(Amqui) Des témoins, des blessés, des miraculés et des morts : voilà ce que nous savons de la tragédie d’Amqui. Mais qu’en est-il de l’état d’esprit des Matapédiens trois mois après qu’un chauffard a foncé sur des passants, tuant trois personnes ? Originaire de la vallée de la Matapédia, notre photojournaliste a constaté comment la communauté se remet du choc.

Le soleil se couche dans la Vallée. Une autre journée a passé depuis la tragédie du 13 mars dernier. Parce que depuis cette date fatidique, la communauté qui borde la Matapédia compte les jours.

Les résidants d’Amqui ont commencé à reprendre leurs activités habituelles. Les couples se promènent à nouveau sur le trottoir de la rue principale, le boulevard Saint-Benoît Ouest, là où le drame s’est déroulé. Les adolescents jouent au ballon devant l’école secondaire Armand-Saint-Onge, retrouvant une certaine insouciance. Des citoyens réparent leur terrasse en prévision de l’été, d’autres préparent leur potager. La vie reprend doucement.

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Le chemin de fer qui traverse la ville d’Amqui

Pourtant, le quotidien dans la Vallée a été profondément marqué depuis que Steeve Gagnon a semé sur son passage meurtrier un choc post-traumatique collectif.

Au volant d’une camionnette, l’homme a happé 11 piétons sur une distance d’un demi-kilomètre en plein cœur de la ville gaspésienne, en tuant 3 et blessant les 8 autres. Il fait face à des chefs d’accusation de meurtre prémédité et à des chefs de tentatives de meurtre pour les blessés.

Plusieurs semaines se sont écoulées depuis le drame qui a braqué les projecteurs sur cette petite municipalité d’un peu plus de 6000 habitants. La tragédie a touché tout le Canada et a même fait parler d’elle dans le reste du monde.

Aujourd’hui, la plupart des intervenants et des médias sont repartis. Le calme est revenu. Natif du coin, j’ai toujours des liens avec la communauté. J’ai ressenti le besoin de comprendre comment ma ville d’origine pouvait absorber pareil choc.

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Des adolescents jouent au ballon dans un rang, retrouvant une certaine insouciance.

Comme journalistes, notre travail consiste à couvrir les drames dans les heures qui suivent les évènements. Mais nous y revenons rarement. Pourtant, des semaines après un drame, les blessures restent profondes dans des communautés tissées serré, où chacun se connaît.

Que ce soit un ambulancier, un policier ou simplement un proche, chaque Amquien connaît une victime ou un témoin de la tragédie. Il y a aussi les lieux. Chaque fois qu’on y passe, cela rappelle inévitablement le 13 mars. Les douloureux souvenirs refont souvent surface.

La solidarité joue alors un rôle crucial, même si tous sont conscients que la guérison prendra du temps. Les victimes et leurs proches luttent encore pour surmonter le choc, cherchant des moyens de se reconstruire et de retrouver une certaine stabilité émotionnelle.

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Ken Moreau, 40 ans, et ses deux jumelles Kylie et Kyra, 4 ans

Je suis un survivant de la tragédie. C’est difficile à oublier. Je vois encore l’évènement dans ma tête, les gens revoler dans les airs.

Ken Moreau

Ken Moreau est à genoux devant la microbrasserie La Captive, à l’endroit même où cinq personnes ont été blessées. Il répare les marches brisées par l’auteur de l’attaque au camion-bélier. Effaçant de ses mains les dernières marques visibles des impacts. Mais réparer le traumatisme sera plus long pour ce miraculé.

L’endroit est, pour Ken, très lourd de signification. Il y a trois mois, il pleurait assis dans ces mêmes marches, il vivait un puissant cauchemar. Encore aujourd’hui, des images terrifiantes reviennent le hanter.

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Ken Moreau est l’une des victimes de la tragédie d’Amqui.

Le père de deux jumelles de 4 ans vivait déjà une difficile séparation avant les évènements. Il avait des pensées noires. Sa vie ne tenait qu’à un fil. Mais quand il s’est trouvé dans la trajectoire du camion-bélier, il a trouvé la force de se projeter de côté. Ses réflexes lui ont sauvé la vie. « Si j’avais vraiment voulu mourir, ça aurait été une solution facile. Ce n’est pas ça qui est arrivé, mon instinct a fait que je voulais vivre. Je ne sais pas comment j’ai réussi à m’esquiver de ça. J’ai été tellement chanceux. »

Ses fillettes sont sa principale raison de tenir le coup aujourd’hui. « Maintenant, quand je suis avec mes filles, j’essaie d’en profiter le plus possible. Je suis content d’être là », raconte-t-il.

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Micheline Poirier et Jean-Eudes Fournier

Je ne vis plus, je fais juste exister. C’est malheureux.

