La comédienne et ex-mannequin Mélanie Thierry n'a pas eu peur d'aller creuser dans des émotions viscérales pour incarner une détenue nouvelle maman dans Ombline, film bouleversant qui se déroule dans l'univers violent d'une prison pour femmes.

Le tournage d'Ombline remonte à il y a environ trois ans, mais Mélanie Thierry s'en souvient très clairement. « En fait, je doutais de ma capacité de jouer une détenue en colère et violente. Mais le réalisateur Stéphane Cazes conna ît bien cet univers puisqu'il y donne souvent des stages. Je l'ai donc suivi et j'ai rencontré des prisonnières. Là, je me suis rendu compte qu'elles sont loin d'être toutes des monstres, qu'on se fait une fausse idée d'elles parce c'est lointain et qu'on ne s'en soucie pas. » Surtout, Mélanie Thierry est ressortie de cette expér ience avec la certitude qu'el le aussi pourra it se retrouver dans la même situation du jour au lendemain.

« Rencontrer le mauvais mec, vivre une période de fragilité, en quelques instants un destin peut basculer. Elles ne sont pas si loin de moi. » La comédienne s'est sentie ensuite responsable du film et a voulu rendre justice à ces « femmes fabuleuses, attachantes et émouvantes » qui lui ont confié leurs secrets et qui l'ont changée. « J'ai été émue par leur destin et j'ai voulu leur donner vie. » Dans le film, son personnage, Ombline, 20 ans, se retrouve en prison après avoir agressé un policier dans une descente au cours de laquelle son petit ami a perdu la vie.

Elle découvre qu'el le est enceinte en cellule, et une fois le bébé venu au monde, Ombline est transférée dans une aile spécia le qui lui permet de passer les 18 premiers mois de la vie de son fils avec lui. Le petit Lucas devra ensuite être placé dans une famille en attendant que sa mère sorte de prison, et celle-ci vivra constamment avec l'épée de Damoclès de la crainte de se faire retirer la garde de son fils.

Mince ligne

« En prison, il faut savoir se défendre, rappelle Mélanie Thierry. On est bien obligé si on veut survivre. Mais on n'a pas de deuxième chance : une erreur peut être fatale et annuler tous nos efforts pour ne pas faire de faux pas. » Ombline devra manoeuvrer sur cette mince ligne entre l'autodéfense et la nécessité de bien se comporter. Elle doit ainsi contrôler son agressivité toujours prête à exploser, ce que rend bien la comédienne avec son jeu vrai, entier et sur le fil du rasoir.

«Ombline a grandi comme une plante sauvage, elle ne sait s'exprimer que par la violence. Je n'ai pas ça en moi, je sais par contre que toute maman qui voit son enfant attaqué se transforme en lionne... » Mélanie Thierry avoue que le tournage a été éprouvant : aller remuer des émotions aussi âpres l'a épuisée. « J'ai vraiment pris le personnage à bras-le-corps et ça m'a fatiguée et déprimée. Rien de grave, mais je suis quand même sortie un peu abîmée. »

La jeune maman qu'elle était a d'ailleurs dû travailler avec des petits bébés à qui elle devait faire bien attention. « Dans mon personnage, j'étais parfois dure, je devais parler fort, crier. Alors pendant les pauses, je m'en occupais beaucoup, je les tenais dans mes bras pour les rassurer et établir une relation de confiance. J'avais parfois l'impression d'être une aide maternelle ! » Au b ou t du c ompt e , Ombline sera d'une certaine manière « sauvée » par son fils. « Il lui donne la foi et une raison de se battre. C'est sa seule chance de survie. »

Une chance à laquelle elle a l'instinct de s'accrocher, tout en aimant et stimulant sans relâche son bébé. Reste qu'Ombline apprendra à la dure son job de maman et que donner naissance en prison demeure une expérience contre-nature. « Même en liberté, c 'est dur d'avoir un bébé. Tous nos repères sont chamboulés. Alors imaginez entre quatre murs, sans soutien, sans conjoint, comment on peut faire ça sereinement ? Sans compter la culpabilité de ne pas pouvoir donner à son enfant une enfance normale, que c'est de notre faute s'il est enfermé plutôt que d'être en train de gambader au parc. »

Photo fournie par Para-Z-Films