Une poignée de main à la fois, Pierre Poilievre a semé l’espoir partout où il est passé pendant la course à la direction du Parti conservateur. Après deux ans de pandémie, malmenés par l’inflation, les milliers de Canadiens qui sont venus à sa rencontre ont vu en lui l’homme qui allait leur permettre de reprendre le contrôle de leur vie. Qu’a-t-il mieux compris que ses adversaires ? Et quelles attentes crée-t-il chez ses partisans ?

(Ottawa) « Je n’ai jamais quitté un rassemblement sans avoir serré la main de tout le monde qui voulait me rencontrer », lance en entrevue Pierre Poilievre en parlant de la campagne qui lui a permis de devenir chef du Parti conservateur. « J’ai eu probablement plus de 30 000 conversations. Il y a 93 000 personnes qui sont venues à mes rassemblements. Près du tiers des gens a attendu en file pour me rencontrer. »

Le chef conservateur a attiré des foules impressionnantes à chacun des 80 rassemblements de la course. Parfois, la file de ceux qui voulaient s’entretenir avec lui était telle que l’attente pour le rencontrer pouvait durer trois heures. Il lui est arrivé de quitter l’endroit à 1 h du matin.

Tout au long de la campagne, son discours soigneusement ficelé a su rallier un auditoire très réceptif après deux ans de pandémie marquée par des mesures de confinement contraignantes et maintenant une flambée des prix des biens de tous les jours.

  • Pendant la campagne à la direction du Parti conservateur, Pierre Poilievre a serré des milliers de mains et pris le temps d’écouter ceux qui sont venus à sa rencontre, comme ici au Hilton DoubleTree de Gatineau, en avril dernier.

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

    Pendant la campagne à la direction du Parti conservateur, Pierre Poilievre a serré des milliers de mains et pris le temps d’écouter ceux qui sont venus à sa rencontre, comme ici au Hilton DoubleTree de Gatineau, en avril dernier.

  • Il a attiré des foules impressionnantes à chacun des 80 rassemblements auxquels il a participé.

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

    Il a attiré des foules impressionnantes à chacun des 80 rassemblements auxquels il a participé.

  • Pierre Poilievre « a des forces politiques qu’il a su canaliser. La clarté de son message en est une », croit Frédéric Boily, professeur de sciences politiques du Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

    Pierre Poilievre « a des forces politiques qu’il a su canaliser. La clarté de son message en est une », croit Frédéric Boily, professeur de sciences politiques du Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

  • Il dit avoir entendu, pendant la campagne, une multitude d’histoires déchirantes sur les effets dévastateurs de la pandémie et de la hausse du coût de la vie.

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

    Il dit avoir entendu, pendant la campagne, une multitude d’histoires déchirantes sur les effets dévastateurs de la pandémie et de la hausse du coût de la vie.

  • Pierre Poilievre a réussi à transformer le mécontentement lié aux mesures de confinement d’une partie de la population en force politique.

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    Pierre Poilievre a réussi à transformer le mécontentement lié aux mesures de confinement d’une partie de la population en force politique.

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Au point où, après quelques semaines de campagne seulement, les prédictions sont devenues limpides : Pierre Poilievre ratissait tellement large qu’il pouvait espérer remporter la course à la direction du Parti conservateur dès le premier tour. À elle seule, son équipe de campagne avait recruté 311 000 nouveaux membres. Le 10 septembre, ces prédictions se sont avérées. Il a remporté une victoire écrasante en récoltant près de 70 % des appuis. Ses quatre adversaires dans la course, dont l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest, n’y ont vu que du feu.

Une histoire à la fois

Dans une rare entrevue depuis sa victoire, le chef conservateur explique à La Presse ce que des milliers de gens ordinaires sont venus lui raconter : des histoires déchirantes sur les effets dévastateurs de la pandémie et de la hausse du coût de la vie.

