Un peu plus d’un an après avoir obtenu une super-majorité à l’Assemblée nationale, la Coalition avenir Québec se retrouve soudain au deuxième rang des intentions de vote. Ce n’est évidemment pas quelque chose de définitif, mais ce n’est pas banal non plus que l’usure du pouvoir se manifeste aussi tôt dans un second mandat.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, cela survient au moment décisif des négociations avec les employés du secteur public alors qu’une forte majorité des Québécois croient que ce sont les syndicats qui ont raison — ce qui n’arrive pas souvent.

Et, comble de malheur, l’un des ministres les plus solides du gouvernement, le ministre des Finances Eric Girard, a cru faire un bon coup en annonçant une subvention d’entre 5 et 7 millions de dollars à une filiale de Québecor pour faire venir les Kings de Los Angeles à Québec.

Ce ne serait pas la première fois qu’un gouvernement populiste constate que les trucs qui marchaient avant finissent par lasser l’électorat. Les façons d’agir qui rendaient populaire autrefois finissent par se retourner contre leurs auteurs. Et le symbole de cela est le fait de payer des millions pour des matchs sans importance quand on n’a pas assez d’argent pour financer les banques alimentaires.

Mais ce qui est le plus troublant, c’est que personne d’assez influent au cabinet du premier ministre ou dans l’appareil gouvernemental ne semble avoir levé la main pour dire que ce n’était peut-être pas une bonne idée.

Cela s’ajoute aux retournements sur le troisième lien, l’augmentation de 30 % du salaire des députés, la pingrerie des offres aux employés de l’État, les chicanes avec les maires… tout cela finit par user le grand capital de sympathie dont bénéficiait le gouvernement.

Pas étonnant, alors, que les électeurs qui avaient quitté le Parti québécois pour la CAQ soient en train de rentrer au bercail. Le sondage de cette semaine le montre clairement et la performance solide de Paul St-Pierre Plamondon y est aussi pour quelque chose.

Normalement, quand un gouvernement devient impopulaire, c’est l’opposition officielle — dans notre système parlementaire, c’est le « gouvernement en attente » — qui en bénéficie.

Mais les électeurs ne voient pas de raison de faire sortir le Parti libéral du Québec du purgatoire, d’autant qu’il n’a pas choisi un nouveau chef, surtout que personne ne semble intéressé à le devenir.

Avec les libéraux hors-jeu pour encore un temps, le PQ est le seul autre parti politique à avoir déjà formé un gouvernement. Les électeurs ont encore en mémoire plusieurs de ses réalisations, et il y a dans ce parti des gens qui ont déjà gouverné. Dans les circonstances, même avec un caucus réduit de quatre députés, c’est le PQ qui est de plus en plus vu comme le gouvernement en attente.

Mais pendant que le PQ monte, l’option souverainiste ne fait pas bouger l’aiguille, même chez les électeurs les plus jeunes. Or, Paul St-Pierre Plamondon s’est fait élire chef du PQ en promettant la tenue d’un référendum sur la souveraineté dans le premier mandat de son gouvernement.

Le chef péquiste affirme qu’il est transparent sur la question et qu’il ne va pas revenir sur cette promesse de tenir un référendum. Mais c’est quand même une épine au pied.

Jean Charest a gagné plus d’une campagne électorale en accusant le PQ de vouloir tenir un autre référendum. François Legault commence à faire de même.

De toute façon, l’opposition viendra aussi de l’intérieur de la famille péquiste. Bien des péquistes croient qu’on ne doit pas risquer une troisième défaite dans un référendum sur la souveraineté, ce qui aurait pour effet de porter un coup fatal à l’option souverainiste elle-même.

C’est ce qu’on dit, chacun à leur époque, les premiers ministres Lucien Bouchard et Bernard Landry. Quant à Pauline Marois, le référendum était bien au programme du PQ, mais elle n’a jamais jugé que le moment était opportun.

M. St-Pierre Plamondon ferait bien de clarifier cette situation bien avant la campagne électorale, et il y a fort à parier que peu de gens dans son parti lui en tiendront rigueur si cela confirme la place du PQ comme principale alternative à la CAQ.

Un mot sur le sondage Pallas Data publié cette semaine. D’abord, réjouissons-nous qu’une nouvelle firme de sondage publie ses résultats. Mais il faut dire qu’il s’agit de sondages téléphoniques sans intervention humaine, communément appelés des « robocalls ».

Ce ne sont pas pour autant de mauvais sondages, mais on les utilise surtout pour sentir les changements de tendances dans des situations où l’opinion publique est volatile, comme lors d’élections primaires aux États-Unis. Mais ce n’est pas l’idéal pour une analyse très fine.

Car lorsqu’on se penche sur les résultats d’un sondage, il est aussi utile d’avoir un peu plus d’informations méthodologiques comme le nombre d’entrevues commencées et le nombre d’entrevues terminées. Ce qui aiderait à valider l’échantillon et les résultats.

Cela dit, ses résultats sont semblables aux sondages internes réalisés par les partis.