Fort du succès de Free Guy (L’homme libre), Ryan Reynolds refait équipe avec le réalisateur Shawn Levy pour offrir The Adam Project (Adam à travers le temps), un film directement inspiré du cinéma des années 1980. L’acteur canadien, aussi citoyen américain, n’hésite pas à affirmer que jamais encore un de ses projets n’avait eu autant de résonances personnelles.

L’intrigue de The Adam Project se déroule d’abord en 2050. Ryan Reynolds y incarne un pilote âgé de 40 ans qui utilise une machine à voyager dans le temps pour accomplir une mission. En décalage de quelques années sur le plan prévu, Adam se retrouve en 2022, face à lui-même à l’âge de 12 ans, et, surtout, face à une famille endeuillée par la disparition du père (Mark Ruffalo). Cette comédie de science-fiction, qui comporte aussi sa part de drame, a permis à l’acteur de creuser un thème qui l’a touché de façon intime.

« Plusieurs aspects de cette histoire ont des résonances avec ma propre vie, confie-t-il à La Presse lors d’un entretien accordé en visioconférence. On peut rarement tout régler comme on le souhaiterait avec un proche qui part, être en paix avec lui. Parfois, la vie fait en sorte qu’on nous prive de cette occasion. Personnellement, je n’ai jamais eu la chance de connaître mon père vraiment, de savoir qui il était, même s’il était bien présent dans ma vie. Je trouve cela tragique d’être passé à côté, d’autant que je suis tout aussi responsable de cette situation. Ce film évoque le fantasme de pouvoir refaire les choses. Au passage, nous y avons infiltré une lettre d’amour aux parents. »

Comme un film des années 1980

Avec Shawn Levy, un réalisateur né à Montréal pour qui il a éprouvé un véritable coup de foudre professionnel grâce à Free Guy, Ryan Reynolds a ainsi pu élaborer un film dont le ton et le style évoquent les films des années 1980, avec lesquels ils ont tous deux grandi.

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Walker Scobell et Ryan Reynolds jouent le même personnage dans The Adam Project (Adam à travers le temps), un film réalisé par Shawn Levy

« Pour nous, il s’agissait d’une volonté très franche, dès le départ, explique l’acteur. The Adam Project contenait tous les éléments que nous aimions et que nous ressentions. Il était évident à nos yeux qu’un lien pouvait s’établir avec Back to the Future, E. T., The Goonies, Field of Dreams, bref, tous ces films que nous avons vus dans notre jeunesse et qui ont rejoint un public de tous les âges, autant les enfants que les adultes. »

Nous avions le sentiment que The Adam Project pouvait s’adresser à toute la famille de la même façon, sans viser plus particulièrement un groupe par rapport à un autre. Ces films des années 1980 parvenaient à divertir, à faire du spectacle et à émouvoir. Ils étaient exceptionnels.

Ryan Reynolds

Après Deadpool, Deadpool 2 et Free Guy, The Adam Project est le quatrième film que Ryan Reynolds signe aussi à titre de producteur. Cette fonction s’ajoute à celles que l’acteur occupe comme partenaire d’affaires auprès de différentes entreprises, notamment le club de football gallois Wrexham AFC.

« Produire un film constitue une charge énorme, car il faut alors s’attarder aux moindres détails et trouver des solutions à tous les problèmes, indique-t-il. Et puis, la plupart des films dans lesquels je joue ont habituellement des effets élaborés. Nos histoires exigent souvent la création d’une machinerie qu’on doit inventer à partir de rien. Cela dit, de tous les longs métrages que j’ai produits, celui-là est assurément le plus personnel. »

Un parcours étonnant

Le parcours professionnel de Ryan Reynolds est d’autant plus étonnant qu’il avoue lui-même avoir exercé son métier d’acteur sans passion pendant plusieurs années. Né en 1976 à Vancouver, où il a grandi, il a pourtant décroché ses premiers rôles dès l’âge de 12 ans.

À cette époque, je voulais simplement sortir de la maison ! Ça ne découlait d’aucune passion pour le jeu ou d’une envie viscérale de raconter une histoire.

Ryan Reynolds

« Chez nous, j’étais le plus jeune des quatre gars, souvent la cible des trois autres, raconte-t-il. À l’école, je faisais déjà de l’impro et de la comédie. Un jour, une équipe de télé est arrivée pour recruter des jeunes en vue d’un téléroman destiné aux enfants et j’ai décroché un rôle. Mon cachet était de 200 $ par semaine. Je suis ensuite retourné aux études en acceptant de petits boulots, mais c’est en me rendant à Los Angeles il y a 25 ans que tout a vraiment commencé. »

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Ryan Reynolds est la tête d’affiche de The Adam Project (Adam à travers le temps), un film réalisé par Shawn Levy.

Ryan Reynolds n’a jamais manqué de travail à Hollywood, mais il lui aura quand même fallu pas mal de temps pour s’impliquer vraiment de tout son être dans son art.

« Je dirais que c’est arrivé à l’âge de 30 ans ! dit-il. C’est à ce moment que j’ai vraiment pris conscience de ce que je voulais faire, de ce que je souhaitais. Quand j’ai compris que l’élément le plus important est la façon de raconter une histoire, la passion est venue. Quand je produis un film, j’ai aussi la chance d’être dans la salle de montage. Je suis très sévère envers moi-même, quitte à retrancher des séquences quand il le faut. Tellement de choses sont en jeu. Peu importe le sort qui attend The Adam Project, mon nom y restera à jamais associé. »

Signalons par ailleurs qu’avec sa femme, Blake Lively, Ryan Reynolds a apporté un soutien financier aux réfugiés de la guerre qu’a déclenchée le gouvernement russe en Ukraine en doublant les dons faits à l’agence des Nations unies pour les réfugiés, à hauteur de 1 million de dollars.

The Adam Project (Adam à travers le temps en version française) sera offert sur Netflix le 11 mars.

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Ryan Reynolds, Mark Ruffalo et Walker Scobell dans The Adam Project (Adam à travers le temps), un film réalisé par Shawn Levy

Une première pour Shawn Levy

Producteur et réalisateur à succès, à qui l’on doit notamment les trois films Night at the Museum, Shawn Levy est à la tête de The Adam Project, une production à grand déploiement qui sera offerte par Netflix. Même s’il a déjà une relation avec le diffuseur en ligne grâce à la série Stranger Things, pour laquelle il agit à titre de producteur délégué en plus de signer la réalisation de quelques épisodes, le Montréalais d’origine n’avait encore jamais réalisé un long métrage destiné exclusivement à une plateforme.

« J’en suis encore à me faire à l’idée, a confié le cinéaste en entrevue à La Presse. Il y a eu une première du film organisée à Toronto, une autre à New York, et je profitais bien du moment, étant conscient que peu de gens auraient l’occasion de le voir sur grand écran. D’un côté, j’adore le cinéma sur grand écran et je ferai d’autres longs métrages qui seront d’abord présentés en salle. En même temps, The Adam Project pourra être vu dans 200 pays, souvent même à des endroits qui ne disposent même pas de salles de cinéma. Il n’y a plus beaucoup de superproductions de ce genre ayant une telle portée globale et je suis reconnaissant d’avoir l’occasion de proposer cette histoire à un public aussi large. »