Le cinéaste Stéphane Lafleur est arrivé à un carrefour comme on en croise rarement au cours d'une vie. Non seulement son film En terrains connus est présenté en compétition officielle à Namur, mais il a aussi monté le film Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau, inscrit dans la même catégorie.

«C'est vraiment incroyable ce qui arrive au film de Philippe! lance-t-il avec un mélange de satisfaction et d'incrédulité. Depuis leur sortie, c'est la première fois que les deux films se croisent dans un festival.»

Il est heureux. Ça se sent, ça se voit, ça s'entend. Heureux du succès que remporte le film de Falardeau. Et tout aussi satisfait de son film, En terrains connus.

«Bien sûr, mon film n'a pas connu la vie en salle qu'on lui aurait souhaitée au Québec, dit-il, mais il a une autre vie. Il est bien reçu dans les festivals et il est vu par le plus de gens possible; c'est ce que l'on souhaite.»

En 2007, Stéphane Lafleur est reparti du Festival international du film francophone (FIFF) de Namur avec le prix du meilleur film (Bayard d'Or) pour Continental, un film sans fusil. Namur représente un terrain ami pour lui.

Lorsqu'il reviendra au Québec, il participera à la tournée automnale des Rendez-vous du cinéma québécois. Il ira présenter son film aux gens de Baie-Comeau et de Sept-Îles.

«Je crois beaucoup à cette tournée, dit-il. D'abord, parce qu'elle permet au film d'avoir accès à d'autres grands écrans, mais aussi parce qu'on va au devant des gens. On échange avec eux et on démystifie un peu ce que l'on fait. Des fois, les gens ont l'impression que des films comme le mien sont difficiles d'approche, mais, en jasant, tu constates qu'ils ont tout compris.»

Sans aller jusqu'à dire qu'il fait des films en fonction de ce qu'on lui dit, le réalisateur n'est pas insensible aux commentaires. «Après Continental, j'ai décidé de mettre plus d'humour dans En terrains connus. Il est plus narratif. Ce sont des choses qu'on apprend avec le temps.»

Monsieur Lazhar

En marge de son travail de cinéaste, Stéphane Lafleur a monté de nombreux documentaires, courts métrages et vidéoclips. Monsieur Lazhar était le premier long métrage de fictionqu'il montait.

«J'ai tellement «joué» dans le film de Philippe, je l'ai tellement décortiqué que je n'avais pas beaucoup de recul. Ça me fait donc un grand plaisir de voir qu'il trouve son public», dit-il.

Les deux oeuvres ont été produites par la même boîte, micro_scope. Pour M. Lafleur, ce contrat est arrivé à point. «Le film de Philippe est arrivé alors que je terminais le mien. Il faut trois mois de disponibilité de temps et d'esprit mental pour faire ce travail. Or, comme mon film ne sortait pas tout de suite, j'avais toute ma tête pour travailler à celui de Philippe.»

Après Namur, En terrains connus ira en Allemagne et à Denver, avant d'être projeté à Paris, à la mi-novembre.

Stéphane Lafleur continuera de le suivre tout en travaillant à son prochain long métrage, dont il préfère taire les détails. «Une première version du scénario est déjà écrite, affirme-t-il. J'espère en avoir écrite une seconde d'ici Noël.»

Les frais de ce reportage ont été payés par le FIFF.