Les vétérans Ron Clements et John Musker, à qui l'on doit la relance du studio Disney à la fin des années 80, sont à la barre de Moana, le 56long métrage d'animation produit par la célèbre société. Ils nous entraînent au coeur de la mythologie entourant les îles du Pacifique Sud.

L'INSPIRATION

Pour élaborer ce nouveau film, Ron Clements et John Musker se sont inspirés cette fois de légendes polynésiennes, issues d'un mystère survenu dans les îles de l'Océanie il y a des siècles. Le récit est construit autour de la mission que s'est donnée une jeune fille « choisie » par l'océan, Moana, d'explorer la mer au-delà des limites de son île. Et ainsi délivrer son peuple d'un mauvais sort jeté sur lui il y a 1000 ans...

DWAYNE JOHNSON RETROUVE SES RACINES

Dans l'esprit de Ron Clements et John Musker, l'idée d'offrir à Dwayne Johnson le rôle de Maui, un demi-dieu qui aidera Moana dans sa quête, s'est imposée très vite. « Dwayne est en soi un personnage plus grand que nature, mais au-delà de son charisme naturel, nous savions que grâce à ses racines samoanes, il comprendrait l'esprit du récit mieux que personne, ont confié les réalisateurs à La Presse. Il s'est d'ailleurs beaucoup investi dans ce film. Nous avons fait des séances d'enregistrement dans toutes les villes où se trouvaient ses plateaux de tournage ! »

Le principal intéressé, désormais l'acteur le mieux payé au monde (ses films ont engendré des recettes de plus de 2 milliards de dollars), a déclaré de son côté avoir vécu une expérience émouvante. « Ça m'a rappelé mes racines, les histoires que me racontait ma grand-mère, a-t-il dit au cours d'une conférence de presse tenue à Los Angeles. On retrouve aussi dans ce film l'esprit Aloha, très présent dans la culture polynésienne. Et puis, ce rôle m'a permis de relever un défi différent, et même de pousser la note ! Chanter dans un film de Disney, avec tout le poids de la tradition, ça met quand même la barre haut ! Je me suis amusé comme jamais au cours de ma carrière. »

DE HAMILTON À MOANA

Lin-Manuel Miranda est devenu l'une des stars de Broadway grâce à Hamilton, une comédie musicale qu'il a écrite et composée, et dont il a tenu le rôle principal. Son discours à la soirée des Tony Awards (« Love is love is love is love... »), livré au lendemain de la tuerie homophobe d'Orlando, a marqué les esprits. Les créateurs de Moana ont toutefois approché l'artiste bien avant le succès de son spectacle. 

« J'ai commencé à travailler sur les chansons de Moana avant Hamilton, fait-il remarquer. J'ai mené les deux projets de front pendant un moment. Quand on me demande comment je suis arrivé à faire tout ça en même temps, je réponds que je me pose la même question. Jusqu'à ce que je voie toutes les mises en ligne que Dwayne fait sur Instagram à 6 h du matin ! Plus sérieusement, Moana m'a donné l'occasion de me sortir un peu de toute la folie qui a entouré Hamilton. Quand je me suis assis une première fois au piano pour composer une chanson de Moana, je me suis simplement donné comme règle de ne pas trop penser à Let It Go ! »

UNE JEUNE POLYNÉSIENNE

La comédienne choisie pour prêter sa voix au personnage principal du film est Auli'i Cravalho, une jeune fille de 15 ans, non professionnelle, choisie parmi une ribambelle d'actrices vues en audition.

Mlle Cravalho, née à Hawaii, a pourtant hésité avant de consentir à faire des essais. « Ceci est d'ailleurs mon tout premier emploi ! lance-t-elle. J'en suis très heureuse, car je me suis retrouvée à travailler avec les meilleurs au monde dans ce domaine. Je suis surtout ravie du fait que ce film rend hommage à la culture dans laquelle j'ai baigné toute ma vie. Si je décide de continuer à exercer ce métier, je le ferai toujours en tant que Polynésienne. »

