Elles sont cinq étudiantes-athlètes qui ont en commun le désir de bâtir un avenir dans lequel les femmes pourront briller de tous leurs feux. Aujourd’hui, dernier d’une série de cinq portraits, celui de Charlène Robitaille.

Charlène Robitaille est une gagnante. Partout où elle est passée, non seulement elle s’est démarquée, mais en plus elle a triomphé. Elle est la preuve que les histoires de succès n’ont pas besoin de toujours être abracadabrantes. Que la simplicité peut parfois être suffisante.

C’était moins d’une heure avant l’entraînement des Martlets de McGill. Charlène Robitaille devait faire ses bandages, prendre une photo d’équipe et discuter avec La Presse.

L’entretien a eu lieu dans l’une des salles de réunion de l’équipe de football, à quelques pas du gymnase.

La joueuse de 1,82 m est arrivée avec son uniforme de match. Dans son chandail et son short rouge vif, la numéro 16 s’est assise en déposant son pied sur la chaise, prête à discuter.

Nul doute que Robitaille a un don pour le volleyball. Elle possède aussi un talent inné pour mettre les autres à l’aise à l’instant où elle entre dans une pièce. Toutes ses coéquipières peuvent en témoigner. « Avant, j’étais beaucoup plus gênée. Maintenant, je peux parler à plein de personnes et je m’en fous. Je me fous de ce que les autres vont dire. Je dis les choses et ça va être ça. Le volley m’a permis de sortir de ma zone de confort », explique-t-elle en jouant avec ses colliers.

Le volleyball l’a transformée, certes, mais il a aussi été la plus belle histoire d’amour de sa vie. Elle n’est pas encore terminée, cependant. Grâce à un règlement spécial né de la saison pandémique annulée, la joueuse de centre pourra revenir pour une sixième et ultime saison. « Je ne suis pas capable d’arrêter. J’aime trop ça. »

Gagner avec le plaisir

Capitaine de son équipe, l’athlète originaire de Mont-Saint-Grégoire sur la Rive-Sud aura permis à son programme de briller.

L’année dernière, elle a aidé McGill à remporter le premier championnat québécois de son histoire. À la fin de la saison, elle s’est même vu décerner le titre de joueuse par excellence de l’année du RSEQ, tellement son impact sur les succès de son équipe était déterminant. « Quand j’ai su ça, je n’en revenais pas », lance-t-elle.

En fait, Robitaille était stupéfaite parce que la quête des récompenses individuelles n’est pas son moteur. Elle vient d’être nommée dans l’équipe d’étoiles provinciale pour la troisième année consécutive. Quoi qu’il en soit, c’est le rendement des Martlets qui importe. À vrai dire, c’est le plaisir que ses coéquipières ont à gagner qui prévaut.

« Je veux gagner, mais pas penser à gagner », souligne-t-elle.

Pour elle, il faut jouer d’abord et gagner ensuite. Même si dans son cas, c’est une relation de cause à effet.

PHOTO FOURNIE PAR CHARLÈNE ROBITAILLE

Charlène Robitaille (au centre)

J’essaye de faire comprendre aux filles le why. Pourquoi on est là ? Personne ne nous force. Si on est là à la base, c’est pour avoir du plaisir. Si on n’a pas de fun, à quoi ça sert ? Et on joue tellement mieux quand on s’amuse.

Charlène Robitaille

C’est pourquoi Robitaille joue au volleyball, en appuyant sur l’importance de la signification du verbe. Et elle veut que ça reste ainsi. « Je ne veux pas aller professionnel et que le volley devienne une job. J’ai trop de fun. Je ne veux pas être un numéro qui joue au volley. »

Même si le plaisir est au centre de son quotidien, elle demeure habitée par l’idée de gagner. « J’aime niaiser à l’entraînement, faire des jokes, mais quand c’est le temps d’être sérieux et que l’exercice soit bien fait, il va être bien fait ! Ce n’est pas le temps de niaiser. Je suis très compétitive, j’ai toujours été comme ça, que ce soit dans le sport ou à l’école. »

À la fin de son dernier mot, un responsable est venu la chercher. C’était à son tour de se faire photographier.

Discipline et organisation

Peu de temps après, elle revient en se confondant en excuses, même si cela a duré une poignée de secondes.

Le temps est d’ailleurs une variable bien maîtrisée par Robitaille. Malgré son horaire chargé et atypique, elle parvient à trouver un équilibre. « Parfois, mon entourage me demande comment je fais pour réussir à l’école, au volley et dans ma vie sociale. »

Elle leur répond alors par deux mots : « discipline et organisation ».

La grande brunette étudie en administration, après avoir obtenu un baccalauréat en nutrition sportive. La joueuse étoile se distingue également en classe. « J’ai toujours été très studieuse. J’aurais pu aller en médecine, mais ça ne m’intéressait pas. J’aimais la santé, mais je ne voulais pas toucher à du monde », dit-elle en grimaçant.

Elle veut réussir. Partout et tout le temps.

Robitaille a appris à être plus tempérée. Après la COVID-19, plusieurs joueuses ont quitté le navire. Elle est donc rapidement devenue une vétérane. Son temps de jeu a augmenté et son rôle a pris de l’ampleur.

PHOTO FOURNIE PAR CHARLÈNE ROBITAILLE

Charlène Robitaille

Je me mettais de la pression, parce que je me disais que les autres pouvaient faire des erreurs, mais pas moi, parce que c’est moi qui suis censée savoir comment ça marche.

Charlène Robitaille

Le fort caractère de cette athlète ultra compétitive agit comme un couteau à double tranchant.

« Je suis vraiment fâchée quand je fais des erreurs et ma coach doit me calmer et me dire que ce n’est pas grave, parce que le volley est un sport d’erreurs », ajoute-t-elle.

Si elle se souvient plus souvent de ses erreurs que de ses bons coups, Charlène Robitaille continue d’apprendre sur elle-même. Son rapport au sport et à la compétition a évolué depuis qu’elle a entrepris sa carrière universitaire.

Finalement, elle a appris à être faillible. Et surtout, compris que c’était normal.

« Faire une erreur, ce n’est pas la fin de tout. Ça reste juste du volley. »

C’est exactement pourquoi elle sera de retour l’année prochaine pour son chant du cygne. Pour l’amour du volleyball.