Moins d'un an après Gone Girl, voici qu'une nouvelle adaptation d'un roman de Gillian Flynn arrive sur nos écrans. Une autre histoire de famille tordue, Dark Places se déploie aussi à travers des récits concurrents dans lesquels il est difficile de démêler le vrai du faux.

Il ne faudrait pas pour autant comparer Dark Places au film de David Fincher, soutient le réalisateur français Gilles Paquet-Brenner. «Les deux films sont par nature très différents, dit-il. Gone Girl était un très gros film grand public, un film de studio, qui était quasiment une comédie. Alors que Dark Places est super dark et un peu plus lent.»

Campé dans le Midwest, Dark Places raconte l'histoire de Libby Day (Charlize Theron), une femme dont la mère et les deux soeurs ont été brutalement assassinées lorsqu'elle avait 7 ans. Ses souvenirs du soir du meurtre sont imprécis, mais ont suffi à mettre son frère Ben (Corey Stoll) derrière les barreaux en 1985. Un verdict que Libby sera forcée de remettre en question après sa rencontre avec un détective en herbe (Nicholas Hoult) obsédé par l'affaire.

Le passé au présent

Gilles Paquet-Brenner a eu envie d'adapter le roman de Gillian Flynn après l'avoir lu lors de sa sortie en France. En plus du mystère du meurtre de la famille Day, le réalisateur affirme avoir été fasciné par le monde décrit dans le livre, celui du Midwest des années 80 et de ses fermes en crise.

«[Quand j'ai lu le livre], on était en pleine crise des subprimes, avec toutes les saisies immobilières qu'il pouvait y avoir aux États-Unis. Il y avait une espèce de résonance qui faisait que l'histoire était très, très, très actuelle.»

Le passé et le présent se répondent d'ailleurs constamment dans Dark Places. L'enquête de Libby est en effet entrecoupée de retours en arrière qui racontent la journée des meurtres et mettent en lumière les multiples incidents qui ont servi de catalyseur aux événements.

La rencontre du passé et du présent était aussi au coeur du film précédent de Gilles Paquet-Brenner, Elle s'appelait Sarah. «Effectivement, c'est un sujet qui commence à devenir plutôt envahissant dans ma filmographie, mais c'était complètement par hasard... J'imagine que ça me touche, forcément, mais là on est vraiment dans le domaine de la psychanalyse», dit-il en riant.

Un budget serré

Bien que le budget de Dark Places soit plus élevé que ceux de certains des films qu'il a faits en France, Gilles Paquet-Brenner a dû composer avec des ressources limitées. «J'ai fait des films en France pour 4 millions d'euros et j'avais plus d'argent que sur Dark Places... Il y a tellement d'argent qui part ailleurs que sur l'écran dans un film américain!»

Le réalisateur dit avoir tout mis en oeuvre pour protéger ses acteurs de ces considérations. «C'est moi que ça a le plus affecté, parce que, parfois, je ne pouvais pas tourner de manière aussi élaborée que je l'aurais voulu...» Le cinéaste cite en exemple une scène où des vaches sont tuées dans un sacrifice satanique, qui a dû être tournée de façon moins explicite que prévu. «Mais ça fonctionne pas mal, parce que la scène normalement est très graphique... Je l'avais trouvée trop violente, et pourtant, je ne suis pas facilement impressionnable!»

D'autres scènes, comme le meurtre de la famille Day, sont toutefois montrées de manière moins sanglante pour des raisons bien différentes.

«Le problème, c'est qu'on tue des enfants. Du coup, j'estime que c'est mon devoir de ne pas montrer ça de manière trop crue.»

Le budget limité et le sujet très sombre n'ont toutefois pas affecté l'ambiance sur le plateau. Les vedettes du film, Nicholas Hoult et Charlize Theron, avaient déjà joué ensemble dans Mad Max: Fury Road, ce qui leur avait déjà permis de développer une certaine complicité. «Ils s'adorent vraiment! Alors tout le monde était d'extrême bonne humeur sur le plateau!», assure le réalisateur, dont le prochain projet devrait être une adaptation d'Agatha Christie.

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Dark Places (Les lieux sombres) prend l'affiche le 7 août.