Trois ans après le succès de The Best Exotic Marigold Hotel, qui a causé une heureuse surprise dans le milieu du cinéma, personne ne s'est fait prier pour remettre le couvert. Surtout pas dame Judi Dench.

On a parfois tendance à l'oublier, tellement elle fait maintenant partie de notre paysage cinématographique. Mais dame Judi Dench était pratiquement inconnue des cinéphiles, il n'y a même pas 20 ans. Quelques petits rôles ici et là au cinéma, parmi lesquels celui de «M» dans l'univers de James Bond, à la faveur d'une entrée discrète dans Golden Eye en 1995.

«Avant cela, je jouais essentiellement au théâtre, a-t-elle expliqué récemment au cours d'une rencontre de presse tenue à Londres. J'étais à l'Old Vic depuis 1957. J'ai joué beaucoup de Shakespeare et de pièces classiques. C'est ce que je connaissais.»

En 1997, un film d'abord tourné pour la télévision britannique allait pourtant changer le destin de cette actrice d'exception. Mrs. Brown, réalisé par John Madden, a en effet eu droit à une sortie en salle et a valu à l'actrice sa première nomination aux Oscars. 

En 17 ans à peine, elle sera sélectionnée six fois de plus. Elle mettra en outre la main sur la précieuse statuette dorée grâce à une courte - mais ô combien percutante - performance dans Shakespeare in Love.

«Nous avons tourné Mrs. Brown en 21 jours en vue d'une présentation à la télévision à Pâques, rappelle-t-elle. Quand Harvey Weinstein [directeur de la société Miramax, à l'époque] a vu le film, il a déclaré qu'il fallait montrer ça sur grand écran. C'était complètement inattendu. Mrs. Brown et Harvey Weinstein m'ont donné une carrière au cinéma. Cela dit, cela ne changeait rien sur le plan personnel. Je mène ma vie de la même façon.»

Une constance dans la carrière cinématographique de la grande dame: la présence du cinéaste John Madden. 

Après Mrs. Brown, l'actrice lui avait écrit une lettre dans laquelle elle disait souhaiter jouer le moindre rôle dans n'importe lequel de ses films, même celui d'une femme qui balaie son perron en arrière-plan d'une scène. 

«Il m'a rappelé la teneur de cette lettre quand il m'a offert de jouer dans Shakespeare in Love en me disant que c'était un rôle très court, dans lequel tout ce que j'avais à faire était de porter une grande robe d'époque!», a-t-elle raconté.

Il y a quatre ans, Judi Dench a pu retrouver son réalisateur de prédilection lors du tournage de The Best Exotic Marigold Hotel

Dans ce film choral, où elle donne la réplique à quelques-uns des plus illustres acteurs britanniques (notamment Maggie Smith), Judi Dench incarnait Evelyn. Ayant hérité de dettes dont elle ne soupçonnait pas l'existence, cette veuve s'était rendue en Inde en compagnie de quelques compatriotes du même âge pour tenter de se faire une nouvelle vie.

«Je crois que ce qui a plu aux gens, c'est de voir à l'écran des personnes âgées qui n'abandonnent pas, qui prennent leur vie en main, fait remarquer l'actrice. 

«Or, cela va à l'encontre de l'image qu'on véhicule habituellement sur la vieillesse. Comme s'il fallait baisser les bras et ne plus avoir droit à rien. Ni à l'amour, ni au droit d'opinion, ni à son indépendance. Les personnages du film ne font pas ce que la société attend d'eux.»

La même équipe

Toujours écrit par Ol Parker, qui s'était d'abord inspiré du roman à succès de Deborah Moggach These Foolish Things (Ces petites choses), The Second Best Exotic MarigoldHotel (Bienvenue au Marigold Hotel 2 en version française) réunit pratiquement la même équipe, tant devant que derrière la caméra. Personne ne s'est fait prier pour reprendre du service.

«Si on t'offre d'aller en Inde pendant huit semaines, tu n'hésites pas. Tu y retournes!», précise Judi Dench.

Déjà «ensorcelée» par un premier séjour là-bas au moment du tournage du premier volet, l'actrice n'en a que plus apprécié ce deuxième passage à vie dans le sous-continent indien.

«Au plaisir de revoir un pays fascinant et d'y vivre pendant quelques semaines s'est ajouté celui de retrouver plein de gens dont nous avions déjà fait la connaissance il y a quelques années, dit-elle. C'était une joie de retrouver l'équipe indienne.»

Contrairement à ce qui s'était passé la première fois, dame Judi Dench n'a pas eu trop de mal à trouver ses marques. Dans la mesure où elle a su mettre la distance nécessaire entre sa personne et le personnage.

«Il y a quatre ans, une fois qu'on m'a habillée, maquillée et coiffée pour aller sur le plateau, je me suis regardée dans le miroir et je n'ai pas trouvé Evelyn. Je ne voyais que moi. C'était très troublant. Je n'aime pas du tout jouer des personnages qui me ressemblent. Mais là, ça va! Et si jamais il y a un troisième volet, je suis partante!»

Les frais de voyage ont été payés par Fox Searchlight.