S'il devait répéter l'expérience demain matin, Stéphane Rousseau plongerait dans l'aventure Astérix aux Jeux olympiques exactement de la même façon, avec le même enthousiasme. Selon lui, cette superproduction française remplit parfaitement le mandat «familial» qui lui a été donné.

La poussière a eu le temps de retomber un peu depuis le lancement houleux d'Astérix aux Jeux olympiques l'hiver dernier. Malgré les énormes moyens qui ont été mis en place, dont un lancement simultané sur plus de 6000 écrans en Europe, le succès obtenu par cette superproduction n'a pas tout à fait été à la hauteur des (énormes) attentes. Cela dit, la carrière publique du film a été fort respectable. Dans toute l'Europe, Astérix a attiré environ 18 millions de spectateurs.

En France, le plus gros écueil auquel les concepteurs de ce troisième opus ont eu à faire face a peut-être été le succès du film précédent, devenu alors, par la force des choses, l'inévitable point de comparaison. Sur ordre d'Albert Uderzo, ulcéré par l'aspect iconoclaste du Mission Cléopâtre d'Alain Chabat, ce nouveau chapitre devait obligatoirement être différent de facture et de ton.

Plusieurs mois plus tard, ce film, qui a déjà fait couler beaucoup d'encre dans la presse québécoise (une délégation de journalistes, parmi laquelle le représentant de La Presse, se trouvait à Paris au moment du lancement), s'apprête enfin à prendre l'affiche sur les écrans de la Nouvelle-Gaule. Et c'est un enfant du pays, Stéphane Rousseau, qui en assure au Québec le «service après-vente».

L'humoriste québécois soutient le film sans réserve. Il se fait d'entrée de jeu très clair là-dessus. «Je me suis amusé comme un fou là-dedans. Il s'agissait pour moi d'une occasion unique de participer à une superproduction d'envergure. Je répéterais l'expérience demain matin si on me le demandait. Exactement de la même façon. Enfin peut-être pas, ajoute-t-il en souriant. Idéalement, je crois qu'il vaudrait mieux une personne à la réalisation plutôt que deux. Deux chefs sur un plateau, c'est vraiment pas évident!»

Un projet gigantesque
Le producteur Thomas Langmann cosigne en effet le scénario et la réalisation de ce film avec son complice Frédéric Forestier. Les deux hommes se sont retrouvés à tenir les rênes d'un projet gigantesque, duquel font aussi partie de nombreuses vedettes. Leurs indications étaient, semble-t-il, parfois contradictoires. Les rumeurs de tension entre réalisateurs et acteurs se sont répandues comme une traînée de poudre pendant le tournage.

«Évidemment, il s'agissait pour moi d'une toute première expérience dans ce genre de production, explique Rousseau. Il aurait été bien téméraire de ma part d'arriver là, moi l'outsider du Québec, et d'imposer mes vues. Benoît Poelvoorde y est arrivé parce que, d'une part, c'est Poelvoorde. Il a un type de personnalité bien particulier et le rôle qu'il campait lui permettait un peu plus de folie. De mon côté, je devais avant tout faire passer l'aspect romantique de mon personnage de jeune premier. Quand j'arrive sur un plateau, je n'ai évidemment pas le même poids que Delon ou Depardieu.»

«Et puis, ajoute-t-il, il s'agit de leur film, de leur vision. Tu dois fonctionner selon des paramètres préétablis. Il n'y a pas de place pour l'improvisation sur un plateau où chaque journée de tournage coûte 500 000 euros! La latitude dont dispose l'acteur n'est vraiment pas très grande. Dans mon cas, le rôle était aussi plus mince, même si Alafolix est très présent à l'écran.»

Astérix aux jeux olympiques a beau marquer l'entrée d'un nouvel Astérix dans le décor (Clovis Cornillac se glisse cette fois dans la peau du célèbre guerrier gaulois), il reste que le héros, flanqué du fidèle Obélix (Depardieu reprend le rôle), cède pratiquement la place aux autres. Le récit s'attarde en effet beaucoup plus aux deux personnages autour desquels tourne l'intrigue: Brutus (Poelvoorde), le fils mal aimé de César (Alain Delon), et Alafolix (Rousseau), jeune athlète gaulois qui en pince pour Irina (Vanessa Hessler), une splendide princesse grecque sur laquelle le vil Romain jette aussi son dévolu.