Il évoque le cas d’un mineur qu’il a rencontré à Timmins et qui ne pouvait pas se permettre de faire le plein de son camion pour se rendre à Thunder Bay pour voir ses parents mourants une dernière fois. À 2,50 $ le litre, le diesel était trop cher pour qu’il puisse faire ses adieux.

Il raconte aussi l’histoire de ce travailleur à qui il a parlé à Saint John’s, à Terre-Neuve, qui a dû réparer ses bottes de travail avec du ruban adhésif parce qu’il ne pouvait se permettre d’en acheter une nouvelle paire.

Il ne cesse aussi de rappeler le rêve brisé de jeunes adultes qu’il a croisés et qui demeurent encore dans le sous-sol de leurs parents à cause de la flambée des prix de l’immobilier. Pour eux, le rêve d’acheter une maison est devenu inaccessible.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Des partisans conservateurs écoutent le discours de victoire de Pierre Poilievre, à Ottawa.

Toutes ces histoires, Pierre Poilievre les a entendues de vive voix.

Pendant plusieurs des conversations qu’il a eues, un commentaire revenait constamment. « Les gens m’ont dit : “Vous nous donnez de l’espoir. Finalement, on a de l’espoir que quelque chose peut changer.” Ça m’a touché énormément. Il y a beaucoup de monde qui avait perdu espoir. Ils étaient en larmes devant moi », se souvient-il.

Leur vie a été bouleversée au cours des deux dernières années. Ils ne veulent rien de spécial. Ils ne veulent pas de cadeau du ciel. Ils veulent simplement reprendre le contrôle de leur vie et avoir la chance de travailler fort et de réaliser leurs propres rêves. C’est tout.

Pierre Poilievre

Le phénomène Poilievre

Depuis cette victoire sans équivoque, plusieurs tentent de comprendre comment Pierre Poilievre a réussi ce tour de force rarement vu sur la scène fédérale. Peut-on parler d’un phénomène politique ? Le début d’une relève de la garde à Ottawa ? Les analystes politiques émettent leurs hypothèses. Les adversaires du nouveau chef conservateur, notamment les libéraux de Justin Trudeau, ajustent le tir. Ils n’ont pas le choix. Ils doivent tenir compte de la nouvelle donne politique que vient de provoquer l’entrée en scène du député de Carleton, non loin d’Ottawa.

« Oui, je pense qu’on peut parler d’un certain phénomène », lance d’emblée au bout du fil Frédéric Boily, professeur de sciences politiques du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

« Il a des forces politiques qu’il a su canaliser. La clarté de son message en est une. La droite doit être à droite et elle ne doit plus être honteuse d’elle-même. La pandémie a aussi permis à Pierre Poilievre de bien développer ce message d’une droite décomplexée avec les mesures sanitaires qui ont été prises par les gouvernements », analyse-t-il.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE L’ALBERTA

Il a su aussi capter l’anxiété économique des gens. Il a la conviction qu’il faut parler aux gens ordinaires de leurs problèmes économiques quotidiens qu’on ne peut pas écarter du revers de la main, ce qui est parfois fait par les gouvernements même si on annonce des programmes.

Frédéric Boily, professeur de sciences politiques du campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta

Il est indéniable que Pierre Poilievre a réussi à transformer le mécontentement lié aux mesures de confinement d’une partie de la population en force politique. Il a aussi saisi mieux que quiconque l’anxiété économique qui afflige les familles, les travailleurs et les jeunes partout au pays, qui sont incapables de joindre les deux bouts, de payer leurs factures et encore moins de s’acheter une maison. Il fut d’ailleurs le premier élu à Ottawa à évoquer les risques d’inflation, dès le printemps 2021, il y a 18 mois. Le gouverneur de la Banque du Canada affirmait alors qu’il s’agissait d’un phénomène temporaire.

L’ancien maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, qui a été coprésident de la campagne au leadership de M. Poilievre au Québec, estime que rien ne peut supplanter le travail de terrain quand on veut prendre le pouls de la population et comprendre les inquiétudes des uns et des autres. Il en sait quelque chose. Il avait les mêmes habitudes quand il était maire.

