Après des années de travail, Mathieu Roy est en mesure de présenter au public montréalais son documentaire, coréalisé avec Harold Crooks, dans lequel il explore la notion de progrès dans l’histoire de la civilisation. Survivre au progrès ouvre jeudi soir la section Focus du Festival du nouveau cinéma.

1- La sortie du film a maintes fois été reportée. Pourquoi?

Le sujet est très vaste. L’essai de Ronald Wright A Short History of Progress, à l’origine du film, ne comporte aucune trame narrative. Il fallait trouver un moyen d’adapter cette matière pour en faire une œuvre cinématographique. J’ai jonglé avec toutes sortes de possibilités. La rencontre avec Harold Crooks fut déterminante. C’est à partir du canevas que nous avons coécrit que nous avons pu obtenir du financement. Le jour même où, en 2008, nous nous envolions vers le Brésil pour amorcer le tournage du film, le monde fut plongé dans une crise financière très grave. Cela a forcément modifié notre angle.

2- Contrairement à un film comme The Corporation, auquel Harold Crooks a participé, Survivre au progrès ne comporte aucune narration.


On a amorcé le tournage avec l’idée d’une narration en tête, mais je sentais de façon viscérale qu’il valait mieux ne pas la mettre en pratique. J’admire des films comme Baraka ou Koyaanisqatsi, dont les images racontent une histoire. Je préfère une approche plus cinématographique que télévisuelle. Les témoignages de nos intervenants sont déjà assez révélateurs ; pas besoin d’en rajouter. On ne réinvente pas la roue, cela dit. Survivre au progrès est un documentaire plutôt classique dans sa forme. Mais il me semblait important de trouver un équilibre en insérant des plans plus contemplatifs.

3- Pourquoi avez-vous fait ce film?

Parce que le cinéma peut vraiment contribuer à notre réflexion collective. Des documentaires comme The Corporation, Inside Job ou les films de Michael Moore ont eu un véritable impact. Notre but n’est pas d’imposer des idées, mais de provoquer une réflexion. Si le spectateur peut être mené à regarder le monde avec une autre perspective grâce à notre film, notre pari sera gagné.

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Surviving Progress

Jeudi soir 19 h au cinéma Impérial ; samedi 17h au Quartier Latin.
En salle le 4 novembre.