Une auto neuve de 20 000 $ n’est pas aussi spartiate qu’on pourrait le penser.

Modérer ses transports

C’est un retour aux sources, mais aussi à une forme de réalisme. Pour le prix d’une Rolls-Royce Ghost, notre banc d’essai de la semaine dernière, vous pourriez vous offrir 22 Nissan Versa ! Une suffira, allez-vous peut-être en conclure à la lumière de cet essai.

Les doigts d’une main suffisent pour recenser le nombre de véhicules qui s’affichent à moins de 20 000 $. Et encore. Le consommateur devra tout de même payer quelques milliers de dollars de plus pour acquitter les taxes, le transport et la préparation. Autrement dit, en tenant compte de tous les frais liés à son utilisation, cette Versa représente une dépense annuelle de quelque 7000 $. Maintenant, on vous laisse le soin d’imaginer ce qu’il en coûte de rouler en Rolls-Royce.

  • La Versa n’accorde pas une grande importance à l’esthétique. La découpe des tôles (et plastiques) devait rester simple, ce qui excluait les formes complexes.

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    La Versa n’accorde pas une grande importance à l’esthétique. La découpe des tôles (et plastiques) devait rester simple, ce qui excluait les formes complexes.

  • D’une capacité de 416 L (425 L pour les SV et SR), donc supérieure à celle d’une Nissan Sentra ou d’une Mazda3, la soute à bagages constitue l’un des points forts de la Versa.

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    D’une capacité de 416 L (425 L pour les SV et SR), donc supérieure à celle d’une Nissan Sentra ou d’une Mazda3, la soute à bagages constitue l’un des points forts de la Versa.

  • Le siège procure peu de support et n’invite pas à de très longs voyages.

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    Le siège procure peu de support et n’invite pas à de très longs voyages.

  • Cette Nissan prétend accueillir sans difficulté cinq occupants, mais la personne assise au centre de la banquette arrière ne se trouvera pas à l’aise.

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    Cette Nissan prétend accueillir sans difficulté cinq occupants, mais la personne assise au centre de la banquette arrière ne se trouvera pas à l’aise.

  • La position de conduite, à peine surélevée, s’ajuste parfaitement grâce à une colonne de direction à la fois inclinable et télescopique.

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    La position de conduite, à peine surélevée, s’ajuste parfaitement grâce à une colonne de direction à la fois inclinable et télescopique.

  • Le système d’infodivertissement de la Nissan Versa

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    Le système d’infodivertissement de la Nissan Versa

  • Les commandes de la Nissan Versa

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    Les commandes de la Nissan Versa

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La Versa est ce que l’on pourrait appeler une voiture géographiquement typée. Plus de 50 % de ses acheteurs résident au Québec. « Elle y joue un rôle important pour nous, reconnaît Steve Millette, président et chef de la direction de Nissan Canada. Elle assure notre présence dans un segment où nous avons une clientèle fidèle [50 % des clients de la défunte Micra optent aujourd’hui pour une Versa] et sensible au prix qu’elle paie. »

Avec la Versa, Nissan tient un discours à contre-courant des marques généralistes. Celles-ci aspirent toutes à « monter en gamme » et, ce faisant, éliminent les modèles « bon marché » de leur catalogue.

La petite Nissan, elle, revendique fièrement sa vocation de voiture populaire. Et cela ne veut pas dire rustique ou dépassée pour autant. Les nombreuses aides à la conduite liées à la sécurité active en font foi.

Sans surprise, le modèle d’entrée (S) est plus dépouillé que les autres (SV et SR) dans ce domaine. Toutefois, à l’exception des capteurs d’angles morts combinés à l’alerte de trafic transversal (pratique dans le stationnement du centre commercial), il n’y a pas vraiment lieu de se sentir démuni. Même l’horrible système de changement de voie figure de série sur l’ensemble de la gamme.

Comptiez-vous faire usage d’une Versa pour livrer de la pizza ou offrir un service de taxi (la Versa se qualifie) ? Si oui, la version S fera parfaitement l’affaire. Sinon, mieux vaut viser plus haut et bénéficier de quelques douceurs de la vie moderne (sièges chauffants, Android Auto et Apple Car Play, etc.). Et d’une présentation moins sinistre comme c’est le cas de la déclinaison qui illustre ce reportage.

Sans excès

Architraditionnelle, la silhouette en trois volumes cherche à ne fâcher personne. Pour tout dire, la Versa n’accorde pas une grande importance à l’esthétique. La découpe des tôles (et plastiques) devait rester simple, ce qui excluait les formes complexes. La priorité accordée à l’habitabilité n’a pas non plus permis à ses concepteurs de se soucier outre mesure d’aérodynamisme et de subtils jeux de lumière sur la carrosserie.

Cela dit, cette Nissan prétend accueillir sans difficulté cinq occupants en leur offrant notamment une hauteur sous pavillon de premier ordre. Vrai, mais les conditions dans lesquelles le malheureux (ou la malheureuse, c’est selon) se trouve relégué au centre de la banquette arrière relève toutefois de la gageure. Pour voyager un peu plus détendu, mieux vaut limiter l’accès à quatre personnes. Quant au coffre, il défie aisément celui des berlines compactes. D’une capacité de 416 L (425 L pour les SV et SR), donc supérieure à celle d’une Nissan Sentra ou d’une Mazda3, cette soute à bagages constitue l’un des points forts de la Versa. Dommage, quand même, que seules les versions les plus chères autorisent les dossiers de la banquette arrière à se rabattre.

