C’est l’un des plus grands défis du Québec. Pour décarboner son économie, la province devra augmenter sa production d’énergie d’au moins 100 térawattheures d’ici 2050 – l’équivalent d’un « demi-Hydro-Québec », comme l’a illustré François Legault. Comment y parvenir ? Notre éditorialiste Philippe Mercure présente quelques pistes.

Comprendre la quête

Le Québec génère aujourd’hui environ 200 térawattheures (TWh) d’électricité, dont 99,6 % proviennent de sources renouvelables.

Mais la province utilise aussi des combustibles fossiles pour propulser ses voitures et ses camions, pour alimenter ses usines, pour chauffer certains de ses bâtiments.

Pour décarboner son économie, c’est-à-dire s’affranchir de ces combustibles fossiles, le Québec devra augmenter sa production électrique de moitié. Ça veut dire générer 100 TWh de plus. En moins de 30 ans.

Les boules de cristal étant un peu floues sur un tel horizon, ce chiffre est une approximation. Mais il est présenté comme un minimum par Hydro-Québec et par les experts.

Selon une étude réalisée par la firme Dunsky Énergie+Climat pour le gouvernement du Québec, c’est plutôt plus de 130 TWh d’énergie supplémentaire qu’il faudra générer d’ici 2050 pour électrifier l’essentiel de nos véhicules, de nos bâtiments et de nos industries. Et cela, après avoir effectué des efforts colossaux pour limiter la croissance des besoins grâce à l’efficacité énergétique et à la généralisation des transports en commun.

Le défi qui nous attend est donc titanesque.

Cet objectif de 100 TWh inclut la décarbonation des entreprises déjà présentes chez nous, mais exclut toute attraction de nouvelles usines. Les besoins énergétiques de la fameuse « filière batterie » que cherche à déployer le gouvernement Legault, par exemple, n’en font pas partie. Pour répondre à leurs besoins, il faudra produire au-delà de l’objectif.

Penser énergie, penser puissance

La quête de 100 TWh est un objectif de production d’énergie. Mais le Québec fait face à un autre défi : lorsqu’il fait très froid et que nos besoins en chauffage explosent, on doit avoir accès à cette énergie en très peu de temps. Nous avons alors besoin de puissance.

Utilisons l’analogie d’une voiture. Le réservoir d’essence représente l’énergie qu’elle contient. La puissance du moteur, elle, dicte la quantité d’essence qui peut être utilisée d’un coup pour propulser la voiture.

Le Québec cherche donc à agrandir le réservoir d’essence de sa voiture. Mais il doit aussi s’assurer d’avoir un moteur puissant, capable de réagir quand il faut mettre la pédale au plancher et répondre aux pointes hivernales comme celle que nous avons vécue en février dernier.

Ces considérations d’énergie et de puissance influenceront les choix énergétiques qui s’offrent à nous.

Rester flexible

Un dernier mot avant d’examiner les pistes de solution. Si on doit commencer dès maintenant à planifier l’augmentation de notre capacité énergétique, il faut aussi réaliser qu’on ne peut prendre immédiatement toutes les décisions pour les 30 prochaines années.

Les coûts et les performances de chaque technologie vont évoluer au cours des prochaines décennies. Ce qui apparaît le plus avantageux aujourd’hui ne le sera peut-être pas dans 15 ans.

Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat

« Cela veut dire qu’il faudra se garder une latitude et régulièrement retester nos hypothèses », ajoute Philippe Dunsky, président de la firme Dunsky Énergie+Climat, qui conseille les gouvernements et les entreprises sur les enjeux énergétiques.

Certaines technologies requièrent toutefois plus de planification que d’autres. Il faut une quinzaine d’années pour concevoir et construire un barrage hydroélectrique. Si on veut pouvoir compter sur une telle option dans moins de 30 ans, il faut donc l’étudier dès maintenant. C’est ce que propose le plus récent plan stratégique d’Hydro-Québec.

Atteindre 100 TWh, on l’a compris, sera un défi pharaonique. Voici comment il pourrait être relevé.

Économiser au lieu de produire

C’est la première étape de notre quête vers les 100 TWh. Parce que l’électricité qu’on ne consomme pas, on n’a pas à la produire.

Combien d’énergie peut-on économiser au Québec ? Et comment ? Ces questions font l’objet d’intenses débats et nous placent déjà devant des choix importants.

