Film silencieux et douloureux, Les sept jours du talion repose sur la performance de ses comédiens: le père devenu bourreau, Claude Legault, le bourreau devenu victime, Martin Dubreuil, et le policier lui aussi victime de violence, Rémy Girard.

 

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Grand complice de Podz, Claude Legault se souvient de la première fois qu'il a lu le scénario des Sept jours du talion. «Je lui ai dit: mais il ne parle pas! Il m'a dit: je sais et il ne parlera pas du film. Je lui ai demandé comment on allait faire, et il m'a dit: je ne sais pas. J'aime mieux un réalisateur qui ne te bullshite pas plutôt qu'un réalisateur qui te laisse en route. De toute façon, j'irais en Irak avec Podz», rit Claude Legault.

Pendant le tournage, le comédien a gardé des notes sur l'état d'esprit de son personnage, afin de rendre palpable sa colère, son désarroi, son abandon. «Podz est vraiment un réalisateur qui aime les acteurs. Ça ne me dérange pas qu'il me dirige comme un cheval: je le laisse travailler avec moi», dit-il.

Le face-à-face avec Martin Dubreuil a failli ne pas avoir lieu avant le tournage, raconte Claude Legault, le réalisateur souhaitant sans doute maintenir une distance palpable entre les deux comédiens. «J'ai dit: va chier! Il faut qu'on ait une proximité, on a décidé de se parler, et on est vraiment devenus partners

Martin Dubreuil connu aussi comme Johnny Maldoror du côté du groupe de rock indie les Breastfeeders a quant à lui dû se passer, pendant une partie du tournage, des indications de Podz. «Je trouvais qu'il ne commentait pas ce que je faisais jusqu'à ce qu'il m'avoue qu'il ne s'occupait pas de moi pour que je reste isolé», raconte Martin Dubreuil.

Premier rôle important

C'est la première fois que Dubreuil occupe un rôle de premier plan. Et quel rôle! D'abord pédophile, Dubreuil traverse la quasi-totalité du film en tenue d'Adam, pendu tantôt par les poignets, tantôt par le cou, vacillant sur un genou défoncé, saignant et suintant par des endroits du corps plutôt inusités.

«Je ne pouvais pas refuser un rôle aussi gros. Je n'ai pas été regardant, mais j'ai adoré ça. Un gars qui se fait torturer, ça me tentait. La nudité, ça ne me dérangeait pas puisque j'ai fait modèle nu et que je me déshabille pour les Breastfeeders. J'ai cette facilité à me mettre nu et à prendre plaisir à souffrir: c'était un rôle pour moi», conclut-il.

Quant à Rémy Girard, il a dû, dans la peau d'un policier anéanti par le meurtre gratuit de sa femme, opter pour un jeu contenu. «C'est pas souvent que ça m'arrive», estime le comédien, qui avait déjà collaboré avec Podz pour Les Bougon.


«Podz sait manipuler la caméra. Il sait où va aller le Kodak. On a essayé bien des affaires, il prend des libertés avec le Kodak même si, après, il a choisi des choses simples», dit Rémy Girard. Tourner à nouveau avec Podz? Comme Claude Legault, il n'hésite pas une minute. «N'importe quand!» dit-il.