Dans les temps lointains, le pouvoir était réservé à des familles qui se le transmettaient de père en fils, un peu comme on le voit encore dans certains pays arabes du Golfe.

Si vous êtes de la royauté, porter le chapeau du gnochon suprême de l'univers ne vous empêchera pas d'avoir une longueur d'avance sur le visionnaire qui n'a pas le bon nom de famille. C'est ainsi qu'est arrivé au pouvoir le clairvoyant Kim Jong-un, de la Corée du Nord, dont le papa se sentait si exceptionnel qu'il faisait croire à ses concitoyens qu'il n'allait jamais sur le trône. Ce qui, à mon avis, devait être la source de ses sauts d'humeur imprévisibles, car la constipation est directement reliée au centre cérébral des crises de nerfs. Au nom du père, du fils et du simple d'esprit, que sa volonté soit respectée !

Sur quelque arbre que ton père soit monté, si tu ne peux grimper, mets au moins la main sur le tronc, dit le proverbe africain. Mais pour aider la descendance à atteindre plus facilement le sommet de l'État, il y a la domocratie, un terme inventé par les Sénégalais pour désigner cette forme d'alternance où le fils (« dome » en wolof) prend le pouvoir après le départ du papa. Ici, le rayonnement du père crédite le fils de l'assise organisationnelle nécessaire pour écraser la compétition.

Sur le continent africain, Ali Bongo a remplacé son père au Gabon ; Uhuru Kenyatta, qui règne au Kenya, est le fils de Jomo Kenyatta, premier président de ce pays ; Faure Gnassinbé a pris la place du papa au Togo et Joseph Kabila a fait la même chose en République « domocratique » du Congo.

La domocratie est aussi largement pratiquée aux États-Unis, une terre de prédilection pour le culte de la famille régnante.

Pensons simplement au clan des Kennedy, mais aussi à celui des Bush. Après quatre années de George H. W. Bush père et huit autres de George W. Bush fils, voici que l'autre frère essaye de briguer la présidence. S'il y arrivait et obtenait son deuxième mandat, ça ferait au total 20 années de « busherie » américaine depuis seulement 1989. Mais pour faire changement, les Américains risquent de donner à la famille Clinton sa deuxième chance pour faire ses 16 années.

Au Canada, juste après l'écrasante victoire du premier ministre Trudeau fils sur les conservateurs, le nom de Mark Mulroney, le fils de l'ancien premier ministre Brian Mulroney, est sorti comme remplaçant potentiel de monsieur Harper à la tête du parti. Avoir le fils Trudeau au pouvoir et le fils Mulroney comme chef de l'opposition serait une belle façon de montrer que tous les hommes naissent égaux, mais qu'au-delà de la compétence, un simple nom de famille peut aussi aider à ouvrir bien des portes.

Il y a un autre proverbe africain qui dit que lorsqu'une plantule sort de terre sous un grand baobab, elle devra se battre très fort pour voir la lumière, et c'est justement souvent le cas après une alternance domocratique. Je n'ai pas connu le papa Trudeau, qu'on appelait amicalement « PET » quand il était dans le bateau, mais j'ai eu espoir en son fils que certains ont rebaptisé « RÉPET » à cause de son incroyable aptitude à répéter qu'il a un plan.

Je suis de ceux qui pensent qu'il faut donner une chance au boxeur, mais aussi de ceux qui croient qu'entre refuser de parler comme le faisait monsieur Harper et parler pour ne rien dire comme il le fait souvent, l'inexpérience ne pourra pas encore longtemps servir d'exutoire à notre jeune, beau et quand même plein de volonté, premier ministre.

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