Le potentiel

Hydro-Québec évalue le « potentiel technico-économique » de l’efficacité énergétique à environ 25 TWh. Il s’agit de l’électricité qu’il est techniquement possible d’économiser, de façon rentable.

Cela veut dire que pas moins d’un huitième de toute l’énergie produite au Québec pourrait être récupéré.

Hydro-Québec insiste toutefois pour dire que le potentiel « commercial » réellement possible à libérer par l’entremise de programmes est beaucoup plus faible. Pour l’instant, la société d’État compte récupérer 8 TWh d’ici 2030 – à peine le tiers du potentiel technico-économique.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, convient qu’on ne pourra récupérer la totalité des 25 TWh uniquement avec des programmes volontaires. Voilà pourquoi il plaide aussi pour une réglementation afin d’encadrer notre consommation d’électricité.

Techniquement et économiquement, on sait qu’on peut aller chercher 25 TWh. Alors il faut prendre les mesures nécessaires pour aller les chercher.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

L’expert Philippe Dunsky évalue quant à lui le potentiel d’efficacité énergétique du Québec à entre 30 et 50 TWh d’ici 2050. Mais lui aussi estime que la réglementation sera nécessaire pour réaliser de tels gains.

Un biais envers la production

Actuellement, Hydro-Québec doit démontrer à la Régie de l’énergie que ses programmes d’efficacité énergétique n’entraînent pas de hausse des tarifs d’électricité. C’est contradictoire. Les consommateurs résidentiels paient actuellement leur électricité environ 7 cents le kilowattheure (kWh). Or, on sait que développer de nouvelles sources d’approvisionnement coûtera cher – entre 11 et 12 cents le kilowattheure. Entre investir 9 cents pour économiser la consommation de 1 kWh et payer 11 cents pour en générer 1 nouveau, l’option la plus logique est pourtant évidente. Les règles actuelles entraînent donc un biais vers la génération de nouvelle électricité plutôt que vers l’économie de cette électricité. Elles sont à revoir.

Les moyens

La thermopompe

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE / PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Parlez aux experts en efficacité énergétique et le premier mot que vous entendrez est invariablement celui-ci : thermopompe.

Ces appareils sont de qualité et de performance inégales, mais leur efficacité s’améliore rapidement, particulièrement par temps froid.

Quand il fait -20 °C, l’air ne semble contenir aucune chaleur. C’est pourtant faux. La véritable absence de chaleur survient au zéro absolu, à -273 °C. L’exploit de la thermopompe est d’extraire cette chaleur de l’air pour l’amener dans nos bâtiments, même par temps très froid.

De plus, ces appareils s’installent généralement en une journée, à un coût approximatif de 10 000 $ par résidence.

L’analyste Jean-François Blain calcule qu’investir une telle somme sur 100 000 résidences par année pendant 10 ans permettrait d’économiser 4,36 TWh en énergie et, surtout, 1500 mégawatts en puissance pour atténuer la pointe hivernale. Le coût serait trois fois moindre qu’en générant la même puissance avec de l’énergie éolienne (ce qui nécessiterait l’équivalent de l’ensemble du parc éolien actuel du Québec).

Mieux isoler nos maisons

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Si la thermopompe représente le gain facile, Pierre-Olivier Pineau estime qu’on devra aussi s’attaquer à l’isolation déficiente de nos maisons, de nos écoles et de nos commerces.

La première chose à faire serait de modifier le code du bâtiment pour au moins obliger les nouvelles constructions à consommer le moins d’énergie possible.

Mais il faudra aussi viser les vieux bâtiments, plus nombreux que les neufs. Oui, refaire l’isolation d’une maison ou d’une école implique des travaux coûteux et complexes.

Mais on pourrait s’inspirer de la France, où les bâtiments reçoivent une cote de A à G reflétant leur performance énergétique. Les bâtiments cotés F ou G, qualifiés de « passoires énergétiques », seront bientôt interdits à la location.

On peut se demander pourquoi une province aussi froide que le Québec ne s’attaque pas à l’isolation de ses bâtiments avec la même vigueur que la France.

Efficacité énergétique

Avantages

  • Enjeux d’acceptabilité sociale minimes. Aucun besoin d’inonder de nouveaux territoires pour créer des réservoirs hydroélectriques ou de quadriller les paysages d’éoliennes.
  • Certains gains sont rapides et peu dispendieux.
  • Génère des économies pour les citoyens et les entreprises.
  • Permet d’atténuer les pointes hivernales, le chauffage résidentiel étant le principal consommateur de puissance lors des grands froids.