Jean-Eudes Fournier

Prisonnier d’un choc post-traumatique, Jean-Eudes Fournier ne retrouve plus sa vie d’avant. Une vie paisible, entourée de ses enfants et de ses petits-enfants.

Le 13 mars, il faisait sa promenade quotidienne avec sa femme. Après avoir raté de peu le couple, le suspect des meurtres prémédités a regardé M. Fournier dans les yeux en lui faisant un sourire narquois. L’image ne quitte plus l’esprit de l’homme de 76 ans.

C’est grâce à Micheline Poirier, sa conjointe, qu’il a eu la vie sauve. Elle l’a poussé hors de la trajectoire meurtrière de la camionnette. « C’est ma femme qui m’a sauvé », lance, reconnaissant, M. Fournier.

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Prisonnier d’un choc post-traumatique, Jean-Eudes Fournier ne retrouve plus sa vie d’avant.

Mais le chauffard a poursuivi sa trajectoire fatale en ne laissant aucune chance à un ami du couple. Gérald Charest, âgé de 65 ans, a été blessé mortellement, sous les yeux horrifiés de M. Fournier et de sa femme.

« C’était effroyable ! Il nous visait. Il a accéléré. Ç’a été une catastrophe. Je criais à l’aide. Je ne voyais pas les autres victimes qui s’étaient fait tuer plus loin. »

Quand il ferme les yeux, Jean-Eudes Fournier revoit sa femme pratiquer un massage cardiaque sur son ami pendant qu’il criait à l’aide.

« Je reste encore avec une barre au corps. J’ai eu assez peur, on dirait que ça m’est rentré dedans. Je reste avec l’image de Gérald monter trois pieds dans les airs. Je venais de parler avec lui. On se parlait tout le temps », raconte, ému, le septuagénaire.

Trois mois plus tard, M. Fournier lutte pour se défaire de l’emprise du drame. « Comment je vais faire pour me sortir de ça ? Je ne le sais pas. Je ne le sais pas du tout. J’essaie et j’essaie, mais je ne suis pas capable. »

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Une immense croix de fer domine la ville d’Amqui.

C’est épouvantable, ce n’est pas supposé arriver ici.

Estelle Jean

Sur le sommet d’une des collines de la Vallée, une immense croix de fer domine la ville d’Amqui. Symbole d’un passé où tout tournait autour de l’Église catholique. Dans le potager d’un couple âgé, planté juste à côté, c’est plutôt le froid printanier qui règne aujourd’hui.

« Je pensais que nous étions à l’abri de ce genre de drame. Ce n’est pas supposé arriver ici », regrette Estelle Jean, 81 ans, accompagnée de son mari, Robert Michaud, 79 ans.

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Robert Michaud, 79 ans, et Estelle Jean, 81 ans, dans leur potager

La famille Michaud cultive les champs de la Matapédia depuis plusieurs générations. Même à la retraite, le couple ne se lasse pas de mettre les mains à la terre.

Il a appris la nouvelle de la tragédie aux informations ce jour-là. Mme Jean s’est immédiatement inquiétée pour sa famille. L’une de ses petites-filles promène son enfant en poussette tous les jours à l’endroit où a eu lieu le drame.

Depuis, le couple a repris ses balades sur le boulevard. Mais la peur n’est jamais très loin quand même, confie-t-il.

Des images et des sons qui vont rester

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Alexandre Pineau, copropriétaire de la microbrasserie La Captive

Je vais pas mal mieux. Mais les images ne sont pas disparues, ça va être impossible de les effacer.

Alexandre Pineau

Alexandre Pineau est le premier à avoir appelé les secours. Les premières victimes ont été happées juste devant les grandes vitrines de sa microbrasserie.

« J’ai un black-out total. Je ne me souviens pas des deux, trois heures qui ont suivi le drame. Je n’ai pas des souvenirs clairs. Je revois des visages. »

Sa belle-sœur policière faisait partie des premiers répondants sur les lieux. « Ça m’a pris une heure pour réaliser qu’elle était devant moi. » C’est les souvenirs du son de l’accélération et du choc sur les victimes qui ont le plus marqué Alexandre. « Les sons, on ne peut pas effacer ça, je pense que c’est pire que les images. Même encore aujourd’hui, j’entends les camions accélérer et je viens en état d’alerte. »

Mais dès le premier vendredi ayant suivi la tragédie, Alexandre Pineau a tenu à maintenir le spectacle d’humour prévu dans son établissement. « L’humour est le meilleur moyen de se rassembler et de rire. »

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Pour Alexandre Pineau, brasseur, l’attention doit rester sur le présent et la qualité de sa prochaine bière, pour le plaisir de sa communauté.

