Après sept ans d’incubation, le dernier-né des Contes pour tous éclot enfin. Premier long métrage à porter le sceau de la populaire série de films créée par le regretté Rock Demers depuis la vente des productions La Fête en 2015, Coco ferme marque le début d’une nouvelle ère. En racontant une histoire « très humaine » et « rassembleuse », le scénariste et producteur Dominic James espère charmer les fans de la première heure… et leurs enfants.

Retour en 2015. Dans la petite salle de conférence des productions La Fête, Dominic James, alors réalisateur, s’entretient tout un après-midi avec Rock Demers. Il a entendu dire que le producteur de La guerre des tuques, de Bach et Bottine et de nombreux autres longs métrages familiaux souhaite vendre son entreprise. Le cinéaste espère reprendre le flambeau.

« Les Contes pour tous, ça a marqué l’imaginaire collectif, affirme-t-il en entrevue avec La Presse. Ça nous a fait rire et pleurer. Ça nous a fait rêver, surtout. Pour moi, c’était impensable qu’il n’y ait pas une deuxième vie à ça. »

Son discours a assurément été convaincant. « Au bout de la conversation avec Rock, il m’a pris la main et il m’a dit : “Il faut que ce soit toi.” »

En racontant cette anecdote, Dominic James a la gorge nouée. « Ça m’arrive chaque fois », avance-t-il. Mais en cette journée d’entrevues avec les médias pour la sortie du 25film de la série des Contes pour tous, Coco ferme, on sent que le souvenir de son « mentor », disparu en 2021, l’émeut particulièrement.

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Sébastien Gagné, réalisateur, et Dominic James, producteur et scénariste

Il faut dire que ce petit dernier a été couvé fort longtemps. Car en acquérant la maison de production, Dominic James a non seulement fait ses premières armes en tant qu’entrepreneur, il a aussi redéfini comment La Fête allait se démarquer sur le plan créatif dans un milieu où l’offre (surtout en provenance d’ailleurs) est abondante.

Il y a des projets qu’on a commencé à lever, mais on n’était pas contents de la direction dans laquelle ça allait. On les a abandonnés. C’est pour ça que ça a pris sept ans.

Dominic James, producteur et scénariste

À l’instar des autres films de la série des Contes pour tous, les nouveaux titres doivent être « rassembleurs » et faire vivre aux cinéphiles de tous âges une expérience « émotive, humaine et enrichissante », croit Dominic James.

« L’aspect des Contes pour tous qu’on a voulu préserver, c’est l’esprit, le ton. […] Que ça feel vraiment québécois, qu’on entende le Québécois », ajoute le réalisateur Sébastien Gagné (Nuit blanche, Lâcher prise, Le chalet), qui signe ici son premier long métrage.

Trois amis, une entreprise, 300 poules

Coproduit par les productions La Fête et Attraction Images, Coco ferme transporte petits et grands dans la campagne estrienne, où Max (Oscar Desgagnés), jeune entrepreneur en herbe, vient de déménager avec son père. Déboussolé par cet environnement, il s’adaptera peu à peu à sa nouvelle vie en se lançant dans la production d’œufs frais avec son cousin Charles (Joey Bélanger) et leur amie Alice (Emma Bao Linh Tourné). Raymond (Benoît Brière), un alcoolique répondant au surnom de Tite-Bière, délaissera la bouteille pour les aider. Ensemble, ils élèveront 300 poules (et oui, celles-ci ont toutes été présentes sur le plateau de tournage).

Certains éléments de l’histoire rappellent celle de Tirelire, combines et cie, paru en 1992. Mais attention : « Il ne s’agit pas d’un remake, insiste Dominic James. Parfois, oui, il y a des propriétés intellectuelles dans La Fête qui ont tellement eu de succès et qui sont tellement intéressantes qu’on aime s’en inspirer pour faire une nouvelle œuvre. »

C’est le cas pour Coco ferme, dans lequel Vincent Bolduc, héros de Tirelire, combines et cie, fait d’ailleurs une apparition. Des éléments « inspirés » du passé, il y en aura aussi dans Mlle Bottine, dont le tournage est prévu l’été prochain. Mais non, ce ne sera pas un remake de Bach et Bottine, précise le producteur.

« On ne peut pas se planter »

Les fans des Contes pour tous étant nombreux, les artisans du film sentent-ils une certaine pression à l’approche de la sortie du 25titre de la série ?

À partir du moment où Rock Demers te dit : “Il faut que ce soit toi”, il y a une énorme pression qui vient avec ça. […] On ne peut pas se planter. Le lien émotif du public avec les Contes pour tous est tellement fort. On le porte nous-mêmes, on est des fans. La pression, c’est tous les jours depuis sept ans.

Dominic James, producteur et scénariste

Les jeunes acteurs captent aussi toute l’importance de cette série dans la culture québécoise. « Quand on nous a proposé le projet, juste de savoir que c’était un des Contes pour tous, c’était fantastique », affirme Emma Bao Linh Tourné. « Ça faisait vraiment spécial d’incarner le personnage principal d’une série qui a marqué plein de monde, ajoute son collègue Oscar Desgagnés. J’étais très content de faire ça. J’étais même honoré. »

« Jouer dans un Conte pour tous, ce n’est pas rien », résume Joey Bélanger.

Coco ferme prendra l’affiche le 24 février.

Aperçu des protagonistes

Maxence, alias Max

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Oscar Desgagnés incarne Maxence.

Contraint de déménager à la campagne avec son père, Maxence, jeune entrepreneur en herbe, cherche une nouvelle occasion d’affaires. Lorsqu’il voit des poules pondeuses chez son cousin Charles, l’idée de lancer une petite entreprise d’œufs frais émerge. Comment son interprète, Oscar Desgagnés, décrirait-il Max en quelques mots ? « Créatif et ambitieux. Il ne lâche jamais », répond celui qu’on a pu voir dans L’arracheuse de temps.

Charles

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Joey Bélanger, interprète de Charles

De nature plutôt timide, Charles, le cousin de Max, gagnera en assurance grâce à son implication dans l’entreprise Coco ferme. Sa créativité en surprendra plus d’un à la fin du film. « Il va se battre pour comprendre le domaine de l’agriculture et vraiment aider à bâtir quelque chose », résume son interprète, Joey Bélanger, qui a lui-même appris à tenir une poule pour les besoins du film.

Alice

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Emma Bao Linh Tourné tient le rôle d’Alice.

À la fois maraîchère et youtubeuse, Alice viendra en aide à Max et à Charles grâce à ses connaissances sur les réseaux sociaux. « Elle est ambitieuse, entreprenante et enveloppante », indique Emma Bao Linh Tourné. L’interprète d’Alice s’est par ailleurs dite très fière de prendre part à un film qui rejoint autant les enfants que les adultes.

Raymond, alias Tite-Bière

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Benoît Brière prête ses traits à Raymond.

« Un cadeau formidable. » Voilà comment Benoît Brière décrit le rôle de Raymond. « Il est sur la corde raide sans filet entre le drame et la comédie, ce que j’aime le plus faire dans ma vie », raconte l’acteur. Car, si l’ancien boucher a un grand cœur, il a aussi un vice : la boisson. Le projet des trois enfants lui permettra de sortir de l’ombre et de revoir la lumière. « Il va devenir l’espèce de figure grand-paternelle. »