Diplomates, historiens de l'art ou spécialistes en mécanique du bâtiment? Un peu de tout cela. Portrait du directeur de lieux de tournage Pierre Blondin.

«Ce n'est pas un métier glamour. Dans les galas, on parle des meilleurs décors, costumes, réalisation, son... Mais notre poste est dans l'ombre et sur le terrain. Il faut beaucoup l'aimer pour le faire.»

Fort occupé, Pierre Blondin travaille actuellement sur la série Blood & Treasure, produite par CBS, qui sera diffusée à l'été 2019. L'an dernier, il était le location manager de la série The Truth About the Harry Quebert Affair, réalisée par Jean-Jacques Annaud et mettant en vedette Patrick Dempsey.

Le premier film pour lequel il a été appelé à repérer des lieux de tournage: Coup de chance, réalisé par Pierre Aknine en 1991 avec Marcel Leboeuf et Roland Giraud.

«C'est un métier qui a beaucoup évolué, qui est devenu de plus en plus complexe avec une plus grande part de responsabilités.»

Comment devient-on directeur de lieux de tournage? «Il faut de longues études en architecture, en histoire de l'art, en droit, en assurance», lance à la blague Pierre Blondin.

Il doit aussi avoir des bases de «mécanique du bâtiment». Pour la superproduction 300, qui mettait en vedette Gerard Butler, Pierre Blondin a dû trouver une entreprise qui acceptait de remplacer en 24 heures les têtes de plus de 450 gicleurs dans un vieil immeuble. «C'était une demande du Service des incendies, raconte-t-il. Le lendemain, c'était fait. Mais la production m'a dit qu'il fallait installer un autre système de gicleurs pour les scènes du décor en haut de la ville de Sparte.»

Pas toujours simple

Pierre Blondin plaide pour une plus grande accessibilité des lieux qui seraient propices aux tournages. «Les contrats de location sont devenus plus pointus, indique-t-il. Il y a quelques lieux où tu n'as besoin que d'un coup de téléphone pour aller tourner. Mais il y a aussi beaucoup d'inquiétude et de méfiance.»

Emprunter un avion aux Forces armées canadiennes? Pratiquement impossible. À l'inverse, l'armée américaine a carrément un bureau à Hollywood.

Négocier des scènes de train avec le CN et le CP? «C'est perdre son temps.»

Pour The Truth About the Harry Quebert Affair, Pierre Blondin a parcouru en voiture la Côte-Nord et le Bas-du-Fleuve. Il tournait pratiquement dans chaque rue qui le menait vers le bord de l'eau. Il a finalement trouvé la plage qu'il cherchait à Forestville. «L'accueil a été extraordinaire. Les gens sur place et la mairesse, tous nous ont dit: ‟vous aurez tout de nous", et ils ont tenu promesse.» Le réalisateur Jean-Jacques Annaud a même été accueilli au champagne.

Le meilleur sentiment d'un directeur de lieux de tournage? «Quand tu trouves un lieu et que tu y es aimé.»

Dans sa filmographie 

- Pawn Sacrifice

- 300

- Cold Blood

- The Mummy: Tomb of the Dragon Emperor

- Taking Lives