Film d’ouverture du festival Vues d’Afrique, Les sandales blanches, de Christian Faure, relate l’histoire vraie de la cantatrice algérienne Malika Bellaribi, qui a traversé de nombreuses épreuves avant de devenir une mezzo-soprano renommée en France. Joint à Paris, le réalisateur salue ce parcours exceptionnel de la « diva des banlieues ».

Votre film est une adaptation de l’autobiographie de Malika Bellaribi. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette histoire ?

C’est de voir le parcours de cette femme née dans un bidonville à la périphérie de Paris. Elle a vécu un accident qui aurait pu la tuer, mais qui l’a en fait sauvée. Elle va être sortie de son milieu familial très pauvre et découvrir le chant sacré dans la chapelle de l’hôpital où elle a séjourné. Toute sa vie, elle va se battre pour devenir mezzo-soprano. Son parcours est une leçon de vie rappelant qu’il ne faut jamais renoncer, en dépit des obstacles.

Le film évoque aussi une rupture mère-fille percutante…

Comme un producteur l’a déjà dit à la télé, les gens aiment une seule chose : le conflit ! Et ici, cette rupture crée évidemment un enjeu. Ce fut par ailleurs une réalité dans la vie de Malika. Sa mère ne venait jamais l’encourager et lui donner la reconnaissance qu’elle attendait. En même temps, Malika avait beaucoup d’admiration pour cette mère qui avait une aura.

Pour incarner Malika, vous avez choisi Amel Bent, révélée en France par l’émission Nouvelle Star et coach à The Voice. Qu’avez-vous vu en elle ?

Amel n’était pas mon premier choix. Au départ, je suis allé vers des comédiennes. Après, nous avons conclu que ce serait bien d’avoir une chanteuse. Car même si elle chante en playback, elle saurait bien interpréter le rôle. En travaillant avec Amel, je me suis rendu compte que c’était le bon choix. En plus, elle a beaucoup d’empathie et est très généreuse. Elle a travaillé comme une dingue pour ce premier grand rôle.

PHOTO FOURNIE PAR VUES D’AFRIQUE

Amel Bent incarne Malika Bellaribi dans Les sandales blanches.

Est-ce que la vraie Malika Bellaribi a eu un rôle, un mot à dire ?

Malika a vite compris le sens du scénario, le fait que dans une fiction, on peut tricher par rapport à la réalité. Elle n’a pas eu de problème d’ego à cet égard. Et c’est elle qui chante ! Lorsque Amel chante, vous entendez la voix de Malika. Sans aucun décalage dans l’interprétation.

Quelle est la place de la musique et du chant dans votre propre vie ?

J’écoute beaucoup de musique et j’en écoute en préparant mes films. Nous avons en France la radio France Inter Paris (FIP). C’est une radio d’État qui diffuse uniquement de la musique, jazz, rock, pop classique, de façon aléatoire. J’adore ça ! J’écoute ça en boucle.

Quel est l’état du cinéma africain en France ?

Je pense que c’est pareil à ce qui se passe à Montréal. En Angleterre, c’est un peu différent. Mais en France, nous avons à peu près le même ratio que chez vous. Il y a de plus en plus de démarches vers un cinéma de la diversité, de l’inclusion. Mais ce n’est pas énorme. Cela dit, j’adore le festival Vues d’Afrique, où j’ai présenté deux de mes films, Paradis amers et Le rêve français, dans le passé.

La 37e édition de Vues d’Afrique s’amorce ce vendredi et se poursuit jusqu’au 18 avril. Projections gratuites à tv5unis.ca