Sous la direction de Ridley Scott, l'acteur a dû trouver en lui des ressources insoupçonnées...

Absent des écrans depuis Blood Diamond, pour lequel il avait obtenu une nomination aux Oscars, Leonardo DiCaprio revient cette année en force avec deux films, qui, de son aveu même, ne pourraient être plus différents, tant dans l'esprit que dans l'approche.

«Le plus marrant, c'est que j'ai dû enchaîner le tournage de Body of Lies tout de suite après celui de Revolutionary Road, a expliqué l'acteur la semaine dernière au cours d'une conférence de presse tenue à Los Angeles. Sur le plateau du film de Sam Mendes, j'ai évolué pendant trois mois dans une atmosphère des années 50, en jouant dans une histoire à caractère intimiste principalement axée sur l'émotion. Kate Winslet et moi avons ainsi discuté de nos sentiments pendant des semaines en explorant toutes les subtilités intérieures de nos personnages. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé dans un drame espionnage éprouvant, dont l'intrigue est campée dans des pays en crise, et où le personnage fonctionne à l'instinct sans pratiquement avoir le temps de rationaliser la situation. La transition n'était vraiment pas évidente à faire!»

Dans le nouveau film de Ridley Scott, qui s'était déjà frotté à ce genre d'univers avec Black Hawk Down il y a quelques années, Leonardo DiCaprio incarne Ferris, un agent secret en poste au Moyen-Orient. Homme de terrain, il s'intègre dans la société dans laquelle il vit, s'exprimant notamment en langue arabe et adoptant le style de vie des habitants.

Recevant ses instructions de Hoffman (Russell Crowe), un vétéran de la CIA qui travaille de sa banlieue de Washington, Ferris doit s'infiltrer au sein d'un groupe soupçonné d'activités terroristes.

«Ce type n'a pas un travail facile et il tente de le faire de la façon la plus intègre possible, même si le contexte est très dur, explique l'acteur. Il doit assurer sa survie, mais il doit aussi composer avec une approche dont il se méfie, dictée par son propre supérieur. Je trouvais ce paradoxe intéressant à la lecture du scénario, tout comme dans le bouquin.»

Un tournage exigeant

Tiré d'un roman écrit par le journaliste David Ignatius, chroniqueur au Washington Post, le scénario, signé William Monahan (The Departed), s'attarde à l'espèce de jeu du chat et de la souris qui s'installe entre l'agent et les individus sur qui il doit recueillir le maximum de renseignements. Une autre dynamique du même genre, cette fois entre le «patron» et son «employé», entre la raison d'État et la réalité sur le terrain pour ainsi dire, figure aussi au coeur du récit.

«C'est probablement le tournage le plus exigeant auquel j'aie participé, commente DiCaprio. Ridley travaille à un rythme très soutenu, et il faut être prêt à toute éventualité. Il y avait aussi quelques cascades difficiles. Surtout, j'ai dû acquérir des notions d'arabe en étant très précis sur les accents. Heureusement, j'ai pu travailler avec de bons coachs à cet égard, même si, malheureusement, j'ai aujourd'hui oublié tout ce que j'ai appris. Travailler pendant trois mois et demi dans un contexte aussi intense est très certainement stimulant pour un acteur. Je ne pourrais toutefois pas qualifier cela de partie de plaisir!»

En guise de préparation, Leonardo DiCaprio s'est évidemment entretenu avec d'anciens agents de la CIA pour tenter de comprendre de l'intérieur la nature du métier de son personnage.

«Ces gens-là évoluent dans une telle culture du secret qu'il est bien difficile de leur soutirer des informations privilégiées. Ce sont toutefois des gens fascinants. J'ai essayé de me préparer au mieux en fonction de ces circonstances.»

Une scène particulièrement marquante, dont nous ne pouvons révéler ici la teneur sans dévoiler l'un des éléments clés du scénario, préoccupait les artisans du film au plus haut point, à commencer par l'acteur lui-même.

«Cette scène est primordiale, dans la mesure où la réussite du film en dépend, explique DiCaprio. Nous en avons beaucoup parlé. Nous l'avons aussi analysée dans tous les sens et sous toutes les coutures. J'ai été malade physiquement pendant trois jours après avoir tourné cette séquence, tellement elle était intense.»

Des retrouvailles avec Russell Crowe

Body of Lies marque aussi les retrouvailles de Leonardo DiCaprio et Russell Crowe, 13 ans après The Quick and the Dead, un film de Sam Raimi dont les têtes d'affiche étaient Sharon Stone et Gene Hackman. Crowe commençait alors à peine sa carrière hollywoodienne. DiCaprio, lui, sortait tout juste de l'adolescence.

«Il y a eu une solidarité naturelle entre Leo et moi, explique Russell Crowe. Il y a évidemment une différence d'âge entre nous, mais comme nous avions alors à peu près le même statut dans le métier, des liens se sont forcément créés. Je dirais que deux choses ont changé dans la vie de Leo depuis cette époque. Premièrement, il peut aujourd'hui boire légalement. En second lieu, il n'est plus vierge!»

Retrouvant Ridley Scott pour la quatrième fois, Crowe a accepté de prendre beaucoup de poids afin de rendre son personnage de vétéran plus crédible.

«Avec Ridley, j'ai accepté la proposition sans pratiquement savoir de quoi il s'agit. J'essaie ensuite d'expliquer pourquoi! Le premier réflexe qu'il a eu en me parlant de ce film a été de me demander si je pouvais me faire à l'idée d'engraisser de 20 à 25 kg! En fait, je vois Hoffman comme un grand joueur de football qui aurait dû réorienter sa carrière à cause de mauvais genoux. Il est lourd mais il a quand même toujours une certaine grâce quand il bouge.»

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Body of Lies (Une vie de mensonges en version française) prend l'affiche le 10 octobre.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.