« La recette, c’est assez simple. Il faut être collé sur la réalité que vivent les gens au quotidien. Quand tu es à Ottawa dans des tours à bureaux, tu es loin de cette réalité. Pour être un bon politicien, il faut avoir du vécu, mais il faut aussi être conscient de ce qui se passe sur le terrain », avance M. Lévesque.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Quand j’étais maire, c’est ce que je faisais. J’étais plus souvent sur le terrain que dans mon bureau. Ça me permettait d’emmagasiner de l’information et de prendre la décision la plus rapprochée de la population.

Yves Lévesque, ancien maire de Trois-Rivières et coprésident de la campagne au leadership de Pierre Poilievre au Québec

« Comme Pierre le disait en campagne, les citoyens ne sont pas là pour les élus. Nous sommes là pour les citoyens. On doit redonner le pouvoir aux citoyens », ajoute l’ex-maire, qui portera à nouveau la bannière du Parti conservateur aux prochaines élections dans la circonscription de Trois-Rivières.

Pierre Poilievre l’a d’ailleurs appris presque à ses dépens en passant un peu trop près à son goût de perdre son siège aux élections de 2015…

La leçon de 2015

Rencontrer des gens qui expliquent leurs craintes et leurs ambitions, faire du porte-à-porte, serrer des mains : Pierre Poilievre a perfectionné cette façon de faire de la politique à la suite de la défaite des conservateurs il y a sept ans.

Le soir des élections du 19 octobre 2015, il a vu sa confortable majorité de plus de 20 000 voix obtenue lors des scrutins précédents fondre comme neige au soleil. Il a terminé la soirée avec moins de 2000 voix d’avance sur son adversaire libéral Chris Rodgers.

« Ces résultats ont été un choc pour lui », raconte son ancienne collègue conservatrice Lisa Raitt, qui a été une ministre influente dans le gouvernement Harper. Elle en sait quelque chose. Elle occupait le siège voisin de celui de Pierre Poilievre sur les banquettes de l’opposition.

« Quand nous sommes devenus l’opposition, j’ai observé Pierre et il se concentrait foncièrement sur ses commettants après les élections. Il faisait du porte-à-porte tous les jours tout de suite après la période de questions. Et au caucus, tout le monde savait que Pierre avait la meilleure connaissance de ce que les gens pensaient sur le terrain. Il a travaillé tellement fort, et on en a la preuve dans ses écrits sur les médias sociaux depuis tout ce temps. Ce travail acharné a rapporté des dividendes. Il a obtenu une grosse marge en 2019. Les libéraux pensaient lui ravir son siège qui se trouve dans la région d’Ottawa, qui compte beaucoup de fonctionnaires et qui ne sont pas forcément en amour avec le Parti conservateur. Il l’a fait de la bonne vieille manière de faire de la politique : en utilisant ses souliers pour aller à la rencontre des gens. »

C’est essentiellement cette bonne vieille méthode qu’il a utilisée durant la course au leadership, selon Lisa Raitt.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Il n’a jamais prétendu être quelqu’un qu’il n’est pas. Il est direct et il dit clairement ce qu’il pense dans un monde où d’autres ne parlent pas simplement aux gens et ne les traitent pas avec respect.

Lisa Raitt, ancienne ministre dans le gouvernement de Stephen Harper

Selon Yan Plante, un ancien stratège conservateur qui connaît Pierre Poilievre depuis plus d’une décennie, tous les gouvernements se « robotisent » avec le temps en donnant des réponses bureaucratiques aux questions que le commun des mortels se pose. C’est arrivé au gouvernement de Stephen Harper. C’est en train d’arriver aux libéraux de Justin Trudeau. « Il ne faut pas oublier d’où tu viens. La population va s’en rendre compte », soutient-il.

