Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien terminent le tournage de leur premier long métrage, Vous n’êtes pas seuls, une comédie sentimentale mâtinée de science-fiction mettant en vedette Marianne Fortier et Pier-Luc Funk. La Presse a visité le plateau cette semaine.

Mercredi, Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien, ainsi qu’une dizaine de membres de l’équipe de leur premier long métrage, Vous n’êtes pas seuls, s’affairaient autour de Marianne Fortier et de Pier-Luc Funk, réunis pour la première fois au grand écran. Il y avait si peu de place dans la chambre du motel Falcon, à Brossard, que certains devaient s’installer dans le spa.

En ce 22e jour de tournage, on tournait la scène où Rita (Fortier) et Léo (Funk), qui viennent de se rencontrer, se réveillent sous une pile de manteaux après avoir passé la nuit avec les amis de Rita dans une chambre de motel à Rimouski.

« Ce qui est beau dans leur relation, c’est qu’ils avancent par petits faux pas, confie Pier-Luc Funk. Léo traverse une période triste ; il travaille de nuit, ne veut voir personne, n’a pas le goût de sortir. Il est bien tout seul chez lui, mais Rita va lui donner le petit kick dont il a besoin pour sortir parce qu’il trouve qu’elle en vaut la peine. Léo et Rita se posent les mêmes questions, partagent la même conscience de certaines choses ; chacun est donc heureux de rencontrer quelqu’un qui le comprend. »

  • Le comédien Pier-Luc Funk entre deux scènes

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Le comédien Pier-Luc Funk entre deux scènes

  • Le personnage de Pier-Luc Funk, Léo, traverse une période triste dans Vous n’êtes pas seuls.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Le personnage de Pier-Luc Funk, Léo, traverse une période triste dans Vous n’êtes pas seuls.

  • Les comédiens Marianne Fortier et Pier-Luc Funk sur le plateau

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Les comédiens Marianne Fortier et Pier-Luc Funk sur le plateau

  • Les réalisateurs Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Les réalisateurs Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien

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« Rita est lumineuse, poursuit Marianne Fortier, qui partage une belle chimie avec son partenaire de jeu. Elle a eu une belle enfance, une famille unie, mais elle a de la difficulté à se projeter dans le futur, à mener une vie d’adulte. Léo et Rita ne sont pas outillés d’une grande confiance en eux ; chacun va se demander si l’autre vit la même espèce de vertige face à soi. C’est la solitude que tous deux vivent dans différents contextes qui va les unir. »

Quand la comédie sentimentale rencontre la science-fiction

Coscénaristes et coréalisateurs de trois courts métrages tendres et décalés (Bernard le Grand, Amen et Nous sommes le freak show), Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien, qui se sont rencontrés au début des années 2000, ont une fois de plus eu envie de combiner leurs talents. Tous deux natifs de Lanaudière et issus d’un milieu modeste, ils dévoilent qu’il y a un peu d’eux-mêmes dans Vous n’êtes pas seuls.

Même s’ils ont campé le récit dans une banlieue anonyme évoquant celle où ils ont grandi, les cinéastes se sont amusés avec les codes de la comédie sentimentale et de la science-fiction. De fait, l’idylle naissante entre Rita et Léo sera mise en péril par la présence de John (François Papineau). Chauffeur de taxi bienveillant en apparence, John est un extraterrestre à la recherche d’êtres humains et le morose Léo l’intéresse particulièrement.

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Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens

« À la base, les extraterrestres, c’est une allégorie sur la solitude, explique Marie-Hélène Viens. On voulait parler de solitude et tracer un parallèle avec la question de savoir si les êtres humains, nous sommes vraiment seuls dans l’univers. On a beaucoup lu là-dessus ; un peu comme dans toutes les croyances, il y a beaucoup de solitude chez les gens qui sont dans le milieu ufologique, qui parlent d’extraterrestres, qui disent en avoir rencontré. C’est quelque chose qui nous parlait vraiment beaucoup. »

« On dirait que nos idées arrivent malgré nous, affirme Philippe Lupien. C’est peut-être du fait qu’on est deux qu’on mélange les genres. Pour nous, ce n’est pas tant inusité parce qu’on essaie de grounder le récit dans des règles et un univers assez précis. Dans ce cas-ci, c’est très lo-fi et relativement réaliste dans le sens où on est vraiment au niveau humain et non dans les vaisseaux spatiaux. »

Un tournage « intense »

Très heureux et choyés par le tournage de leur premier long métrage, même s’il a duré 24 jours plutôt que 28 en raison des contraintes budgétaires, Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien ne peuvent passer sous silence la générosité des acteurs et des artisans du film : « L’équipe est incroyable, lance le réalisateur. Tout le monde donne son 150 %. La bonne humeur reste malgré la pluie de novembre, le froid, les tournages de nuit. Ç’a été assez intense. »

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La productrice Fanny-Laure Malo

Partageant la déception de l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM) face à la promesse non tenue du gouvernement libéral d’augmenter le budget de Téléfilm Canada pour atteindre une hausse pérenne de 50 millions de dollars par année, Fanny-Laure Malo, qui produit le film avec Annie-Claude Quirion pour La Boîte à Fanny, ne peut cacher son inquiétude face à l’avenir du cinéma québécois.

« Il y a une fragilisation du milieu de la prod qui est vraiment inquiétante. Les aides COVID ayant disparu, les producteurs se retrouvent avec des budgets substantiellement plus élevés sur lesquels ils prennent de plus en plus de risque. Nous bustons nos budgets sur le bras de nos investissements personnels dans le film. Tout le monde travaille deux fois plus fort, c’est vraiment beau de voir la solidarité des équipes qui comprennent la réalité dans laquelle nous sommes. Nous le disons depuis des années, mais là, nous le constatons qu’il faut vraiment pérenniser le budget de Téléfilm Canada », conclut la productrice.

Distribué par Maison 4 : 3 et mettant également en vedette Sandrine Bisson, Blaise Tardif et Micheline Lanctôt, Vous n’êtes pas seuls prendra l’affiche au Québec en 2024.