Une comédie dramatique familiale campée aux Îles-de-la-Madeleine, une fiction en animation avec des îles inventées rappelant celles du Saint-Laurent, un affrontement prof-élève dans un cégep, la quête d’un homme troublé dans une mystérieuse forêt, une rencontre avec des membres de l’État islamique emprisonnés en Syrie et même un film hommage au cinéma hollywoodien de science-fiction.

Le cinéma québécois des prochains mois promet de bien belles rencontres. Certaines seront très troublantes. Quelques-unes plus légères. Mais dans l’ensemble, le corpus proposé est composé d’œuvres cherchant à sortir du cadre du réalisme social, très présent ces dernières années.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Zaynê Akyol a tourné le documentaire Rojek dans lequel elle interviewe des membres de l’État islamique en captivité en Syrie.

C’est ce qu’on retient d’une présentation faite aux médias mercredi matin par l’organisme Aime ton cinéma sur les films à voir cet automne ou dans les premiers mois de 2022.

Les films sortant du monde réel pour nous emmener dans des univers parallèles sont particulièrement présents. La Presse a noté La contemplation du mystère, d’Albéric Aurtenèche (22 octobre), Brain Freeze, de Julien Knafo (29 octobre), L’arracheuse de temps, de Francis Leclerc (19 novembre), et le très étonnant Timescape, d’Aristomenis Tsirbas (février 2022).

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Le producteur David-Alexandre Coiteux présentera un des films québécois les plus singuliers des prochains mois.

Dans ce dernier cas, on parle d’un film de science-fiction étoilé de références hollywoodiennes. « Un film popcorn, lance le producteur David-Alexandre Coiteux. Le réalisateur et moi avons grandi sur Back to the Future, The Goonies, E. T., Jurassic Park. On ramène un peu cette vibe-là. »

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Avec L’arracheuse de temps, Francis Leclerc en est à son cinquième long métrage. Bientôt, il mettra en chantier l’adaptation du roman Le plongeur, de Stéphane Larue.

Toujours dans un monde parallèle, celui de Fred Pellerin, L’arracheuse de temps permet d’explorer un univers rarement abordé, selon le réalisateur Francis Leclerc. « Je ne le dis pas de façon péjorative, mais Fred est l’un des rares à sortir des sentiers battus. Je trouve ça bien de saisir des occasions où notre cinéma sort de Montréal et va ailleurs. »

Parlons-en, des régions. L’arracheuse de temps a été tourné à Saint-Armand, Nouveau Québec, un drame signé Sarah Fortin, à Schefferville (sortie février 2022), Le bruit des moteurs de Philippe Grégoire (février 2022) se passe dans un village, Les oiseaux ivres d’Ivan Grbovic (à l’automne) dans une ferme où se retrouvent des travailleurs saisonniers mexicains, etc.

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La réalisatrice Renée Beaulieu

Nous avons compté neuf réalisatrices pour la trentaine de films présentés. Renée Beaulieu (Les salopes ou le sucre naturel de la peau) donne un premier grand rôle à Rosalie Bonenfant dans le long métrage Inès (février 2022), dans lequel une jeune femme essaie de se soustraire de sa relation fusionnelle avec son père. « C’est un peu une descente aux enfers, dit Mme Beaulieu. J’explore toujours un peu les thèmes, l’identité, la santé mentale, la nature humaine par rapport aux normes sociales. Je ne connaissais pas Rosalie. Elle était la dernière en audition et s’est imposée. Elle était naturelle et authentique. »

Avec le long métrage Une révision, la réalisatrice Catherine Therrien (Lourd, District 31, Fourchette saisons 1 et 2) propose une histoire bien ancrée dans le présent. Étienne (Patrice Robitaille), un prof de cégep passionné, prêche la remise en question auprès de ses élèves. Nacira (Nour Belkhiria) décide de le prendre aux mots. Attention : la confrontation ne sera pas de tout repos. Louis Godbout et Normand Corbeil signent le scénario de ce film qui ouvrira le festival Cinemania le 2 novembre.

Kelly Depeault, récompensée de l’Iris de la Révélation de l’année pour La déesse des mouches à feu au dernier gala Québec Cinéma, défend de son côté le rôle central dans Noémie dit oui, premier long métrage de Geneviève Albert, où il est question de prostitution (janvier 2022).

« Ce sujet m’interpelle depuis longtemps et je suis allée naturellement vers ça pour mon premier long métrage », dit Mme Albert.

J’avais confiance en me lançant dans ce projet. J’avais bien humblement mais sûrement envie d’être celle qui allait porter un récit sur ce sujet au cinéma québécois. Ce sujet existe depuis la nuit des temps et fait partie du paysage. Mon but est de le mettre au premier plan.

Geneviève Albert

Dans un registre plus léger, Ken Scott (Starbuck) a la tâche, avec Au revoir le bonheur, de présenter le grand succès québécois de Noël (sortie le 17 décembre). « Oui, je ressens une certaine responsabilité face au moment de la sortie, mais je l’embrasse. C’est un feel-good movie centré sur la famille. Ce sera le bon moment pour le sortir », résume-t-il.

Enfin, parmi les documentaires attendus, on retient Pedre Mario (14 janvier 2022), de l’excellent cinéaste Carl Leblanc. Ce dernier aborde la mort de son meilleur ami par suicide. La bande-annonce de Seuls, documentaire de Paul Tom sur les enfants qui arrivent sans accompagnement à la frontière canadienne, annonce une œuvre visiblement singulière (novembre). Joanie Lafrenière consacre pour sa part un film à l’extraordinaire photographe Gabor Szilasi.

Plusieurs autres titres, dont Aline, de Valérie Lemercier, Confessions, de Luc Picard, et Babysitter, de Monia Chokri, sont attendus dans les prochains mois.

Correction : Dans une version antérieure de ce texte, nous avons écrit que la comédienne Kelly Depeault avait reçu l’Iris de la meilleure actrice au gala Québec Cinéma pour son rôle dans La déesse des mouches à feu d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Il s’agissait en fait du prix Iris de la Révélation de l’année. Nos excuses.