Si Louise Turcot a renoncé à sa carrière au théâtre, elle n’a pas pris sa retraite pour autant. La comédienne tourne actuellement au Nouveau-Brunswick pour un premier rôle dans le film Notre-Dame de Moncton, réalisé par Denise Bouchard. La Presse l’a jointe vendredi dernier à Moncton.

Entre la jeunesse et la sagesse de Louise Turcot, il y a une longue carrière, des centaines de personnages tous registres confondus, et une passion simple, mais dévorante.

Mais aujourd’hui, la comédienne a envie de rôles plus proches de son expérience de vie. Elle ne veut plus être obligée de se rajeunir pour exercer son métier. Ni de masquer ses rides et de teindre ses cheveux afin d’incarner des femmes toujours plus jeunes. « À la télévision, la grand-mère a 50 ans et est botoxée », a-t-elle confié en 2019, lors de la parution de son livre Lettre à une jeune comédienne.

Désormais, Louise Turcot veut défendre des rôles de femmes qui lui ressemblent, des profils féminins qu’on ne voit pas assez dans les fictions sur nos écrans. « C’est rare qu’on demande aux actrices de mon âge [77 ans] d’interpréter une vieille femme qui n’est pas souffrante ni atteinte d’un cancer [ou d’une autre maladie], ou encore mourante », confie la grand-mère de huit petits-enfants.

Bien sûr, dans la société, il y a des personnes âgées malades, vulnérables — la pandémie nous en fait prendre cruellement conscience ! Mais il existe aussi des femmes fortes de 80, 85 ans, et qui sont indépendantes, très autonomes.

Louise Turcot

« Les personnes âgées ne sont pas toutes malades au Québec ; bien qu’on s’en aille tous vers là inévitablement, un jour ou l’autre », ajoute-t-elle.

D’où son bonheur lorsque Bellefeuille Production lui a offert ce rôle d’une femme de 80 ans, prénommée Victorine, dans Notre-Dame-de-Moncton, un long métrage signé Denise Bouchard, d’après un scénario de l’auteure acadienne Mélanie Léger.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Laurie Gagné et Louise Turcot pendant le tournage de Notre-Dame-de-Moncton, au Nouveau-Brunswick

Une amitié intergénérationnelle

Le film raconte l’histoire d’Anna (Laurie Gagné), qui se retrouve à la rue et va se réfugier clandestinement dans le sous-sol de la maison de Victorine. À la mort de son mari (Gilles Renaud), Victorine devra surmonter son deuil et apprivoiser sa solitude. Anna décide alors d’aider cette femme dans sa quête personnelle. « C’est un magnifique personnage ! Une femme débordante d’énergie. Une battante qui reste toujours positive malgré les épreuves », explique Turcot.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Sur les lieux du tournage du film Notre-Dame de Moncton, réalisé par Denise Bouchard

Pour la comédienne, ce récit d’amitié entre deux femmes de générations différentes est un « vrai cadeau » : « La première journée de tournage, j’ai regardé Gilles [Renaud] en lui disant comment je trouvais ça merveilleux de retrouver l’atmosphère d’un plateau de cinéma. Je n’avais pas du tout le trac. Il faut dire que j’étais bien préparée et que le plateau à Moncton est formidable. J’ai rarement vu une équipe aussi soudée. Les interprètes et les techniciens sont [presque] tous acadiens. Ils se connaissent et ont déjà travaillé ensemble. Ils viennent des quatre coins du Nouveau-Brunswick. Je découvre la beauté de leurs différents accents, leur belle fierté. »

Pour en finir avec le trac

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Louise Turcot avec son mari Gilles Renaud

Louise Turcot a joué son dernier rôle au théâtre en 2018, dans La mort d’un commis voyageur, au côté de Marc Messier, au Rideau Vert. Elle devait remonter sur les planches en 2020 au Quat’Sous, avec son mari Gilles Renaud, mais la pandémie en a décidé autrement. « Ça me trottait dans la tête depuis quelque temps, mais après l’annulation du spectacle au Quat’Sous, j’ai décidé de ne plus faire de théâtre. »

Pourquoi ?

Tout simplement parce que je n’ai plus de plaisir à monter sur scène. Je suis beaucoup trop stressée. C’est un travail immense, jouer au théâtre. J’ai toujours eu le trac.

Louise Turcot

« Quand j’ai joué Blanche Dubois [dans Un tramway nommé Désir, en 1994], j’étais terrifiée dans ma loge, mais j’arrivais à me contrôler avant d’arriver sur la scène, ajoute-t-elle. Puis, avec le temps, je me sentais de moins en moins bien au théâtre. Mais ce n’est pas dramatique. Je ne suis pas du tout nostalgique de mes belles années au théâtre. Je suis rendue ailleurs. C’est tout. »

Entre la jeunesse et la vieillesse, il y a aussi de sages paroles.

La sortie de Notre-Dame-de-Moncton est prévue dans les salles de cinéma à la fin de 2022 ou au début de 2023.