Ça va mal au Moyen-Orient. La Syrie et l'Irak sombrent dans le chaos ; la Jordanie et la Turquie bombardent le groupe État islamique ; l'Égypte en a plein les bras avec sa voisine la Libye, devenue ingouvernable ; Israël surveille les mouvements du Hezbollah en Syrie ; l'Arabie saoudite a mobilisé ses alliés sunnites, dont les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït, pour empêcher l'Iran de s'installer au Yémen, trop proche de ses frontières. Il faut dire qu'avec près de 80 millions de consommateurs et les quatrièmes réserves de pétrole du monde, le géant chiite en voie de réhabilitation fait saliver.

Toutefois, pendant que le président Obama réchauffe les liens avec son « nouvel ami » iranien, un grand froid s'installe en plein désert entre lui et son traditionnel partenaire saoudien. Normal ! Quand on voit son allié, qu'on pensait indéfectible, rigoler avec l'ennemi, il est permis de bouder.

Mais, pour ne pas heurter ceux qui connaissent bien plus la géopolitique que moi, je vais revenir au titre de ma chronique combinant les principaux acteurs du brasier moyen-oriental de plus en plus incontrôlable. Le premier facteur, ce sont les combustibles fossiles, bien convoités, qui abondent dans cette région. Le deuxième, c'est l'extrémisme religieux, qui joue le rôle d'accélérant en cristallisant la haine nécessaire à l'embrasement. Mais pour avoir un feu durable et bien nourri, en plus d'un combustible et d'un accélérant, il faut de l'oxygène, ce que représentent tous ces vendeurs d'armes aussi discrets qu'un gaz respiratoire.

Avez-vous déjà vu à la télé une personne se vanter de sa fortune accumulée en vendant des armes ?

Quand la haine, la terreur et surtout les tensions interconfessionnelles culminent dans une région où les « cheikhs » ne rebondissent jamais, les marchands d'armes se frottent les mains, car l'argent restera le nerf de la guerre même la plus sale. En plus, en attendant que les trafiquants se pointent, il y a toujours ces arsenaux qu'on laisse à des gouvernements irresponsables et qui finissent entre les mains des terroristes. Ainsi, la débâcle de l'armée irakienne en 2014 a fait le bonheur des combattants de l'EI et l'arsenal d'environ 50 milliards de dollars accumulé par le colonel Kadhafi pendant les dernières années de son règne est devenu la huitième plaie d'Égypte et une malédiction pour la sous-région.

Le cabinet d'experts IHS Janes, basé à Londres, nous apprenait qu'en 2014, les ventes d'équipements militaires ont explosé au Moyen-Orient, et on évalue à 110 milliards de dollars les importations potentielles de la région pour la décennie à venir. Avec une augmentation de 54 %, l'Arabie saoudite s'est hissée au premier rang mondial des acheteurs. Et pendant que les pétrodollars s'échangent contre des armes sous les palmiers, la mort s'impatiente et les pays vendeurs s'enrichissent. Des grands gagnants du commerce en 2014 selon IHS, on retrouve dans l'ordre les États-Unis (23,7 milliards), la Russie (10,0 milliards), la France (4,9 milliards), le Royaume-Uni (4,1 milliards), l'Allemagne (3,5 milliards), l'Italie (1,9 milliard), Israël (1,7  milliard) et la Chine (1,5 milliard).

Quand les insupportables images de boucheries à l'autre bout du monde arrivent sur nos écrans de télévision, pendant que les chefs d'État des pays exportateurs pestent contre la violence faite avec les mêmes armes, une bonne partie de la population plaide l'innocence devant le brasier et se dit bien chanceuse de vivre loin de cette barbarie. Il y a aussi ceux qui sortent la célèbre réplique de la National Rifle Association (NRA), qui veut que les problèmes ne soient pas imputables aux armes, mais aux détraqués qui s'en servent, dont les terroristes et les dictateurs. Pourtant, quand il y a un meurtre à Paris ou à Washington, l'historique de l'arme du crime est toujours une priorité pour la police ! Sommes-nous aussi innocents qu'on le croit ?

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