L'acteur québécois, porte-drapeau de l'équipe de la Gaule, est ainsi loin de faire de la simple figuration. Le personnage qu'il incarne est en effet celui dont on suit la trajectoire, jusqu'à la fameuse course de chars «olympique». Dont le résultat scellera une fois pour toutes le destin sentimental d'Irina et d'Alafolix.

«Le personnage est unidimensionnel et j'en suis parfaitement conscient, observe Rousseau. J'aurais parfois eu envie de m'éclater comme mes camarades mais dès que je tentais quelque chose d'un peu plus fou, on me ramenait gentiment à l'ordre en disant: Stéphane, n'oublie pas que tu es le grand amoureux dans cette histoire!»

Un public plus familial
Rencontré au moment du lancement du film, Thomas Langmann n'hésitait d'ailleurs pas à dire que Rousseau avait hérité du rôle le plus difficile de tous.

«Stéphane est entouré de vedettes qui, elles, ont des rôles très payants, faisait-il alors remarquer. Nous avons d'ailleurs eu beaucoup de difficulté à trouver notre Alafolix. J'avais évidemment adoré Les invasions barbares, mais jamais je n'aurais pensé un seul instant à cet acteur-là pour notre film. Puis, j'ai vu Stéphane dans une interview à la télé et l'idée a commencé à faire son chemin. Je suis ensuite allé le voir sur scène à deux reprises et je n'ai alors plus eu aucun doute. Il a la gueule, la candeur, l'humour et l'humilité qui convenaient parfaitement au personnage. Vanessa et lui forment un couple formidable. Ces deux-là semblent sortir tout droit d'un conte de Disney!»

À cet égard, Stéphane Rousseau estime qu'Astérix aux Jeux olympiques remplit fort bien son mandat, dans la mesure où il est le résultat d'une volonté très nette de recentrer la franchise vers un public plus familial.

«Il faut voir ce film avec un coeur d'enfant, suggère-t-il. De notre côté, il n'était pas question de reprendre l'esprit de Mission Cléopâtre. Là était le défi. C'est sûr qu'il aurait été plus agréable pour nous d'avoir aussi l'appui de la critique mais ce ne fut pas le cas. Quoi qu'il en soit, cette expérience reste pour moi toujours aussi enthousiasmante et j'estime avoir fait ce que j'avais à faire.»

Alea jacta est comme dirait le père de Brutus.

Astérix aux Jeux olympiques, présenté lors de la soirée d'ouverture du Festival de cinéma Juste pour rire, prend l'affiche partout mardi.

Stéphane Rousseau : Alafolix
«Un Québécois porte-drapeau de la Gaule? C'est bien tout ce qu'ils méritent! Peut-être les Gaulois s'exprimaient-ils même avec un accent plus près du nôtre! Qui sait?»

Benoît Poelvoorde : Brutus
Au moment de cette rencontre de presse à Paris, Benoît Poelvoorde, l'interprète du fils de César (et rival d'Alafolix), n'avait pas encore vu le film.

«Je ne ressens aucune pression car Brutus n'est pas le héros de cette histoire. Or, depuis ce matin, les journalistes ne cessent de me répéter que le film devrait s'intituler Brutus aux Jeux olympiques! Cela ne me réjouit pas du tout. Parce que si le film se prend une tôle, ce sera de ma faute!»

Clovis Cornillac : Astérix
Après Christian Clavier, qui a incarné le plus futé des guerriers gaulois dans les deux premiers films, Clovis Cornillac interprète le célèbre personnage pour la première fois.

«Je savais parfaitement à quoi m'attendre. Si jamais ce film est un succès et qu'on songe à un quatrième chapitre, il y a de bonnes chances qu'on me propose le rôle de nouveau. En revanche, si le film ne répond pas aux attentes, il faudra alors choisir un autre acteur. Et je serai le premier à le dire!»

Vanessa Hessler : La princesse Irina
Cette jeune Italienne, dont le père est américain, a d'abord été connue en Europe grâce à une campagne publicitaire pour un fournisseur de services internet. Elle campe ici son premier rôle au cinéma.

«Même si ma voix est doublée dans le film, j'ai quand même dû apprendre le français en deux mois. Comme je partais de zéro (je n'avais aucune connaissance de cette langue auparavant), j'estime que cela ne s'est pas trop mal passé!»