La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Parfois, on se souvient bien de ce qui différencie les verbes se rappeler et se souvenir et parfois, on se rappelle mal les différences entre les deux verbes.

Le verbe se rappeler demande un complément direct – on se rappelle une chose – tandis qu’avec le verbe se souvenir, on emploie la préposition de – on se souvient d’une chose.

On doit éviter d’employer de, en et dont avec le verbe se rappeler si on souhaite s’exprimer soigneusement. Ce sont des constructions qui relèvent de « l’expression orale relâchée ». On corrigera donc des phrases comme « le témoin se rappelle de cet évènement », « bien que cet évènement se soit passé il y a longtemps, il s’en rappelle » ou « un évènement dont elle se rappelle avec effroi ».

Se rappeler son passé, se souvenir de son passé. Je me rappelle cela, je me souviens de cela. Je me le rappelle, je m’en souviens. C’est tout ce que je me rappelle, c’est tout ce dont je me souviens.

Le participe passé du verbe se souvenir s’accorde toujours en genre et en nombre avec son sujet. Elle s’est souvenue de cette terrible rencontre. Le crime dont ils se sont souvenus. Le participe passé du verbe se rappeler reste invariable si le complément direct suit le verbe. Ils se sont rappelé cet évènement. Elle s’est rappelé que l’évènement s’était produit un dimanche.

Des ouvrages soulignent que la construction avec de est obligatoire pour le verbe se rappeler quand on emploie un pronom personnel représentant un être humain. Vous ne vous rappelez pas de moi ? Je me rappelle de vous.

Il est aussi correct d’employer en ou dont avec se rappeler quand ils sont compléments de nom, par exemple dans des phrases comme : J’ai bien connu cet homme, je m’en rappelle le visage ou Ce camarade dont je me rappelle le nom. Un évènement dont elle se rappelle fort bien tous les détails.

Enfin, se rappeler de s’emploie également avec un infinitif, s’il est question d’une « action en train d’avoir lieu ou à faire dans l’avenir ». Tu dois te rappeler d’aller témoigner.

Courrier

L’expression en situation de handicap

Mes oreilles saignent lorsque j’entends l’expression personne en situation de handicap lorsqu’on veut parler de personne handicapée. Serait-il possible d’apporter les nuances qui s’imposent ?

Réponse

Effectivement, l’expression personne en situation de handicap n’est pas un synonyme de personne handicapée. Elle désigne en fait une réalité bien précise, explique le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française, soit, par exemple, la situation dans laquelle l’incapacité d’une personne handicapée « se combinant aux obstacles se trouvant dans son environnement, l’empêchent d’exercer pleinement une activité courante ou un rôle social ». Quelqu’un qui se déplace en fauteuil roulant est en situation de handicap s’il n’y a pas de rampe d’accès à l’immeuble où il doit se rendre ou s’il n’y a pas d’ascenseur pour accéder aux étages supérieurs.

On ne devrait donc employer cette expression que lorsqu’il est réellement question d’une telle situation.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.