La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On utilise à tort « au niveau de » comme expression passe-partout pour dire « en ce qui concerne » quelque chose. Cet emploi est critiqué.

Les équivalents pour remplacer cette expression sont nombreux : à propos de, au sujet de, dans le domaine de, du point de vue de, en ce qui a trait à, en matière de, pour ce qui est de, sur le plan de, etc.

Souvent, on peut aussi simplement employer des prépositions comme à (au), chez, dans, par ou pour, qui allégeront la phrase.

Il a subi une opération au cœur (et non au niveau du cœur). Cette question sera étudiée par le comité (et non au niveau du comité). Pour les employés, cette annonce est catastrophique. Chez les employés, la réaction n’a pas tardé. Des changements sont à craindre en ce qui concerne l’horaire (et non au niveau de l’horaire).

De nouvelles mesures seront mises en place en matière de santé publique. La situation laisse encore à désirer en ce qui a trait aux hospitalisations. Dans ce domaine, les nouvelles sont encourageantes. La Russie a montré des faiblesses en ce qui concerne l’organisation du commandement.

L’expression au niveau de s’emploie bien pour dire que quelque chose est « à la hauteur de », au propre comme au figuré. L’écran de l’ordinateur doit être au niveau des yeux. Ces nominations se décident au niveau des plus hautes autorités. Cette décision doit être prise au niveau des chefs de l’armée.

Mais on pourrait aussi très bien écrire, pour simplifier : Cette décision doit être prise par les chefs de l’armée.

La locution « au plan de » est répandue, mais c’est bien la construction sur le plan de que l’on devrait employer. La réussite sur le plan économique comporte certains risques. Sur le plan de la logique, ce raisonnement est valable.

Dépendant et dépendamment

Ma question concerne l’usage des mots dépendant et dépendamment. Nous les entendons beaucoup dans le sens de selon. Est-ce correct ?

Réponse

La locution prépositive dépendamment de, toujours couramment employée au Québec, est considérée comme familière (mais pas indépendamment de, curieusement). On l’éviterait donc dans un article de presse, qui doit être en langue standard – à l’exception des chroniques, qui peuvent employer tous les registres de langue –, pour lui préférer selon, suivant ou en fonction de.

Le cas de l’expression dépendant de (ou dépendant si) est un peu différent. C’est une impropriété en ce sens, un calque de l’anglais depending on et depending on whether. On ne l’emploierait pas du tout. On la remplacerait, selon le contexte, par selon, si, suivant, en fonction de ou d’après. Selon le temps qu’il fera, s’il fait beau…