PHOTO TIRÉE DE SON COMPTE FACEBOOK

Yan Plante, ex-stratège conservateur

« La vérité, c’est que depuis la pandémie, il y a beaucoup de monde qui souffre. Beaucoup plus qu’on pense. Ça a divisé beaucoup de gens. Et ça redéfinit la politique. On n’est plus dans le spectre gauche/droite comme dans le passé. C’est ce qui fait que Pierre Poilievre attire dans la base conservatrice, il attire dans les 36 % de gens qui ne votent pas depuis 30 ans. »

Et il attire aussi des électeurs du NPD parce qu’avoir le sentiment d’avoir été exclu par le système, avoir de la misère à payer tes factures, avoir de la misère à avoir une augmentation de salaire qui suit l’inflation, c’est un discours universel.

Yan Plante, ex-stratège conservateur

M. Plante, qui est vice-président à l’agence de relations publiques TACT, affirme qu’il connaît des gens à Montréal qui ont voté pour le NPD et Québec solidaire qui ont décidé d’acheter une carte de membre pour appuyer Pierre Poilievre.

Selon lui, le chef conservateur fait partie d’un groupe restreint d’élus qui sont d’abord des « stratèges politiques ». « Jason Kenney était pareil. Et le porte-à-porte qu’il fait lui permet de voir des enjeux et des mouvements bien avant les sondages ».

À la conquête des jeunes

Pierre Poilievre a une forte présence sur les médias sociaux. Cela lui a permis de rejoindre des électeurs qui échappaient autrefois au Parti conservateur : les jeunes. Ce faisant, le chef conservateur est en voie d’arracher aux libéraux de Justin Trudeau un avantage qui leur avait permis d’être catapultés au pouvoir en 2015, même s’ils formaient le troisième parti en importance aux Communes avant le scrutin.

Le chef conservateur a vu le nombre de ses abonnés grimper sur les réseaux sociaux ces derniers mois, ce qui lui permet de s’adresser à de nombreux Canadiens sans passer par les médias traditionnels, qu’il évite le plus possible. M. Poilievre a donné une seule conférence de presse depuis sa victoire et n’a répondu qu’à deux questions. Et son style abrasif dérange, parfois même au sein du parti. C’est d’ailleurs l’une des raisons invoquées par le député de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, quand il a décidé de quitter le Parti conservateur après la victoire de M. Poilievre.

Relisez notre portrait de Pierre Poilievre

Charles-Antoine Godin avait décroché de la politique durant la pandémie. Étudiant en droit à l’Université d’Ottawa, il affirme que Pierre Poilievre a rallumé la flamme. À 22 ans, il a décidé de rejoindre son équipe de bénévoles au Québec, même si son père, Joël Godin, député conservateur de Portneuf–Jacques-Cartier depuis 2015, appuyait Jean Charest.

Les discussions de famille étaient parfois houleuses, d’autant que M. Godin avait menacé de quitter les rangs conservateurs, en cas d’élection de M. Poilievre. Une menace qui a été rapidement mise de côté dans les heures suivant la victoire décisive du 10 septembre.

« Pierre Poilievre fait de la politique différemment. Il me donne de l’espoir. C’est indéniable. Il se concentre vraiment sur les gens et la vie de tous les jours, et non pas sur les grandes idées abstraites qui ne changent pas le quotidien des gens et ne font qu’augmenter les coûts du gouvernement », affirme d’emblée Charles-Antoine Godin.

Il aime aussi le style combatif de son nouveau chef, qui n’hésite pas à passer à l’offensive pour riposter à une attaque des libéraux. Et il ne se fie pas aux médias traditionnels pour véhiculer son message.

PHOTO FOURNIE PAR CHARLES-ANTOINE GODIN

À l’heure actuelle, on dépense sans compter et ce sont les jeunes qui vont ramasser la facture. On va vivre avec les conséquences de ce qui se passe en ce moment. Et on se sent abandonnés, les jeunes. L’environnement, c’est bien beau tout cela. Mais si tu n’es pas capable de payer ton loyer, l’environnement est un peu le dernier de tes soucis.

