Entre Toronto et Paris, l'équipe de Juste la fin du monde a fait une brève escale à Montréal. Flanqué notamment de Nathalie Baye, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel, Xavier Dolan a rencontré hier les médias québécois.

Au lendemain d'une première québécoise tenue au Théâtre Outremont, Xavier Dolan et quelques autres membres de son équipe - incluant trois des acteurs de sa distribution cinq étoiles - se sont prêtés au traditionnel exercice de la conférence de presse.

Juste la fin du monde, son sixième long métrage, a obtenu le Grand Prix du Festival de Cannes (le deuxième laurier en importance) le printemps dernier. Aux yeux du cinéaste, cette adaptation cinématographique de la pièce de Jean-Luc Lagarce constitue son plus beau film.

«C'est ce que j'ai dit lors de la présentation à Cannes et je le pense toujours, fait-il remarquer. Je le dis sans aucune arrogance.»

«J'ai ce sentiment parce qu'il s'agit du film le plus entier, du film dans lequel tous les éléments - le scénario, la photo, la musique, le jeu des acteurs - s'harmonisent simultanément. Il y a là une vraie unité.»

Rappelant aussi comment il avait redécouvert la pièce de Lagarce après avoir remisé dans un tiroir cette suggestion de lecture d'Anne Dorval une première fois il y a plusieurs années, Xavier Dolan voit la possibilité de porter la langue de l'auteur comme un privilège.

«Quand j'ai lu cette pièce il y a cinq ou six ans, le déclic ne s'est pas fait, raconte-t-il. Ce n'est qu'après Mommy, après avoir rencontré Gaspard [Ulliel] et Marion [Cotillard] que l'idée m'est venue de relire ce texte. Je voulais travailler de nouveau avec Nathalie [Baye] aussi. La maturité aidant, toutes les choses que je n'arrivais pas à saisir lors de la première lecture me sont alors apparues. La grande qualité de Lagarce est de savoir dessiner des personnages loquaces et fragiles, qui cachent de grandes blessures.»

Un artiste absolu

Les acteurs ont de leur côté loué les qualités d'un metteur en scène dont le cerveau est toujours en ébullition, un cinéaste qui peut rapidement bien faire les choses sans les bâcler.

«Xavier est un immense artiste. Un artiste pur, absolu!», croit Nathalie Baye.

En pause du tournage de The Death and Life of John F. Donovan, dont la deuxième partie se tournera en Europe le printemps prochain, Xavier Dolan fera assurément l'impasse sur le prochain Festival de Cannes, par la force des choses. L'expérience de cette année a visiblement laissé des traces, même si elle s'est soldée par l'obtention du prix le plus important jamais remporté par un film québécois sur la Croisette. Juste la fin du monde, rappelons-le, a été sévèrement malmené par plusieurs médias de référence aux États-Unis.

«Tous les films polarisent à Cannes, souligne Xavier Dolan. Les amours imaginaires et Laurence Anyways avaient aussi divisé la presse cannoise. J'aime lire les critiques parce qu'elles constituent pour moi un apprentissage. La différence, cette fois-ci, c'est que j'ai lu des critiques sur ma personne. C'est très pénible.»

Juste la fin du monde prendra l'affiche le 21 septembre.