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Dans cet article, l’auteur insinue que les minorités ne sont pas inscrites sur la liste électorale au même titre que les Noirs aux États-Unis et qu’il faut se mobiliser pour inscrire les minorités et contrer cette grande injustice. C’est une insulte à la démocratie du Québec et du Canada que de prétendre qu’elle est comparable à celle des États-Unis.

Sylvie Gagnon

L’auteur d’une lettre publiée dans la section Débats de La Presse la semaine dernière se penchait sur la réticence des minorités à exprimer leur vote⁠1.

Même si le taux de participation des immigrants reste trop faible, il faut souligner que la situation du Québec est différente de celle des États-Unis, où les électeurs ont bien des embûches pour s’inscrire sur la liste électorale.

Chez nous, Réfugiés et Citoyenneté Canada transfère automatiquement à Élections Québec les données des nouveaux Canadiens, avec leur consentement, dès que ceux-ci obtiennent leur citoyenneté, pourvu qu’ils répondent aux critères (18 ans et plus, au Québec depuis six mois, etc.) ⁠2.

Élections Québec estime que 95 % de la population qui a la qualité d’électeur est effectivement inscrite sur la liste électorale.

Mais le Québec n’échappe pas au déclin du taux de participation qu’on observe dans bien des démocraties occidentales. Ainsi, le taux de participation aux élections générales, qui s’élevait à 78 % en 1998, avait fondu à 66 % lors des dernières élections de 2018.

Pourtant, Élections Québec ne reste pas les bras croisés. Avant les élections, il envoie à chaque domicile un exemplaire papier du Guide pour les élections provinciales, en version bilingue française/anglaise. Sur le site web, ce guide est traduit en plusieurs langues, notamment des langues autochtones.

À l’approche des prochaines élections prévues le 3 octobre, Élections Québec lancera aussi une campagne publicitaire dans tout le Québec pour rejoindre l’ensemble des électeurs.

Depuis 1996, il offre aussi le programme Je vote au Québec pour permettre aux nouveaux arrivants de se familiariser avec le système électoral québécois⁠3.

Destiné notamment aux écoles de francisation et aux organismes communautaires qui œuvrent auprès des personnes immigrantes, le programme offre une trousse d’animation autoportante et un accès aux services-conseils de l’équipe du Service de l’éducation à la démocratie.

Fort bien. Mais il reste du travail à faire, car le taux de participation des électeurs nés à l’extérieur du Canada a été 20 points de pourcentage en dessous de celui des électeurs nés ici, aux élections de 2018, selon un cahier de recherche de la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval4.

Pourquoi ? Les immigrants ont parfois du mal à s’intégrer à la vie politique de leur terre d’accueil, notamment en raison d’une plus grande précarité économique et sociale. Les Néo-Canadiens issus de pays autocratiques auraient aussi moins tendance à participer à la vie politique.

1. Lisez la lettre 2. Renseignez-vous sur la liste électorale 3. Consultez le programme Je vote au Québec 4. Consultez le cahier de recherche