Lumineux, l’habitacle témoigne, dans sa livrée SR à tout le moins, d’un bel effort, mais le soin apporté à l’assemblage demeure inégal. Uniformément noirs, les plastiques sont par ailleurs de qualité très moyenne.

La position de conduite, à peine surélevée, s’ajuste parfaitement grâce à une colonne de direction à la fois inclinable et télescopique, mais le siège procure peu de support et n’invite pas à de très longs voyages.

Le chemin le plus court

Au volant, la tenue de cap « flotte » un peu, la direction semble toujours engourdie et l’insonorisation se révèle pour sa part perfectible.

La détente des éléments suspenseurs provoque des soubresauts sur des pavés endommagés. Il lui arrive même de talonner parfois. Mais sur une chaussée correctement vêtue, la Versa s’applique à rendre la promenade confortable. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, dans les courbes abruptes, que l’assiette du véhicule se trouve perturbée par cette suspension trop décontractée.

Cette Versa demeure prévisible en tout temps. Même le sous-virage (tendance à tirer tout droit) qui l’affecte se corrige aisément. Il n’y a qu’à lever le pied de l’accélérateur et, aussitôt, cette Nissan retrouve la trajectoire désirée.

En outre, le freinage est progressif, facile à moduler et plutôt résistant. Et la présence de tambours à l’arrière réduit aussi les frais d’entretien et de réparations.

Compatible avec les normes antipollution en vigueur, le moteur qui l’anime manque de souffle et de discrétion (lors de fortes accélérations), mais suffit à la tâche compte tenu du faible poids de l’auto. Le guidage de la transmission manuelle à cinq rapports manque de précision, mais concourt à rendre la conduite plus stimulante. Quant à la boîte à variation continue (CVT), elle donne toujours cette impression de « pédaler dans le vide », mais elle a cependant le mérite de réduire la consommation autrement décevante de ce véhicule. En effet, même certains utilitaires urbains affichent actuellement un appétit plus modéré pour les hydrocarbures. Voilà une invitation aux détracteurs de VUS à nuancer certains de leurs propos et à la clientèle potentielle de la Versa à refaire ses calculs.

Nissan Versa

Fourchette de prix

De 18 298 $ à 22 798 $

Visible dans les concessions

Maintenant

Consommation

7,4 L/100 km (conditions hivernales avec boîte CVT)

On aime

Simplicité des commandes
Comportement prévisible
Volume du coffre

On aime moins

Niveau sonore élevé
Déclinaison de base (S) peu attrayante
Consommation décevante pour la cylindrée et la taille

Notre verdict

L’économie n’est que de façade.

Fiche technique

Moteur

  • L4 DACT 1,6 L atmosphérique
  • 122 ch à 6300 tr/min
  • 114 lb-pi de couple à 4000 tr/min

Performances

  • Poids à vide : 1178,6 kg (S)
  • Rapport poids/puissance : 9,66 kg/ch
  • Accélération (0-100 km/h) : 9,9 s

Boîtes de vitesses

  • De série : manuelle à 5 rapports (S seulement)
  • Optionnelle : automatique CVT (SV et SR de série)
  • Mode d’entraînement : traction

Pneus

  • 195/65R15 (S)
  • 205/55R16 (SV)
  • 205/50R17 (SR)

Capacité du réservoir et essence recommandée

  • 40,9 L
  • Ordinaire

Dimensions

  • Empattement : 2620 mm
  • Longueur : 4495 mm/Hauteur : 1454,5 mm
  • Largeur : 1740 mm (rétroviseurs extérieurs exclus)

Boîte aux souvenirs

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Datsun B-210

Ses débuts remontent à 1957, mais il nous a fallu attendre la sortie de la troisième génération avant de faire sa connaissance. Nous sommes en 1973, en pleine crise énergétique, lorsque la Datsun B-210 (commercialisée ailleurs sous le nom de Sunny) pose ses roues sur nos terres. Sans surprise, elle se hisse immédiatement parmi les autos les plus économiques à la pompe de sa catégorie. Elle occupera le sommet du palmarès en 1978, devenant le premier véhicule à consommer moins de 5 L/100 km (40 mpg), selon l’Agence américaine pour l’environnement (EPA).

À vos calculettes !

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Nissan Kicks

Nissan considère que la Versa a ses fidèles, mais Steve Millette, président et chef de la direction de la marque au Canada, reconnaît que le Kicks (notre photo) attire davantage de nouveaux clients dans ses concessions. On peut comprendre pourquoi. Le coût d’utilisation associé au petit utilitaire urbain de Nissan est légèrement supérieur (7270,70 $ comparativement à 7105,95 $ pour la Versa). En revanche, le Kicks bénéficie actuellement d’un taux d’intérêt plus avantageux et d’une valeur résiduelle plus élevée au terme de 60 mois (8217,67 $ comparativement à 6895,36 $ pour la Versa). Au bout du compte, en optant pour le Kicks au lieu de la Versa, vous économisez 498,56 $ sur une période de cinq ans.

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La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : BMW Série 2, Buick Encore GX, Ford Mustang, Subaru Solterra et Toyota Prius Prime. Si vous possédez l’un de ces véhicules ou si vous envisagez d’en faire l’acquisition, nous aimerions bien vous entendre.

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