Deux ans après avoir fait leurs premiers pas dans les costumes de l'inspecteur Clouseau et de son adjoint Ponton, ils reprennent du service. Steve Martin et Jean Reno. Rencontre avec ce dernier qui, dans la franchise The Pink Panther, se voit comme le clown blanc de son copain américain.

«Je suis le saint-bernard derrière ce roquet qui ne fait que des conneries», résume Jean Reno. Pince-sans-rire en tête-à-tête comme en compagnie de Steve Martin et du réalisateur Harald Zwart, il ne lâche pas le rôle de faire-valoir qui est le sien dans l'univers de l'inspecteur Clouseau.

En entrevue à La Presse aussi bien que durant la conférence de presse tenue à New York à l'occasion de la sortie prochaine de The Pink Panther 2, il joue en effet la carte de la discrétion. De la modestie? N'allons pas jusque-là, au risque de devoir la qualifier de fausse: il connaît son potentiel... qu'il ne veut d'ailleurs pas réduire à un seul type de personnages. «Ce n'est pas une chose facile, surtout en Amérique, où on aime bien les «produits». Mais j'ai insisté auprès de mon agent pour pouvoir amener ici une autre vision de moi», dit celui qui n'avait pas envie d'être cantonné au rôle du méchant Français de service.

Le personnage de Ponton a donc été le bienvenu pour lui. «J'avais déjà travaillé pour Sony (note: le studio qui produit The Pink Panther) et quand l'idée est venue de placer un clown blanc aux côtés de Steve Martin, ils ont pensé à moi, aussi parce qu'ils m'avaient vu dans Les visiteurs.»

Un clown blanc, donc. Un faire-valoir. «Être celui qui garde son sérieux pendant que l'autre est en train de se rouler par terre, c'est ça qui est drôle. Voir Clouseau se jeter par la fenêtre, c'est hilarant. Si Ponton le suit, ce ne l'est plus. De toute manière, on ne peut être en compétition avec un comique. Ça crée une ambiance d'horreur qui peut foutre en l'air le film et les gens. On doit faire autre chose.»

Et ça fonctionne, si l'on se fie au succès populaire remporté par le premier long métrage, sorti en 2006 et réalisé par Shawn Levy; de même qu'à l'amitié qui, depuis, lie Jean Reno et Steve Martin. «Nous nous sommes rencontrés à plusieurs niveaux. C'est passionnant de l'entendre parler d'art, de philo. Nous discutons aussi femmes et famille, et, bien sûr, travail d'acteur. Là-dessus, nous ne sommes pas toujours d'accord, il arrive même que nous nous engueulions, mais ce sont toujours des échanges enrichissants», poursuit Jean Reno qui a donc la chance de connaître la partie «cachée» de Steve Martin. Celui qui collectionne l'art, qui a étudié en philosophie, qui écrit pour le New Yorker, qui est dramaturge et scénariste.

À ce sujet, quand il a «pitché» l'idée de ce deuxième volet des (més) aventures de l'inspecteur Clouseau aux bonzes de Sony, Steve Martin leur a rappelé un point crucial: «Les films où je me marie et ceux où je me retrouve en compagnie d'enfants sont d'énormes succès», a-t-il raconté en riant en conférence de presse.

Deam team autour de Clouseau

Ils ont écouté et, oui, il y a tout cela dans The Pink Panther 2 (qu'il a coscénarisé). Devant ce personnage, lequel l'acteur américain est partagé: «Ses... qualités, disons, sont sa maladresse, son égocentrisme, son insignifiance, son arrogance, son manque d'intelligence. Mettez-le dans la même pièce que moi, je m'enfuis! Mais c'est ce qui explique qu'à l'écran, il soit si attachant.»

D'autant plus que ce sont justement ces «qualités» qu'exploite le scénario de The Pink Panther 2: «Clouseau n'est jamais aussi drôle que quand il est entouré de gens compétents et intelligents», ajoute le comédien.

D'où la présence, cette fois-ci autour de lui, d'une dream team composée de la crème des forces policières mondiales afin de mettre la main sur The Tornado, un voleur de haut vol qui s'empare de trésors inestimables - de la bague du pape au fabuleux diamant qu'est le Pink Panther.

Autour de Clouseau, de Ponton, de Nicole (Emily Mortimer) et de l'inspecteur-chef Dreyfus (John Cleese prend ici la relève de Kevin Kline), se retrouvent ainsi des as de la déduction incarnés par Andy Garcia, Alfred Molina, la star de Bollywood Rai Bachchan et Yuki Matsuzaki. C'est la valse des accents. Et ce n'est pas la seule «danse» exécutée dans ce contexte où le comique physique de Steve Martin est exploité au maximum. Sans tenter d'imiter celui de Peter Sellers.

«C'était un génie, et on ne reproduit pas le génie. Ce que nous faisons n'est même pas un hommage à son travail, c'est autre chose», assure Steve Martin qui admet quand même avoir hésité avant d'endosser le rôle pour la première fois. «Ce que fait Steve, croit Jean Reno, c'est s'amuser avec le costume de Clouseau. Un peu comme quelqu'un s'amuserait avec celui de Tintin ou de Lucky Luke. D'ailleurs, la direction prise par la série est plus «réaliste», moins cartoon.» Réaliste, peut-être, mais quand même rose... fiction.

The Pink Panther 2 (La panthère rose 2) prend l'affiche le 6 février. Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Columbia Pictures.