L'expression «Créer de la richesse» ne signifie pas grand-chose pour la plupart des gens. Et même si le film Bo$$é Inc. se veut une comédie caustique sur la vie d'un homme d'affaires parti de rien pour devenir une des plus grosses fortunes du Québec, le réalisateur Claude Desrosiers espère qu'il suscitera la réflexion.

«Des mots comme ceux-là, ça irrite les gens, disait le réalisateur hier sur le plateau de tournage. Dans le film, on rit de ces gens-là, mais j'espère que ça va éveiller les consciences face à ceux qui s'enrichissent en faisant des affaires croches. Avec le temps, ça ne s'améliore pas!»

«L'idée de base est née il y a quelques années lorsque nous avons tourné Camping sauvage, rappelle Guy A. Lepage, interprète de Bernard Bossé, personnage central du film. Après le premier dépôt du scénario, les institutions de financement nous ont dit que c'était une histoire farfelue. C'est drôle, mais tout de suite après, on a eu le rapport Gomery et l'affaire Vincent Lacroix!»

Bo$$é Inc. racontera donc l'ascension de ce self-made-man parti de rien et devenu très riche. À ses côtés, il y a son épouse Lise (Valérie Blais), son fidèle bras droit Jacques (Claude Legault), sa mère (Élise Guilbault) et plusieurs autres. Très coloré, le personnage central traverse les dernières décennies de l'histoire québécoise en s'enrichissant toujours un peu plus. Le film est tourné avec plusieurs flash-back où chaque décennie sera facilement identifiable.

Modèle ?

«Claude Desrosiers est inventif. Il a une belle imagination, dit Lyse Lafontaine de Lyla Films. Il a créé une palette de couleurs pour chaque époque. Les années 60 seront en brun, 70 en vert, 80 en orange, 90 en bleu et 2000 en noir et blanc.»

On pourrait déjà spéculer sur le nom de gens qui ont réussi à se faire ou même se refaire dans le Québec moderne. Les noms ne manquent pas. Guy A. Lepage met en garde contre toute tentative de rapprochement avec un seul individu.

«Ce serait malhonnête. Il n'y a pas un modèle de base», assure-t-il.

Par contre, son personnage a cette caractéristique d'avoir perdu le contrôle humain de son empire, ce qu'il n'accepterait pas lui-même dans la vraie vie.

«Bossé ne pourrait pas être mon ami, dit Lepage. Je respecte les gens qui, grâce au capitalisme sauvage, ont réussi à créer 50 000 emplois. Mais à un moment donné, tu perds ta base de vue, tu prends des décisions qui ne tiennent plus compte des employés ou de l'environnement. Moi, mon moteur dans la vie, c'est de créer. Je ne pourrais pas travailler dans un monde où je ne connaîtrais pas le prénom de tous mes employés.»

Dans le film, Bossé sera talonné par Gervais Morrissette (Yves P. Pelletier), un journaliste persévérant, dit son interprète. «Je ne vous dirai pas qui m'a inspiré, dit ce dernier en riant, mais il est clair qu'il y a un peu de Normand Lester, de Jean-François Lépine ou d'Alain Gravel en lui.»

Finalement, comme dans bien de vraies histoires, ce Bossé a un ami fidèle, un bras droit sur qui il peut compter. Ici, c'est Jacques «Coco» Lacasse que Claude Legault jouera en... blond.

«C'est moi qui ai demandé ça, dit ce dernier. Mes cheveux noirs, ça me donne un air sévère. Or, ici, je suis une bonne pâte, sans malice. Avec Bossé, je suis fidèle comme un golden retriever. Le blond allait avec le rôle.»

Voilà une réflexion difficile à contredire!

Bo$$é prendra l'affiche en 2012