J'ai profité d'un voyage à Tadoussac, il y a quelques semaines, pour prendre le pouls de cette belle région qui n'est pas seulement la porte d'entrée de la Côte-Nord, mais aussi celle du Plan Nord.        

Comme ma dernière visite dans cette belle municipalité de 850 habitants datait de 15 ans, j'avais oublié que la route 138, la deuxième plus longue au Québec avec ses 1400 kilomètres, s'arrête à Baie-Sainte-Catherine et qu'il faut alors prendre un traversier pour franchir la rivière Saguenay, un trajet de 10 minutes sur 1,5 km.

C'était un vendredi après-midi et, en arrivant du côté de Tadoussac, quelle ne fut pas ma surprise de voir sur la route 138 deux rangées d'autos et de camions à perte de vue qui attendaient pour prendre le traversier vers Baie-Sainte-Catherine. Une attente de plus de deux heures.

Et pour mon propre retour vers Montréal le dimanche matin suivant, j'ai dû quitter mon hôtel très tôt pour éviter la cohue. Cependant, sur ma route, j'ai croisé des douzaines de camions qui s'en allaient évidemment vers la Côte-Nord et qui devaient attendre pour prendre le traversier, pour ensuite traverser la municipalité de Tadoussac.

C'est là que le bât blesse: le Plan Nord s'en vient à grands pas, et pendant que les automobilistes et les camionneurs vont vivre un enfer d'attente pour le traversier, les habitants de Tadoussac vont vivre un enfer de bruit avec tous ces camions qui doivent monter une côte à basse vitesse en sortant du traversier.

C'est tout simplement aberrant, considérant qu'il est prévu que le nombre de ces mastodontes doublera d'ici quelques années.

Il n'y a évidemment qu'une solution pour régler ce problème de fond. Tout d'abord, ça prend un pont qui pourrait être un peu plus au nord de l'embouchure de la rivière. Ensuite, ça prend une route de contournement pour éviter que tout ce beau monde ait à passer en plein coeur de Tadoussac.

En principe, ça semble d'une logique implacable, mais il y a beaucoup de contraintes à éliminer avant que cela ne puisse arriver.

Tout d'abord, au niveau du gouvernement du Québec, ça prend une volonté d'agir et de l'argent qui n'est pas nécessairement au rendez-vous. Et au niveau local, ça prend des élus qui sont prêts à porter le flambeau. Croyez-moi, c'est loin d'être le cas.

À ma grande surprise, j'ai réalisé que le maire de Tadoussac s'oppose à la construction d'un pont parce que le traversier crée des emplois. Il s'oppose aussi à la voie de contournement de la route 138 parce que moins de gens pourraient s'arrêter dans sa municipalité.

Toutefois, il m'est apparu évident qu'il y a maintenant des forces vives, tant à Tadoussac que dans les municipalités environnantes, qui sont prêtes à mettre de côté leur vision à court terme et à voir plus loin pour qu'ils puissent profiter à plein d'un important développement économique tout en améliorant l'attrait touristique par l'élimination du bruit le long de la route 138.

Toutes ces personnes savent très bien que les baleines ne quitteront pas leur endroit de prédilection à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Saguenay et que les touristes continueront d'y affluer. La grande différence tient au fait que les touristes pourront venir en plus grand nombre considérant qu'il n'y aurait plus autant de bruit près des hôtels et auberges qui les hébergent. Alors, monsieur le maire de Tadoussac, un peu d'ouverture!

Quant au gouvernement du Québec, il pourrait ressortir les études réalisées en 1999 sur la faisabilité de bâtir un pont entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac. Le fait que la circonscription de Pauline Marois est voisine devrait peut-être aider à réaliser cet objectif.

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