L'économie seule, expliquait Bill Clinton, vainqueur de George Bush père en 1992, détermine le choix des électeurs américains. Bush, contre toute attente, avait chuté en raison d'une récession. Obama, à son tour, aura bénéficié de la reprise incontestable de la croissance et de l'emploi aux États-Unis.

Malgré les dénégations de Mitt Romney et des républicains, il était évident - et les Américains le ressentent comme tel - que la prospérité est de nouveau au coin de la rue, que la machine à créer des emplois a redémarré. La campagne de Mitt Romney s'en trouvait quelque peu décalée.

Dans quelle mesure cette reprise résulte-t-elle des dépenses publiques engagées par le gouvernement Obama et des prêts à taux quasi nul octroyés par la Réserve fédérale? Les fervents de l'État s'en attribueront le succès; les partisans du libre marché protesteront que la croissance aurait été plus forte si l'État ne s'en était pas mêlé. Ces deux écoles ne sont pas réconciliables puisqu'en économie, on peut rarement répéter les expériences.

Admettons tout de même qu'Obama aura eu de la chance, cet ingrédient essentiel aux carrières politiques, puisque le calendrier de l'élection a coïncidé avec des indices à la hausse.

Par-delà une querelle indépassable entre deux doctrines économiques, se situant toutes deux à l'intérieur du capitalisme et non en opposition à l'économie de marché, les camps devraient s'accorder sur le long terme et les causes lointaines de toute croissance retrouvée.

Ainsi, aux États-Unis, en dehors des élections, se sont produits en 2012 deux événements au moins aussi signifiants que les scrutins. Le nombre des brevets enregistrés au Bureau national des brevets à Washington s'est élevé à près de 100 000 et les sommes accumulées par les sociétés de capital-risque ont atteint en moyenne 72$ par habitant, contre 7$ en Europe.

Si l'on envisage que les brevets d'aujourd'hui seront les produits et services de demain et que les entrepreneurs en herbe n'auront pas trop de difficulté à financer leur aventure, on en conclura sans trop de marge d'erreur que l'économie américaine dépassera l'an prochain son taux de croissance actuelle de 2%, ce qui est déjà pas si mal, et que le taux de chômage descendra notamment en dessous de 8%, le chiffre actuel, inférieur à la plupart des pays européens.

En 2013, la dépression financière qui avait commencé en 2008 devrait être définitivement résorbée et les États-Unis retrouveront leur rôle, solidement acquis depuis un siècle, de moteur de l'économie mondiale. On ne voit d'ailleurs pas qui pourrait leur ravir la place, aussi longtemps que l'Europe ne sera pas dirigée de manière cohérente en dynamique et que les pays dits émergents resteront des sous-traitants des États-Unis.

Ces heureux résultats envisageables, le nouveau président élu en revendiquera évidemment le mérite. Ou bien risque-t-il de briser cette dynamique par une mauvaise gestion des dépenses publiques et la dette budgétaire, de trop de réglementation environnementale et sociale? Obama va-t-il se radicaliser à gauche au risque de décourager les entrepreneurs ou deviendra-t-il plus réaliste?

En vrai, il n'aura d'autre choix que celui de la négociation, puisque la Chambre des représentants reste républicaine. Le compromis est donc inévitable et plus accessible, de part et d'autre, puisque l'élection est passée.

Les dépenses publiques seront probablement modérées, plus de solidarité sociale sera acceptée par tous les partis, et le déficit budgétaire ira diminuant, mais mécaniquement, en raison même de la croissance.

Quant aux entrepreneurs qui avaient espéré Romney - en finançant tout de même les deux candidats, par précaution - ils s'accommoderont désormais d'Obama, l'important en économie étant moins celui qui gouverne que la stabilité relative du paysage fiscal, social et réglementaire: cette stabilité semble mieux acquise.

Et ce qui est bon pour l'économie aux États-Unis profite au reste du monde.

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