Certaines familles des victimes sont venues à la microbrasserie pour se réunir et échanger sur les évènements. Le brasseur explique avoir surmonté les difficultés causées par le choc grâce aux effets positifs de tous les messages reçus. « Le monde se tient, le retour positif et l’amour reçu, ça fait du bien. Ma boîte courriel a explosé de messages de soutien », raconte M. Pineau.

Il n’est pas facile pour le copropriétaire de l’endroit de raconter sa version des évènements. Dans les jours suivant le drame, il a été irrité par la horde de médias qui ont débarqué devant son restaurant. Il a même affiché un message sur la porte de son commerce demandant aux journalistes de rester à l’extérieur de son établissement.

Pour le brasseur, l’attention doit rester sur le présent et la qualité de sa prochaine bière, pour le plaisir de sa communauté.

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Renée-Lou Canuel, 17 ans, termine ses études secondaires cette année.

J’en shake encore. C’est la chose la plus traumatisante de ma vie.

Renée-Lou Canuel

La cloche résonne dans les corridors de l’école secondaire Armand-Saint-Onge. Renée-Lou Canuel terminera sa cinquième secondaire dans quelques semaines. Une année dont elle va se souvenir toute sa vie.

« J’ai été témoin du drame. Les images étaient vraiment horribles. C’est l’affaire la plus traumatisante que j’ai vue de ma vie. » La vue d’une poussette pour enfant, écrasée par les roues du camion, l’a particulièrement marquée.

Entre les murs de l’école, les élèves et le personnel enseignant sont toujours sous le choc quelques mois après la tragédie. Les caméras de surveillance de l’établissement ont capté des images du véhicule du suspect, Steeve Gagnon, dans la cour quelques minutes avant le drame, là où habituellement les adolescents se rassemblent.

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L’école secondaire Armand-Saint-Onge, d’Amqui

Le 13 mars était, heureusement, une journée pédagogique. « C’est consternant de savoir ça. Parce que si c’était arrivé ici, ça aurait été une tragédie encore plus grande », lance Renée-Lou Canuel.

Aujourd’hui, l’adolescente se fait rassurante sur l’état d’esprit des jeunes de son âge. Celle qui voudrait devenir avocate pour faire de la politique comme son grand-père, l’ex-député René Canuel, revoit néanmoins les images du drame chaque fois qu’elle passe sur les lieux de la tragédie. « Je ne me considère pas comme quelqu’un de traumatisé, mais c’est certain que je vais me souvenir des évènements toute ma vie. »

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Je n’ai pas pleuré la première semaine.

Sylvie Blanchette

Sylvie Blanchette a vécu sur l’adrénaline, sans vraiment dormir, les premiers jours après le 13 mars. Après la deuxième semaine, les journées ont été plus difficiles. La fatigue causée par de très longues heures passées en gestion de crise a fait remonter les émotions à la surface.

La première mairesse de l’histoire d’Amqui raconte que c’est l’appui des citoyens qui lui a donné l’énergie nécessaire pour passer au travers de l’épreuve.

« J’ai tellement eu d’amour, tellement de beaux messages. Tu ne peux pas ne pas bien aller quand tu ressens cet amour-là, cette affection que les gens t’apportent. »

C’est toute la région qui a été frappée directement au cœur ce jour-là. La mairesse prépare déjà la manière dont sa communauté va honorer la mémoire des victimes et des disparus.

« Nous allons attendre de savoir l’état de santé des [blessés] avant, et après ça, nous allons faire quelque chose. Et voir ce que les familles désirent aussi. »

Mme Blanchette aimerait voir ses concitoyens se souvenir tout en profitant du présent. La Ville a organisé plusieurs activités pour cet été.

Elle espère que la devise de la municipalité, « Amqui, là où l’on s’amuse », reprenne tout son sens dans un avenir proche.

Au secours d’une communauté ébranlée

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le boulevard Saint-Benoît Ouest, à Amqui, peu après les évènements du 13 mars dernier

Le 13 mars dernier, un conducteur a foncé sur des piétons au centre-ville d’Amqui. Pendant que le Québec, stupéfait, cherchait à comprendre, dix intervenants psychosociaux entraient en scène. Comment aider une communauté à soigner ses plaies ? La Presse a posé la question à celle qui a supervisé l’opération et à celui qui a créé le modèle d’intervention psychosociale en vigueur au Québec.

Dans le jargon, on l’appelle le « code orange ». L’expression désigne l’arrivée massive de blessés aux urgences.

Dans le jargon, on l’appelle le « code orange ». L’expression désigne l’arrivée massive de blessés aux urgences.

Le 13 mars dernier, le code orange a été déclenché. Un conducteur venait de happer délibérément des piétons au centre-ville d’Amqui, dans la péninsule gaspésienne. Le petit hôpital local s’est rempli de civières.

Il est facile de s’imaginer les policiers qui sécurisent le lieu du drame, les ambulanciers qui débarquent, les infirmières et les médecins qui s’activent à l’hôpital… Mais d’autres se déploient aussi dans l’ombre.

