À peine une centaine de kilomètres séparent Jérusalem de Gaza. Deux villes ennemies théâtre d’un conflit sans fin au cœur duquel vivent Tal (Agathe Bonitzer), Française de 17 ans établie depuis peu en Israël, et Naïm (Mahmoud Shalaby), Palestinien de 20 ans confiné à Gaza.

À la suite du premier attentat dont elle est témoin, Tal se questionne sur la haine qui règne entre ces deux peuples et décide d’envoyer un message dans une bouteille jetée à la mer, que Naïm découvrira échouée sur une plage de Gaza. De ce premier échange naîtra une correspondance par courriel, un dialogue qui aidera ces deux jeunes à surmonter leur dure réalité.

Adapté du roman jeunesse éponyme de Valérie Zenatti, Une bouteille dans la mer de Gaza est coscénarisé et réalisé par Thierry Binisti.

« C’est ma nièce qui m’a fait découvrir cette histoire et, en la lisant, beaucoup de questions qui étaient en moi depuis toujours ont pris corps. J’ai proposé à Valérie Zenatti d’adapter son roman avec moi. Elle était encore très habitée par les personnages et elle avait la capacité de les faire vivre et évoluer. J’ai notamment changé d’époque en situant l’action à la fin des années 2000, au moment où on écrivait le scénario », explique le réalisateur.

Le français comme terrain neutre

Sans jamais vraiment prendre parti sur le conflit israélo-palestinien, le réalisateur s’est servi de la langue française comme d’un vecteur de paix et de compréhension.

« On aborde souvent l’impossibilité de trouver une voie dans ce conflit et, quand on en discute, on se trouve toujours obligé de se ranger d’un côté ou de l’autre. J’ai donc trouvé intéressant de raconter cette histoire autour de l’apprentissage du français par Naïm : c’est un film sur la langue et le fait de trouver une autre façon de se comprendre et de s’entendre. Quand on se connaît, on ne peut plus vraiment se haïr », précise-t-il.

Une bouteille dans la mer de Gaza se penche sur l’échange épistolaire entre les deux protagonistes, racontant leur vie et leurs préoccupations et offrant ainsi au spectateur un autre regard sur ce conflit : celui de figures humaines au quotidien.

« Quand j’étais petit, 30 ans seulement après la guerre avec l’Allemagne, on me proposait bien d’aller en classe transplantée. C’est fou comme les choses ont changé en une génération et c’est génial que les hommes soient capables de trouver ces chemins de paix grâce à la connaissance », dit Thierry Binisti.

C’est entouré d’une équipe composée à la fois de juifs et de musulmans que Thierry Binisti a tourné son film à Jérusalem et dans ses environs, se voyant refuser l’accès à Gaza.

« On a pu filmer au checkpoint de Herez, mais on a dû tourner dans des villes musulmanes frontalières pour les scènes à Gaza. Il y a eu de véritables discussions dans l’équipe, car nous étions là pendant l’attaque israélienne de la flottille en route vers Gaza », précise le réalisateur.

« J’ai appris tout comme mes personnages que d’aller vers l’autre n’est pas simple et que ça peut nous couper du monde dans lequel on est. Le cinéma permet de passer les frontières et c’est ce qui m’intéresse dans le septième art », conclut-il.