HONNEUR À LA CULTURE DES PEUPLES DE L'OCÉANIE

« Du moment où nous avons eu l'idée, jusqu'à aujourd'hui, nous aurons consacré cinq ans de notre vie à ce film, font remarquer les réalisateurs, Ron Clements et John Musker. Nous avons d'abord lu plein d'ouvrages sur la Polynésie, particulièrement ceux qui font écho à la mythologie des îles de l'Océanie, et à ce personnage, Maui, toujours très présent dans cette culture. Nous avons lancé l'idée à John Lasseter, le directeur artistique, et il nous a immédiatement demandé d'approfondir nos recherches en nous rendant sur place. Nous sommes allés aux îles Fidji, à Tahiti, à Samoa et dans plusieurs autres îles. Ç'a été un voyage immersif qui, honnêtement, nous a profondément marqués. Évidemment, Moana reste un film d'animation, mais nous avons vraiment pris soin de faire nos devoirs et de faire honneur à la culture de ces peuples. Pour l'instant, tout nous indique que les Polynésiens sont fiers du film. Ils aiment aussi l'idée que leur culture voyagera partout dans le monde. »

UNE CONTROVERSE

Le studio Disney a dû faire face à une controverse récemment à propos d'un costume d'Halloween inspiré de Maui, un personnage vénéré dans la culture traditionnelle polynésienne. Parsemé de tatouages et arborant la couleur de peau du personnage, le costume a été dénoncé par certains habitants des îles de l'Océanie, accusant le studio d'appropriation culturelle.

Suite à ces plaintes, Disney a immédiatement retiré tous les produits reliés à Maui de son inventaire. « Nous regrettons que ce costume ait pu offenser certaines personnes et nous leur offrons nos plus sincères excuses », a-t-on pu lire dans un communiqué officiel.

UNE ÉVOLUTION SOCIALE

Le monde de l'animation a beaucoup changé depuis l'époque de La petite sirène.

Non seulement sur le plan technologique, mais aussi sur le plan culturel. « Quand on fabrique un film de Disney, l'enjeu est de faire écho au progrès social tout en gardant à l'esprit que le film doit s'inscrire dans le temps de façon intemporelle, indique Ron Clements. On essaie de faire en sorte qu'il garde sa pertinence et qu'il ne soit pas complètement déphasé dans cinq ans. Il est toutefois évident que les films suivent l'évolution sociale, particulièrement dans le cas des héroïnes. De Blanche-Neige, qui a été la toute première, jusqu'à Moana, on peut pratiquement suivre l'évolution sociale des femmes à travers les décennies. Il y a aussi une grande tradition chez Disney, mais le poids de cette tradition n'est quand même pas trop lourd. En tant que réalisateurs, nous pouvons faire écho à notre propre sensibilité, à nos propres préoccupations. »

ANTHONY KAVANAGH, VOIX FRANÇAISE

Le studio Disney a confié à Anthony Kavanagh le soin de créer la voix du demi-dieu Maui dans les versions destinées à la France et au Québec. Bien que ces deux versions soient différentes, y compris sur le plan de la distribution, l'humoriste québécois n'a enregistré qu'une seule piste. Les seules modifications apportées à sa partition découlent du fait que le personnage principal, Moana, garde le même prénom dans la version québécoise. En France, la jeune fille se prénomme Vaiana.

UNE RÉFÉRENCE À... MAD MAX !

L'une des scènes épiques de Moana a été inspirée par... Mad Max : Fury Road, le film de George Miller sorti l'an dernier. Il s'agit d'un combat mené par de petites créatures féroces, revêtues d'armures en noix de coco. « J'adore George Miller, explique John Musker. Je suis un admirateur depuis The Road Warrior, que j'ai vu avant même le premier Mad Max. Quand Fury Road est sorti, nous avons trouvé la scène de combat tellement remarquable qu'on a tenté de la transposer immédiatement de cette façon-là sur notre planche à dessin. Et ça fonctionnait. C'est une sorte d'hommage ! »

Moana prendra l'affiche le 23 novembre 

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.

Image fournie par Disney 

Moana doit délivrer son peuple d'un mauvais sort jeté sur lui il y a 1000 ans...

Image fournie par Disney 

Le personnage de Maui, un demi-dieu qui aidera Moana dans sa quête.