Inconvénients

  • Implique de nombreuses interventions sur de nombreux bâtiments.
  • La pénurie de main-d’œuvre pourrait retarder ou compromettre les travaux nécessaires.
  • L’alignement des intérêts n’est pas toujours là. Sans réglementation, comment convaincre un propriétaire dont les locataires paient le coût du chauffage d’investir dans des travaux de rénovation ou même dans des thermopompes ?

Potentiel estimé

Entre 8 et 25 TWh

Des éoliennes par milliers

On ignore encore le mélange exact de solutions qui sera déployé pour générer 100 TWh d’énergie supplémentaire au Québec. Mais on sait une chose : le vent y sera pour beaucoup. Et à court terme, c’est sur lui qu’on misera.

Attendez-vous donc à voir les éoliennes pousser au Québec.

Certains experts comme Normand Mousseau, directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, et Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal, estiment même qu’il serait possible d’atteindre l’objectif de 100 TWh uniquement avec l’énergie éolienne.

Examinons ce que ça voudrait dire.

En considérant des éoliennes d’une puissance moyenne de 4 MW, il faudrait installer environ 8000 de ces moulins à vent modernes pour générer 100 TWh d’énergie.

Ça fait 300 nouvelles éoliennes par année d’ici 2050. À terme, le parc éolien actuel aurait été multiplié par 10.

Ces milliers d’éoliennes prendraient évidemment de la place.

En 2009, le centre de recherche américain sur l’énergie éolienne NREL a calculé qu’il faut compter une superficie de 0,35 km2 par mégawatt de puissance dans un parc éolien.

L’expert Pierre-Olivier Pineau propose de diviser ce chiffre par trois pour tenir compte de l’efficacité des éoliennes qui s’est améliorée depuis et qui s’améliorera encore. En multipliant par la puissance totale souhaitée au Québec, on arrive à une superficie d’environ 3800 km2, soit huit fois celle de l’île de Montréal.

Attention : cette superficie n’est pas complètement perdue. Il peut y avoir des champs ou des forêts entre les éoliennes. La machine elle-même occupe une empreinte 100 fois plus petite. C’est le fait que les éoliennes doivent être espacées qui explique les grandes superficies.

On veut installer les parcs éoliens là où il vente, bien sûr, mais aussi le plus près possible des réseaux de distribution et des lieux de consommation pour minimiser les pertes. Hydro-Québec mentionne le Saguenay, la Côte-Nord et la Gaspésie comme les régions les plus propices à court terme.

Évidemment, les éoliennes viennent avec un gros bémol : elles ne tournent pas sans vent. En moyenne, le rendement d’une éolienne n’est que de 35 %.

Autre inconvénient : les éoliennes ne nous aident pas beaucoup pour la fameuse pointe hivernale. S’il ne vente pas lors des grands froids, elles sont inutiles. Mais souhaiter du vent n’est pas non plus le bon réflexe, puisqu’il accélère le refroidissement des bâtiments !

L’énergie éolienne doit donc venir avec des solutions de stockage d’énergie. Dans une certaine mesure, nos barrages hydroélectriques peuvent être utilisés à cet effet. Quand il vente, on retient l’eau des barrages. Et quand le vent cesse, on la laisse couler dans les turbines.

Énergie éolienne

Avantages

  • Technologie connue et bien maîtrisée.
  • Risques techniques faibles et assumés en grande partie par les fabricants plutôt que par l’État.
  • Peut se faire par étapes, en plusieurs petits projets. Cela minimise les risques de retard et de dépassement de coûts.

Inconvénients

  • Énergie intermittente qui doit être combinée à du stockage.
  • Il existe certains enjeux d’acceptabilité sociale, même s’ils semblent plus faibles que ceux liés aux projets hydroélectriques.
  • Le marché mondial de l’éolienne est en surchauffe, ce qui pourrait entraîner des enjeux d’approvisionnement et de prix.

Potentiel estimé

Jusqu’à 100 TWh

Vers un nouveau barrage ?

Verrons-nous la construction d’un nouveau barrage au Québec d’ici 2050 ? C’est certainement la question la plus intéressante – et la plus controversée – entourant notre futur approvisionnement énergétique.

