niveau de sonnerie et la charge de la batterie ; ils l'ont aimé, haï, imploré de sonner.

Puis, au moment où ils ne l'attendaient plus, l'appel tant espéré : « Viens-t'en ; on a un coeur pour toi. »

Depuis près de 100 jours maintenant, le nouveau coeur du lutin bat avec vigueur et lui rend, lentement mais sûrement, les forces qui l'avaient abandonné. Si le lutin fêtera Noël au rythme des battements de son nouveau coeur, cette aventure qui finit bien représente aussi le coeur de Noël, le sens vrai et profond que cette fête devrait avoir et que nous pouvons tous lui donner, chacun à notre façon.

Cette histoire de coeur nous rappelle également, à travers le regard de Maman Noël, que nous demeurons les parents de nos enfants à la vie, à la mort, et que même devenus grands, ils restent encore nos petits, porteurs d'une magie qui mérite d'être célébrée, particulièrement en ce temps de l'année. Enfin, puisque Noël est aussi une histoire de cadeaux, profitons donc de l'occasion pour faire un geste susceptible de devenir un inestimable cadeau de vie pour un petit ou grand lutin : signons notre carte de don d'organes.

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