Jusqu'à récemment, je comptais parmi ces Montréalais déçus et un tantinet découragés à l'idée que l'élection de novembre prochain allait être l'une des plus déconnectées de notre histoire. Les résultats escomptés semblaient prévisibles, inappropriés et peu porteurs d'avenir.

Comme à la dernière élection municipale, l'électorat semble à nouveau fragmenté. Selon les sondages, un tiers des voix iraient à Denis Coderre, l'autre tiers se répartirait entre Richard Bergeron et Louise Harel, et le tiers restant appartient aux indécis ou encore à ceux qui cherchent un sauveur!

À l'évidence, le gagnant aura fort à faire pour rallier et mobiliser les Montréalais.

Rien, non plus, de particulièrement enlevant pour amener une forte participation électorale, alors que cette ville est d'abord malade du désintérêt que lui vouent ses propres citoyens. Mais diable, d'où vient ce mal qui nous accable et qui risque d'emporter la métropole du Québec?

D'abord, il y a cette approche de la politique où l'on s'attarde davantage à l'image et au style des chefs, qu'aux enjeux de fond et à la capacité de chacun de les relever. Voilà qui explique notre appétit sans bornes pour la nouveauté ou pour les figures populistes, quitte à se retrouver quelques mois plus tard dans la rue en scandant «j'ai jamais voté pour ça» !

Ensuite, au terme des processus de fusion et de défusion, Montréal est devenu un monstre ingouvernable issu de compromis bâtards, pour tenter de sauver les meubles. Ce gâchis refroidit des candidatures de qualité.

De surcroît, Montréal est une ville profondément divisée entre l'est et l'ouest, ce qui transparaît quand on regarde les divers réseaux d'appuis derrière les candidatures actuelles et celles de la dernière décennie.

Enfin, Montréal souffre depuis longtemps, tant sous la gouverne des libéraux que du PQ, d'un grand déficit d'attention de la part de Québec, voire même d'une incompréhension des enjeux auxquels elle est confrontée. Nos élus semblent enclins à se comporter comme si donner à Montréal ce dont elle a réellement besoin pour jouer son rôle de métropole, c'était l'enlever au reste du Québec.

La plus belle illustration de ce travers est que ni le PQ ni les libéraux ne semblent disposés à décoincer Montréal de la structure qui en fait une ville ingouvernable et vulnérable à la corruption et à la collusion, comme le démontrait éloquemment le rapport déposé par Jacques Léonard.

À travers cette grisaille, un souffle d'espoir s'est levé ces derniers jours. Je pense à cette idée de construire une coalition regroupant Louise Harel et Marcel Côté. Les deux proviennent d'horizons différents. Les deux ont des expériences complémentaires. Les deux, surtout, ont chacun leurs réseaux d'appuis qui pourraient permettre à l'est et à l'ouest, à l'ancienne ville de Montréal et à ses anciennes banlieues de parler d'une seule voix pour pousser Québec à agir et à remettre à l'ordre du jour des débats difficiles, qui asphyxient Montréal. 

Un duo qui pourrait permettre d'aller au-delà et d'enfin donner à Montréal les pouvoirs et les revenus qui conviennent à une métropole. Rêver programme sans s'attaquer à ces lacunes de base, c'est se réfugier dans de la politique-fiction.

Il y a encore probablement loin de la coupe aux lèvres. Je dois dire cependant qu'il y avait un vent de fraîcheur à entendre l'un et l'autre témoigner du désir de servir et de s'élever au-delà du débat partisan.

Quel contraste avec Denis Coderre, qui a eu le bon goût de dire en se présentant qu'il ne se prend pas pour un sauveur, mais qui, dans son discours d'adieu à Ottawa, parle de lui-même comme d'un incontournable.

À suivre et à encourager, cette idée de coalition.

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