La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

L’adjectif biennal peut exprimer une durée et s’employer à propos de ce qui dure deux ans, est exercé pendant deux ans, vaut pour deux ans, se rapporte à une période de deux ans. Charge biennale. Exercice, plan biennal, budgets biennaux.

Mais il peut aussi exprimer une périodicité et désigner, peut-être plus couramment, ce qui a lieu tous les deux ans. Exposition biennale. En ce sens, biennal s’emploie également comme nom. La Biennale de Venise.

Enfin, biennal désigne aussi ce qui s’effectue selon un cycle de deux ans, dans le domaine de l’agriculture, pour la rotation des cultures. Assolement biennal.

L’adjectif bisannuel est un synonyme de biennal. Il s’emploie donc aussi pour désigner ce qui a lieu tous les deux ans. Cérémonie, fête bisannuelle. Ou pour une plante dont le cycle de développement est d’une durée de deux ans. Plante bisannuelle. Mais on ne doit pas l’employer au sens de « qui a lieu deux fois par année ».

L’ouvrage Pièges et difficultés de la langue française déconseille cet emploi. On dira plutôt semestriel. Revue semestrielle. Assemblée semestrielle. Examens, paiements semestriels. Ou semi-annuel. Des rapports semi-annuels. L’adjectif semestriel s’utilise aussi pour ce qui dure six mois consécutifs. Congé, cours semestriel.

On évitera la forme biannuel, fautive parce que le préfixe bi devient plutôt bis devant une voyelle, comme dans bisaïeule (soit une arrière-grand-mère), et des mots anciens comme biscuit (bis-cuit, cuit deux fois). Le nom biscuit désigne d’abord une « galette de farine peu levée, dure et sèche », destinée aux marins et aux soldats, cuite deux fois pour qu’elle puisse se conserver plus longtemps. En ce sens, le mot s’employait au singulier. Embarquer du biscuit à bord.

Pour s’assurer d’être bien compris, on pourra parfois préférer une tournure moins ambiguë. Le conseil se réunit deux fois par année. Cette activité a lieu tous les deux ans. Obtenir un congé de six mois.

On doit aussi éviter de confondre bimensuel et bimestriel. Une revue est-elle bimensuelle ou bimestrielle ? Elle paraît deux fois par mois : c’est un bimensuel. Elle paraît une fois tous les deux mois : c’est un bimestriel.

Dit-on « les 24 dernières heures » ou « les dernières 24 heures » ?

L’expression « les 24 dernières heures » doit-elle être utilisée au lieu de l’anglicisme « les dernières 24 heures » qu’on entend souvent, à la télé, entre autres ?

Réponse

C’est la construction les 24 dernières heures – ou les 48 dernières heures –, critiquée, que l’on doit éviter, en réalité. On croit qu’on doit respecter l’ordre habituel des mots, comme quand on écrit les 10 derniers jours (et non les derniers 10 jours, qui est calqué sur l’anglais), mais ce n’est pas le cas.

C’est que les mots 24 heures (ou 48 heures) forment ici un tout. Ils sont considérés comme une unité de temps. Le syntagme 24 heures désigne une journée, le syntagme 48 heures désigne deux journées. On ne doit donc pas insérer l’adjectif dernières entre 24 et heures. On dit correctement les prochaines 24 heures comme on dirait la prochaine journée. C’est ainsi qu’on doit l’entendre. Les autorités ukrainiennes ont indiqué que deux personnes ont été tuées au cours des dernières 24 heures malgré un cessez-le-feu.

Sur son blogue Carnet d’un linguiste, Lionel Meney donne un autre exemple qui aide à bien comprendre cette règle. « On dit : Ce sportif a couru son dernier 100 m de la saison et non ses 100 derniers mètres, ce qui aurait une tout autre signification. »

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.