Lorsqu’il a reçu la proposition de rôle et le scénario sur du papier à l’en-tête des Productions La Fête, Antoine Bertrand savait que sa réponse serait « oui ». « Faire une production La Fête […], c’est quelque chose de bien spécial », souligne l’acteur, qui, comme toute une génération, a grandi en écoutant les Contes pour tous.

Depuis le 20 septembre dernier, il enfile le beau costume brun (et autres vêtements moins chics) de Philippe, l’un des deux personnages principaux de Mlle Bottine, relecture du long métrage Bach et Bottine. « C’est un compositeur d’opéra qui vit un peu en ermite chez lui. Il est en panne d’inspiration, mais il a un opéra à livrer », décrit Antoine Bertrand.

Ce grand anxieux social qui agit comme « un gros ours mal léché » est tout le contraire de son interprète. « C’est tellement loin de moi ! […] Ça représente un maudit beau défi », s’enthousiasme l’acteur qu’on a pu voir au cinéma dans Louis Cyr et dans Au revoir le bonheur, notamment.

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Benoît Gouin et Antoine Bertrand sur le plateau de Mlle Bottine

En ce mercredi d’octobre, l’équipe de tournage est installée au cinéma Impérial, à Montréal. Dans la salle de spectacle, le personnage de Philippe encaisse les froides récriminations du directeur de l’opéra (Benoît Gouin), qui attend avec impatience la prochaine œuvre de l’artiste.

Il y avait un compositeur d’opéra dans Bach et Bottine, vraiment ? Non, justement. Car il ne faut pas se méprendre. Si Mlle Bottine s’inspire du Conte pour tous de 1986 mettant en vedette Raymond Legault et Mahée Paiement, « il ne s’agit pas d’un remake », insiste le scénariste et coproducteur, Dominic James.

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Dominic James, scénariste et coproducteur de Mlle Bottine

« Je pense que notre génération fan de ce classique va être ravie. On reconnaît les grandes lignes de l’histoire, mais, en même temps, on découvre complètement une nouvelle interprétation de celle-ci », indique-t-il.

« Je ne suis pas sûr qu’il y aurait eu quelconque intérêt de refaire le même récit », souligne d’ailleurs le réalisateur Yan Lanouette Turgeon (Roche papier ciseaux).

L’approbation de Rock Demers

Le regretté Rock Demers, à qui l’on doit la création des Contes pour tous, était du même avis, révèle Dominic James. Lorsqu’il a repris les rênes des Productions La Fête, en 2015, il avait d’ailleurs assuré à l’ancien propriétaire qu’aucun remake ne serait fait.

Rock était très fier de ce film-là. Qu’on touche à Bach et Bottine, même si c’était pour s’en inspirer, il n’était pas chaud à l’idée initialement.

Dominic James

Rock Demers a été le premier à lire l’ébauche du scénario de Mlle Bottine.

« J’étais très nerveux. J’avais peur qu’il me dise non, se rappelle Dominic James. Après la lecture, j’ai dîné avec lui. Il avait le document avec plein de notes. En voyant les feuilles annotées, je me suis dit : “Ouf, ça ne va pas bien.” »

« C’est extraordinaire », ont plutôt été les paroles prononcées par le producteur d’expérience, s’émeut son successeur.

Entre nouveauté et clins d’œil

Dès le moment où il s’est greffé au projet, le réalisateur Yan Lanouette Turgeon a décidé d’aborder le film comme quelque chose de complètement nouveau. « Ça faisait une éternité que je n’avais pas vu l’original. […] Mon traitement, toutes mes idées, je voulais les choisir avant », explique le cinéaste.

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Le réalisateur Yan Lanouette Turgeon

Certains éléments du film d’André Melançon ont toutefois été conservés. À l’instar de Bach et Bottine, Mlle Bottine raconte l’histoire d’un oncle qui prend sous son aile sa nièce orpheline, rôle joué par Marguerite Laurence.

« Simone est tannante. Elle a envie de découvrir. Elle n’a pas peur des gens, comparativement à son oncle. Elle aime la vie », décrit la jeune actrice qu’on a pu voir dans la série 5e Rang, sur les ondes d’ICI Télé.

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Marguerite Laurence

Les fans de l’époque pourront également reconnaître certaines répliques et s’amuser à repérer les nombreux clins d’œil faits au film original, note Dominic James. Pour ceux qui se posent la question, aucune apparition de Mahée Paiement n’est toutefois prévue.

Et comme le laisse présager le titre du long métrage, la moufette Bottine sera également présente dans ce nouveau Conte pour tous, collection ressuscitée plus tôt cette année avec la sortie de Coco ferme.

Toujours d’actualité

Pourquoi le scénariste et coproducteur Dominic James a-t-il eu envie de revisiter l’histoire de Bach et Bottine ?

L’une des motivations principales derrière cette décision est le message que l’on trouve au cœur du film : l’ouverture aux autres.

« Dans une époque postpandémie où on est dans l’hyperindividualisme, où tout le monde est sur son téléphone, isolé, dans son propre univers, je trouvais qu’amener une thématique qui est à propos de s’ouvrir aux autres et de la façon dont on a besoin des uns des autres pour être à notre meilleur, ça n’avait jamais été aussi pertinent », élabore-t-il.

Mani Soleymanlou, Marilyn Castonguay, Mateo Laurent Membreño Daigle, Ellen David, Jean-François Provençal, Louise Turcot, Myriam Fournier et Dino Tavarone complètent la distribution de cette coproduction Attraction et Les Productions La Fête, dont les tournages se poursuivront dans la grande région de Montréal jusqu’au 9 novembre.

Mlle Bottine sortira au cinéma en 2024.