Une trêve a été conclue hier soir entre Israël et le Hamas. C'est bien, mais elle ne tiendra pas longtemps à moins de servir de base à une négociation plus sérieuse débouchant sur quelque chose de durable. Une trêve n'est pas la paix.

Mardi, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton avait souligné les limites et, par le fait même, les difficultés des efforts diplomatiques en cours. Elle était sur place, a-t-elle dit, afin d'obtenir «une désescalade de la situation à Gaza». En un mot, selon Aaron Miller, ancien négociateur américain au Proche-Orient, sa mission visait à «gagner du temps et de l'espace» pour un apaisement provisoire. C'est le sens d'une trêve.

Ce qui a été conclu hier soir permet de calmer les esprits et d'ouvrir cet espace pour des négociations. Toutefois, s'il n'est pas utilisé pour lancer une véritable négociation sur les questions de fond, il prépare le terrain pour le prochain affrontement.

C'est bien ce qui est arrivé lors du premier conflit entre Israël et le Hamas en 2008-2009. Après un peu moins de 30 jours de combats, les deux parties avaient chacune proclamé un arrêt unilatéral des hostilités pour une semaine, le temps de juger des intentions de l'autre. Israël avait mis à profit ce délai pour retirer complètement ses troupes de la bande de Gaza. Au bout du compte, sans même formaliser officiellement l'acte, un cessez-le-feu avait pris forme où les deux parties acceptaient tacitement de mettre fin aux hostilités et de respecter les termes d'une résolution adoptée par le Conseil de sécurité. Celle-ci appelait «à l'instauration immédiate d'un cessez-le-feu durable et pleinement respecté» et invitait même les États membres à fournir des arrangements et garanties afin «de prévenir le trafic d'armes et de munitions (...)» vers Gaza.

Européens et Américains avaient alors offert des ressources financières et techniques pour interdire ce trafic d'armes entre la frontière égyptienne et Gaza, une des sources du conflit actuel. Dans un premier temps, les Égyptiens avaient joué les médiateurs. La négociation a toutefois traîné en longueur et l'offre n'a pas été acceptée. Le Hamas s'est réarmé et s'est doté de missiles encore plus puissants, dont le rayon d'action lui permet de frapper presque partout sur le territoire israélien.

En fait, le cessez-le-feu de janvier 2009 n'a rien réglé sur le fond. Les demandes du Hamas - levée du blocus de Gaza, arrêt des assassinats ciblés et des incursions, reconnaissance de son gouvernement - et celles d'Israël - désarmement des groupes djihadistes, reconnaissance de l'État d'Israël et des accords de paix, renonciation au terrorisme - n'ont jamais été satisfaites. Et les alliés internationaux des uns comme des autres ont été impuissants à les convaincre, sinon à les forcer, à s'engager dans une véritable négociation.

Selon la radio publique israélienne, «la trêve devrait préluder à un accord de cessez-le-feu durable en vertu duquel les belligérants s'engageraient mutuellement à stopper les frappes et les tirs de roquettes. Un mécanisme de surveillance serait mis en place par l'Égypte.» Cela ressemble étrangement aux termes de la trêve de 2009. Alors, quatre ans plus tard, l'accord obtenu grâce aux efforts concertés de Ban Ki-moon, Hillary Clinton, Laurent Fabius, Recip Erdogan, Mohamed Morsi et l'émir du Qatar a-t-il aujourd'hui une chance de réussir là où le dernier a échoué?

Si le passé est garant de l'avenir, on peut en douter. L'opposition entre le Hamas et Israël est si fondamentale, leur vision respective de l'avenir de la terre d'Israël-Palestine si éloignée qu'il est hautement improbable que la nouvelle trêve débouche sur autre chose qu'un cessez-le-feu précaire. Rendez-vous donc dans quelques mois sinon quelques années pour un prochain round.

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