Au Québec, quand il y a un code orange, il y a automatiquement la mise en place d’une intervention psychosociale. Et presque aussitôt, ce 13 mars, les intervenants psychosociaux ont été déployés en ville.

« La demi-heure qui suit, c’est la gestion de crise », explique la PDG adjointe du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Claudie Deschênes. « Il faut soutenir les proches quand il y a des décès, des blessés. Rapidement, on a dépêché 10 intervenants à Amqui. »

Des interventions de la sorte, où sont dépêchés des professionnels pour soutenir des gens frappés par un drame, il y en a eu plusieurs au Québec. Il y en a eu à Lac-Mégantic, quand un train rempli de pétrole a causé un incendie et la mort de 47 personnes. Il y en a aussi eu à L’Isle-Verte lorsqu’un incendie a ravagé une résidence pour personnes âgées, faisant 32 morts.

Plus récemment des professionnels ont été dépêchés à Portneuf-sur-Mer après la mort par noyade de quatre enfants et un adulte lors d’une partie de pêche nocturne qui a tourné au cauchemar.

À Amqui, la communauté tissée serré est dévastée par le drame. Dans les heures et les jours qui suivent, des centaines de policiers, de journalistes et de politiciens débarquent. La ville de 6000 habitants est traversée de rumeurs. Certains blessés sont faussement donnés pour morts.

« Il y a aussi des gens qui étaient inquiets parce que des blessés, des proches à eux, ont été transportés à l’hôpital à Québec, loin d’Amqui. Il y avait beaucoup d’anxiété », raconte Mme Deschênes.

Par ailleurs, des habitants de la ville connaissent le conducteur, qui s’est livré aux autorités tout de suite après le drame. Il habite dans un appartement au centre-ville, a grandi dans un village à 10 minutes d’Amqui. Les gens cherchent à comprendre.

« Quand c’est un ‟act of God”, un évènement naturel, la capacité d’adaptation est meilleure », explique celui qui a créé le modèle d’intervention psychosociale en vigueur au Québec, Pierre-Paul Malenfant.

« Les humains, on a toujours besoin de donner un sens à quelque chose. Quand ça vient de la nature, on a une plus grande tolérance. Ça ne veut pas dire que c’est plus facile, mais on a une plus grande tolérance », dit celui qui est président de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Mais quand on arrive devant un évènement comme Amqui, ou le drame de la garderie à Laval ou la mosquée de Québec, eh bien, on a du mal à trouver du sens, à comprendre comment un humain a pu faire ça à un autre humain.

Pierre-Paul Malenfant, président de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec

Au café, à l’église, dans la rue

Dans des interventions du genre, l’un des défis consiste à identifier ceux qui ont besoin d’aide. Certains ont le réflexe de ne pas en demander, car ils se disent que d’autres en ont davantage besoin.

Dans les jours qui suivent le drame d’Amqui, les intervenants se rendent faire du porte-à-porte, rencontrent les gens dans la rue, assistent à une messe en l’honneur des victimes. La Presse a assisté à une scène au lendemain du drame où des intervenants dans un café s’arrêtaient à chaque table pour parler aux clients.

« Amqui est une petite ville, ç’a permis aux intervenants d’être vraiment partout, et je pense que ç’a été apprécié », note Claudie Deschênes.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le premier ministre du Québec, François Legault, lors de son passage à Amqui en mars dernier. Il est entouré de la mairesse de la ville, Sylvie Blanchette (à gauche), et de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts et responsable de la région, Maïté Blanchette-Vézina.

Ce que cherchent d’abord les gens, note M. Malenfant, c’est un sentiment de sécurité. Ils ont besoin de savoir que le drame est terminé. Puis ils ont besoin de comprendre leurs réactions.

« L’information agit comme un antidote : il faut savoir ce qui s’est passé, quels sont les services disponibles et comprendre ses réactions », dit-il.

En tout, 350 personnes ont reçu des services psychosociaux à Amqui. C’est plus d’une personne sur vingt. Près de trois mois après le drame, le CISSS note que si la grande majorité des dossiers « ont été fermés », certaines interventions auprès de membres de la communauté sont encore en cours.

Dans ce type de drame, les intervenants psychosociaux craignent l’apparition de chocs post-traumatiques, une fois que la poussière est retombée et que policiers, journalistes et politiciens ont quitté les lieux.

« J’ai fait L’Isle-Verte en 2014. Dès les premières heures du matin, j’étais sur le site pour mettre en place l’intervention psychosociale qui a commencé dans la nuit, se souvient Pierre-Paul Malenfant. Je suis resté là pendant huit mois. »

Une version précédente de cet article indiquait erronément que Gérald Charest était âgé de 65 ans au moment où il a été heurté mortellement à Amqui, le 13 mars dernier.