Charles-Antoine Godin, militant conservateur

Travaillant dans le secteur des hautes technologies à Toronto, Jérémie Carignan est du même avis. À 30 ans, il a été interpellé par le discours de Pierre Poilievre sur l’économie et les prix de l’immobilier. Même si son père, Claude Carignan, est sénateur conservateur depuis 2009, Jérémie Carignan n’a jamais milité au sein du parti. Il a décidé d’acheter sa carte de membre quand Pierre Poilievre s’est lancé dans la course.

« Il a focalisé sur le rêve nord-américain de posséder sa maison qui est devenu tellement inaccessible. Ça rejoint beaucoup de monde comme moi dans la région de Toronto, ou à Vancouver et Montréal. Il a réussi à créer de l’espoir chez les gens de mon âge qui n’ont pas réussi à acheter leur maison », soutient M. Carignan, qui précise avoir eu la chance d’acheter une propriété dans la Ville Reine l’an dernier. Plusieurs de ses amis et lui suivent le chef conservateur sur les médias sociaux.

PHOTO FOURNIE PAR JÉRÉMIE CARIGNAN

Jérémie Carignan

Jérémie Carignan ne croit pas que les controverses qui ont éclaté au cours des derniers mois vont hanter le chef conservateur. En campagne, M. Poilievre a fait valoir que la cryptomonnaie pouvait être un moyen d’échapper à l’inflation, il a maintenu son appui au « convoi de la liberté » qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa pendant trois semaines et il a promis de congédier le gouverneur de la Banque du Canada.

Le bon angle d’attaque

Au cours des derniers mois, Pierre Poilievre a produit de nombreuses vidéos en s’adressant directement à la caméra sans texte. Celles-ci ont été visionnées des centaines de milliers de fois. Sur son compte Twitter, sa déclaration confirmant qu’il briguait la direction du Parti conservateur, en février, a été vue près de 5 millions de fois. Plus tard, celle le montrant devant un petit bungalow aux allures d’un taudis à vendre pour près de 5 millions de dollars à Vancouver a fait un tabac.

IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE PIERRE POILIEVRE

Pierre Poilievre devant un petit bungalow à vendre pour près de 5 millions à Vancouver dans une vidéo qui a fait un tabac sur les réseaux sociaux.

Reconnu pour ses talents de communicateur, en français et en anglais, Pierre Poilievre a inventé des expressions qui ont fait leur entrée dans le discours politique. Le terme « Justinflation » est un bon exemple. Il a d’ailleurs été récemment interdit d’utilisation par le président de la Chambre des communes parce qu’il faisait allusion directement au nom du premier ministre.

« Même chez Dollarama, la “Justinflation” gonfle les prix et nuit au pouvoir d’achat des familles. Il faut limiter les dépenses et cesser l’impression d’argent pour mettre fin au cercle vicieux », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

« Le combat contre l’inflation qu’il a enfourché dès le départ lui a donné un élan. Il a trouvé un angle d’attaque formidable contre les libéraux. Il y a d’autres éléments qui expliquent ses succès. Mais le principal axe de son succès demeure la hausse du coût de la vie et sa capacité à lier cela au gouvernement Trudeau », estime Duane Bratt, professeur de sciences politiques à l’Université Mount Royal de Calgary.

Selon lui, Pierre Poilievre est bien en selle à la tête du Parti conservateur, et le contexte politique lui est aussi favorable. « Nous n’élisons pas forcément les gouvernements. On les met à la porte. Dans trois ans, si l’entente entre le NPD et les libéraux tient le coup, Justin Trudeau aura été au pouvoir pendant 10 ans. Normalement, c’est le moment où l’on se débarrasse des Mulroney, des Chrétien et des Harper. »

Il reste que le nouveau chef conservateur a suscité des attentes considérables chez bon nombre de ses supporteurs. Et la difficulté de répondre à toutes ces attentes pourrait un jour le rattraper.