L’hydroélectricité est une forme d’énergie que le Québec connaît sur le bout des doigts, modulable selon nos besoins et donc parfaite pour répondre aux pointes de consommation. Les grands barrages font la fierté des Québécois et il n’est pas étonnant que le gouvernement Legault les brandisse pour stimuler notre fibre nationale.

Hydro-Québec semble favorable à un nouveau barrage. Il est fort probable qu’un nouvel ouvrage hydroélectrique sera nécessaire pour équilibrer la production fluctuante de l’énergie éolienne, nous disent des sources à l’interne.

Normand Mousseau et Pierre-Olivier Pineau jugent quant à eux que les barrages actuels sont suffisants pour gérer les fluctuations qui seraient provoquées par des apports massifs en énergie éolienne ou solaire.

Il faudrait toutefois revoir la façon d’opérer le réseau, déployer des solutions de stockage et inciter (ou obliger !) les particuliers à collaborer pour atténuer la pointe en déplaçant certaines activités et en utilisant des accumulateurs de chaleur dans leurs maisons. Hydro-Québec offre d’ailleurs une aide financière pour l’installation d’un système de chauffage central qui peut emmagasiner la chaleur dans une masse thermique pour réduire la consommation en période de pointe1.

« Avec l’information qu’on détient actuellement, les barrages ne semblent pas la solution à moindre coût pour combler nos besoins, dit quant à lui l’expert Philippe Dunsky. Mais j’insiste là-dessus : il faut être humble, car les analyses sont complexes et les coûts et technologies ne cessent d’évoluer. Gardons l’esprit ouvert et une approche agile. »

Quelles rivières ?

Le gros hic d’un nouvel ouvrage hydroélectrique, c’est que les meilleures rivières sont déjà utilisées.

Hydro-Québec et le gouvernement Legault veulent lancer des études pour trouver les meilleurs sites restants, mais les chances de dénicher un joyau auquel personne n’a encore pensé semblent bien minces.

Cela nous ramène aux projets déjà étudiés par le passé.

1. Grande-Baleine

C’est sans doute le projet le mieux étudié. Annoncé à la fin des années 1980, le complexe Grande-Baleine aurait pu générer jusqu’à 3200 MW de puissance et 16 TWh d’énergie – et aurait inondé un territoire de 1667 kilomètres carrés, soit trois fois et demie la superficie de l’île de Montréal. L’opposition des Cris a finalement eu raison du projet. Seraient-ils plus disposés à y participer aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr.

2. Rivière Magpie

Un vieux plan stratégique d’Hydro-Québec décrit un alléchant potentiel de 850 MW de puissance et de 3,8 TWh d’énergie. Mais l’opposition des autochtones, de la MRC de Minganie, de groupes environnementaux et d’amateurs de sports en eaux vives s’est organisée au sein de « l’Alliance Muteshekau-shipu ». Celle-ci a même réussi à obtenir le statut de « personnalité juridique » pour la rivière. À Hydro-Québec, on prend acte et on dit ne plus trop croire à cette possibilité.

3. Petit-Mécatina

Le potentiel (1200 MW de puissance, 5,5 TWh d’énergie) est encore plus important que celui de Magpie. L’opposition y est moins visible, mais il faudra néanmoins la participation active des Innus, qui n’est pas gagnée. La Fondation Rivières s’est déjà prononcée contre le projet.

4. Tabaret

Un ancien plan stratégique d’Hydro-Québec fait état d’un potentiel de 132 MW de puissance et de 0,6 TWh d’énergie pour ce projet sur la rivière Kipawa, au Témiscamingue. L’idée a soulevé beaucoup d’opposition dans le passé. Aujourd’hui, un projet plus modeste de deux minicentrales n’impliquant aucun barrage (et donc aucune inondation de territoire) est porté par la MRC de Témiscamingue et diverses nations autochtones. On voit mal Hydro-Québec débarquer dans le portrait en ressuscitant le projet initial.

Pour l’expert Pierre-Olivier Pineau, la question est entendue : il n’y aura pas de nouveau barrage au Québec. « Aucun de ces sites ne me semble réaliste. Ça va coûter trop cher et il n’y aura pas d’acceptabilité sociale », prédit-il.

