Il y avait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de se fondre dans l'univers d'un auteur plus affirmé. Occupé à voguer dans la stratosphère des comédies hollywoodiennes à succès, dont certaines qu'il réalise lui-même, Ben Stiller a cette fois mis son talent d'acteur au service de Noah Baumbach, un auteur cinéaste à qui l'on doit notamment The Squid and the Whale et Margot at the Wedding.

«C'était tout naturel pour moi, car j'admire le travail de Noah depuis longtemps, expliquait récemment Ben Stiller au cours d'une rencontre de presse tenue à New York. C'est une joie de tomber sur un scénario bien écrit à un point où on peut se permettre de s'abandonner complètement.»

Greenberg est une comédie dramatique distillant un humour décalé, moins frontal que ce que Stiller a l'habitude d'offrir. Du coup, le comédien a pu explorer aussi sa palette dramatique, d'autant que le personnage qu'il incarne sort tout juste d'une grave crise personnelle.

«Noah et moi avons opté pour une transformation physique afin de bien montrer la nature d'un personnage qui n'habite pas son corps du tout. J'ai dû maigrir beaucoup.»

L'action à Los Angeles

Le récit de Greenberg est campé à Los Angeles. Cette donnée est cruciale, dans la mesure où, estime l'auteur cinéaste, cette histoire n'aurait jamais pu être racontée de la même manière si elle était plantée dans un autre décor. Une question d'attitude, de mentalité, de style de vie.

Stiller prête ainsi ses traits à Roger Greenberg. Sa jeune quarantaine est un peu triste, sa trajectoire de vie n'ayant pas tout à fait suivi le plan prévu. Vivant depuis plusieurs années à New York, Roger se rend à Los Angeles chez son frère (Chris Messina) après avoir été soigné pour une dépression. Sa principale activité consiste à écrire compulsivement des lettres aux différents services à la clientèle d'entreprises dont les produits ne sont pas à la hauteur de ses attentes.

Menuisier de profession, il compte aussi construire une cabane pour le chien de la famille de son frangin alors que toute la maisonnée est au loin en vacances. Sa rencontre avec l'«assistante personnelle» des Greenberg (Greta Gerwig) sera, d'une certaine façon, déterminante. Roger profitera aussi de son séjour à L.A. pour revisiter son passé de musicien avec un ancien ami (Rhys Ifans) et son passé d'amoureux avec une ancienne flamme (Jennifer Jason Leigh).

Sens de l'observation

«Roger est un type qui traverse son existence sans vraiment savoir de quoi il en retourne, explique Ben Stiller. Quand il était plus jeune, il pensait comprendre sa vie un peu mieux, je crois. Noah est doté d'un sens de l'observation très aiguisé et sait bien cerner le caractère parfois tragique de la condition humaine. Pendant tout le tournage, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour ce personnage. D'une certaine façon, je me sentais très protecteur. Cela dit, j'étais bien heureux de revenir à ma propre vie le soir et d'apprécier ma vie de famille!»

Noah Baumbach, qui a conçu cette histoire avec sa conjointe Jennifer Jason Leigh, a beaucoup répété avec ses acteurs avant le tournage, histoire d'être le plus fidèle possible au script et aux dialogues.

«On m'a dit que j'étais un idiot fini d'avoir un humoriste de talent comme Ben Stiller sous la main et de ne pas le laisser improviser, laisse-t-il tomber. Peut-être l'ai-je été!»

Le comédien n'est pas du tout de cet avis.

«Il aurait été déplorable de massacrer une écriture aussi précise et une aussi fine étude de caractère en improvisant spontanément des répliques, estime Stiller. Jusqu'à maintenant, je n'avais pas encore eu l'occasion de jouer dans une comédie dramatique dont l'esprit me rappelle les grands films qu'ont tournés Robert Altman et Hal Hashby dans les années 70.»

«Et puis, conclut-il, j'ai le privilège de faire partie de ces acteurs qui peuvent s'offrir le luxe de choisir les projets auxquels ils participent. Greenberg m'a donné l'occasion de jouer un autre type de personnage, dans un autre registre, sous la direction d'un cinéaste que j'admire. À l'arrivée, c'est ça qui compte.»

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Greenberg prend l'affiche le 26 mars. Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (Focus Features).