La faible représentation des femmes en politique est un inépuisable sujet qui a fait l'objet de nombreuses analyses et discussions. La campagne électorale actuelle a également soulevé la question de la conciliation politique-famille, tous sexes confondus. Alors que le marathon de séduction tire à sa fin, j'ai eu envie d'ajouter mon grain de sel, à titre d'athlète par excellence en matière de conciliation travail-famille et de talentueuse gestionnaire du sentiment de culpabilité qui accompagne l'impression, et parfois la conviction, de tout faire à moitié.

Alors qu'elles sont autant, voire plus, scolarisées et qualifiées que les hommes, les femmes représentent à peine 30% des candidats dans la présente campagne. Presque au même moment, des politiciens prometteurs quittent l'arène politique parce que le sport extrême qui s'y joue est irréconciliable avec leur rôle de parents de jeunes enfants. Surprenant? Pas vraiment. Décevant? Assurément. Voici une tentative d'explication bien personnelle qui n'a par ailleurs rien de scientifique.

Historiquement, les femmes se sont âprement battues pour revendiquer leur droit à l'égalité et faire leur place dans la société, des bancs d'école au marché du travail. De ces combats ont émergé des qualités de persévérance, de ténacité et de minutie; des facultés qui sont généralement un gage de succès, de reconnaissance et d'avancement professionnel.

Or, rien de mieux que la politique pour ébranler ces rassurantes certitudes. Parce que même si certains dossiers exigent profondeur et compétence, il reste que la politique se joue beaucoup sur le front des apparences et, dans une certaine mesure, de la manipulation.

Pourquoi diable les femmes mettraient-elles donc en péril des acquis professionnels durement gagnés pour s'exposer aux attaques personnelles et à des jeux de coulisses auxquels ils sont si nombreux à perdre au change? Pourquoi accepteraient-elles, comme la courageuse Véronique Hivon l'a fait, de voir des années de travail être mises au rancart au profit d'intérêts stratégiques? L'attrait du pouvoir a ses limites.

La sempiternelle conciliation, maintenant. J'avoue avoir souri en lisant les «secrets» de certains candidats; gardienne, traiteur pour les repas, nanny à domicile. La désagréable vérité, c'est que plusieurs outils de conciliation sont coûteux et certainement pas à la portée de madame - et monsieur - tout-le-monde désireux de servir la population.

Et puis l'argent, ce n'est pas tout. Être politicien et parent de jeunes enfants, c'est se résigner à rater de nombreux soupers en familles, l'aide aux devoirs, des spectacles de danse et des parties de hockey. C'est surtout accepter d'immanquablement décevoir à un de ces deux chapitres, sinon aux deux.

Des solutions? Probablement. Lorsque la politique deviendra plus une affaire de fond que de forme et où on acceptera qu'il soit possible de livrer la marchandise différemment, par voie d'une téléconférence efficace plutôt que dans un interminable souper spaghetti, par exemple. Malheureusement, je doute que la volonté de changement soit au rendez-vous.

La famille avant tout

Pour le moment, s'il faut choisir ses regrets, plusieurs femmes, et hommes, préfèrent encore faire le deuil d'une vie publique plutôt qu'être absent pour leur famille. Joseph Facal, parlant d'expérience et commentant le retrait de la vie politique de Jean-Martin Aussant, a rappelé, en juin dernier, cette cruelle réalité: «Quand les feux de la rampe s'éteignent, vous réalisez la grande part d'illusion qu'ils contiennent». Difficile, dans les circonstances, de lui donner tort.

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