Le 34e Festival des films du monde (FFM) s'amorce aujourd'hui avec la projection de Route 132, nouveau film de Louis Bélanger. Comme son titre le suggère, il s'agit d'un road movie qui conduit le spectateur de Montréal au Bas-Saint-Laurent. Film de genre, donc, mais qui n'a rien de cliché, assure le comédien François Papineau, une des têtes d'affiche. La Presse l'a rencontré.

Il existe une multitude de façons de régler un problème, de guérir une blessure, de pleurer un être immensément cher.

Ainsi, dans Route 132, le nouveau film de Louis Bélanger (Gaz Bar Blues) qui ouvre aujourd'hui la compétition mondiale au 34e FFM, Gilles, professeur de sociologie dans un cégep, emprunte une voie qui sort des ornières pour soulager sa souffrance d'avoir perdu son jeune fils.

«Il n'y a pas de parcours unique. Ce que l'on voit dans le film est un parcours extrêmement différent de ceux que l'on voit d'ordinaire au cinéma pour régler ce type de problème», souligne le comédien François Papineau, rencontré plus tôt cette semaine à l'occasion de la sortie du long métrage.

Après la mort de son fils, Gilles va flâner dans le quartier de son enfance pour se plonger dans ses souvenirs. Il va à la brasserie du coin prendre une cuite. C'est là qu'il retrouve Bob (Alexis Martin), ami de l'école secondaire avec qui il a fait les 400 coups.

«Durant leur brosse, ils décident, chacun pour des raisons diverses, de partir le lendemain et de rouler sur la 132 pour aller faire un mauvais coup, un vol de banque», explique Papineau. Réussiront-ils? Cela reste à voir. Chose certaine, cette virée sera plus chaotique qu'annoncé.

Ça, c'est pour le côté plus terre à terre de l'histoire. Mais il y a aussi un chemin, un parcours intérieur, tant chez Gilles que chez Bob, qui s'imposera petit à petit. Pleine de belles promesses, la bande-annonce du film effleure cet aspect.

«C'est un film sur la connaissance réelle de soi, poursuit François Papineau. Il y a des déclencheurs dans la vie qui vont bouleverser des parcours et qui vont révéler la nature intime des gens. Et ce moment en est un dans la vie des deux personnages. Toute leur conception primaire d'eux-mêmes va se transformer à mesure qu'ils avancent.»

Sortir des codes

Papineau, qui a travaillé avec Louis Bélanger sur Le génie du crime et Post mortem, qualifie Route 132 de road movie, mais d'un genre différent. «Au départ, ce n'était évident pour personne de voir comment ça allait se construire, dit-il. C'est quelque chose qui sort des codes cinématographiques normaux. On va dans des places qui ne sont pas cliché.»

Ceux qui ont vu le film Trois temps après la mort d'Anna, dans lequel il partage la vedette avec Guylaine Tremblay, vont être frappés par les balises de départ. Comme dans Trois temps..., le personnage principal doit affronter la mort d'un enfant, quitte la ville et se réfugie à... Kamouraska. Le comédien, qui ne s'était jamais réellement attardé dans cette région, y a passé une bonne partie de 2009.

Pour le tournage de Route 132, il partageait une minuscule maison («un genre de camp de pêche aux petits poissons des chenaux mais sans une trappe», décrit-il en riant) avec Alexis Martin. Une promiscuité qui a permis aux deux acteurs, amis depuis des années, de longuement dialoguer sur le travail du film.

«Avec Louis, nous avons été proches tout le long du parcours de création. Nous avons eu beaucoup de questionnements sur le sens des scènes.»

Quant aux similitudes avec Trois temps, il les circonscrit à la prémisse. «Il y a quelque chose d'équivalent dans le déclencheur, dit-il. Mais la façon de le développer est extrêmement différente. Peut-être qu'il y a une vision féminine et une vision plus masculine de le faire, sans que cela rende l'une ou l'autre moins sensible.»

Une bonne période

Au cours des derniers mois, François Papineau a participé aux longs métrages L'enfant prodige, Trois temps après la mort d'Anna et Route 132. On le verra en novembre dans Une vie qui commence puis en 2011 dans Marécages.

Une bonne période cinématographique, lui fait-on remarquer. Il acquiesce et apprécie le fait d'approfondir cette façon de jouer au cinéma, si différente de la télévision.

«Un film, c'est un monde fermé en une heure et demie, deux heures. C'est une construction unique. Le fait de savoir qu'au cinéma, on a une occasion d'exprimer des choses, ça change la donne. Alors que dans une télésérie, c'est autrement.»

Après le FFM, Route 132 sortira en salle le 6 octobre.