Optimiser nos vieilles centrales

Avant de construire de nouveaux barrages, la première chose est d’optimiser ceux que nous avons déjà. En remplaçant les groupes turbine-alternateur de nos vieilles centrales, Hydro-Québec estime être en mesure de générer 2000 MW supplémentaires. Attention : ces gains ajouteraient de la puissance au réseau, mais très peu d’énergie nette puisque les réservoirs hydroélectriques ne seraient pas agrandis. C’est l’équivalent d’augmenter la puissance du moteur d’une voiture en gardant le même réservoir d’essence. Ces gains de puissance faciliteront néanmoins l’ajout d’énergie intermittente comme l’éolien ou le solaire au réseau. Ils nous rapprochent donc indirectement de l’objectif de 100 TWh.

Les réserves pompées

Hydro-Québec étudie une option hydroélectrique utilisée ailleurs dans le monde, mais jamais au Québec : les « réserves pompées ». Oubliez l’inondation d’immenses territoires. Ici, le réservoir hydroélectrique est beaucoup plus petit. La grande différence est qu’une fois turbinée, l’eau est repompée dans le réservoir. Ce pompage consomme évidemment de l’énergie, mais on peut pomper l’eau lorsqu’on est en surplus de puissance et la turbiner lorsqu’on a besoin d’en injecter dans le réseau. Cette solution peut aussi être vue comme du stockage d’énergie éolienne. Si on pompe l’eau quand il vente, on peut ensuite générer de l’électricité quand le vent tombe.

Hydroélectricité

Avantages

  • Contrairement à l’éolien et au solaire, on peut contrôler la puissance.
  • L’expertise du Québec est l’une des meilleures au monde.

Inconvénients

  • Requiert de gros travaux sujets aux retards et aux dépassements de coûts.
  • Requiert l’inondation d’immenses territoires.
  • La participation des nations autochtones est essentielle et doit être négociée.

Potentiel estimé

Jusqu’à 25,9 TWh pour les projets Grande-Baleine, Magpie, Petit-Mécatina et Tabaret

1. Consultez la page du programme Mieux consommer sur le site d’Hydro-Québec

Les autres options

Nucléaire

Maintenant que la centrale Gentilly-2 a été mise hors service, aucun des experts que nous avons consultés ne parie sur un retour du nucléaire au Québec. « Dans l’immédiat, on a d’autres priorités », résume l’analyste Philippe Dunsky.

Avantages

  • Génère une énergie constante sans émissions de GES.
  • Occupe un faible territoire.

Inconvénients

  • Projets souvent marqués par les dépassements de coûts.
  • Gestion complexe des déchets radioactifs.
  • Acceptabilité sociale difficile.

Potentiel estimé

Indéterminé

Solaire

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE/PHOTOMONTAGE LA PRESSE

L’énergie solaire fournit à peine 0,002 % de notre production électrique. La plupart des experts voient cette proportion augmenter d’ici 2050, mais estiment qu’il n’y a aucune urgence à installer des panneaux solaires à grande échelle. « D’après nos modélisations, le solaire deviendra compétitif avec l’éolien d’ici 10 à 15 ans. Alors je dirais qu’il n’y a pas d’urgence à foncer maintenant », dit l’expert Philippe Dunsky, qui s’attend tout de même à ce qu’environ 30 TWh d’énergie solaire soient déployés entre 2035 et 2050.

Avantages

  • Peut être déployé près des lieux de consommation.
  • Très peu de risques.

Inconvénients

  • Ne génère de l’électricité que de 15 à 20 % du temps.
  • Nécessite du stockage.
  • L’hiver, quand les besoins en électricité sont les plus grands, les jours sont courts et l’ensoleillement est moins important. La neige peut aussi s’accumuler sur les panneaux.

Potentiel estimé

Jusqu’à 30 TWh d’ici 2050

Collaborer avec Terre-Neuve

Notre quête vers l’objectif de 100 TWh risque de nous amener hors des frontières du Québec, et plus précisément à Terre-Neuve. D’abord parce qu’environ 15 % de l’électricité québécoise provient du complexe de Churchill Falls, au Labrador. En vertu d’un contrat négocié en 1969, nous obtenons cette énergie à prix dérisoire. Mais ce contrat arrive à échéance en 2041 et il faudra renégocier avec Terre-Neuve si on veut conserver cette électricité. Ensuite parce que de l’avis de plusieurs experts, dont Pierre-Olivier Pineau, le projet hydroélectrique le plus intéressant et le plus réaliste pour le Québec se trouve aussi au Labrador : celui de Gull Island. Il pourrait générer près de 12 TWh d’énergie, dont une bonne partie pourrait alimenter le Québec si les deux provinces parviennent à s’entendre.