Présenté en grande première lundi soir au festival Fantasia, Maria, comédie mettant en vedette Mariana Mazza, est le premier long métrage d’Alec Pronovost. La Presse a interviewé la comédienne et le jeune réalisateur à quelques heures de la projection du film.

Rien ne semble vouloir arrêter la tornade Mariana Mazza. Alors que l’humoriste reprendra à l’automne la tournée de son spectacle Impolie, la comédienne tourne ce mois-ci dans Lignes de fuite, en plus d’être en vedette au cinéma dès vendredi dans Maria, comédie qu’elle a scénarisée avec sa grande complice, Justine Philie. Touche-à-tout, l’artiste prépare même une exposition de ses toiles grand format à l’automne car, oui, elle trouve aussi du temps pour peindre !

« C’était important de montrer un autre côté de Mariana dans ce film », confie Alec Pronovost en entrevue. Ce dernier avait travaillé avec l’humoriste pour l’adaptation à l’écran de son spectacle Femme ta gueule. « Il n’y a pas juste la fille qui parle fort et qui prend beaucoup de place, celle qu’on voit dans les médias. Il y a aussi une artiste brillante, sensible, avec un côté très humain. »

« On a vécu assez de négatif depuis le début de la pandémie, avance Mariana Mazza. J’ai eu envie de proposer une histoire lumineuse, un film qui fait du bien [un feel-good movie] qui peut toucher tant les jeunes de 14 ans que leurs grands-parents. »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Mariana Mazza et le réalisateur Alec Pronovost

Une fois passé le choc de la bombe Mazza, on découvre ses zones de vulnérabilité, estime le réalisateur. « Ce n’est pas juste pipi, caca, fesses, son humour. Dans le film, elle aborde des enjeux de société qui lui tiennent à cœur, comme l’intimidation, la diversité, le deuil, la grossophobie. »

Maria a été tourné l’an dernier en 14 jours, soit la moitié du temps normal pour un long métrage au Québec. « Je travaille souvent en websérie et en publicité. Je suis habitué à aller vite et à évoluer dans des paramètres très précis. Mais ç’a été quand même toute une ride, ce tournage ! », explique le réalisateur de 27 ans fan de Judd Apatow, Will Ferrell, Ben Stiller…

Vivre sa vie

Dans Maria, Mariana Mazza incarne une femme de 30 ans sans emploi qui vit encore avec sa mère, à Laval. Elle a peu, voire pas du tout d’ambition, outre un vague désir de devenir actrice, désir qui sera tué dans l’œuf au début du film. Maria a aussi deux bonnes amies (Florence Longpré et Alice Pascual) dont les personnalités sont aux antipodes de la sienne. Lorsqu’elle apprend que sa mère (Isabel Dos Santos) a une maladie incurable, Maria décidera de se prendre en main. Une prise de conscience qui la force à se faire confiance et à mieux s’aimer.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Alice Pascual

Après quelques essais manqués, elle déniche un poste de suppléante dans une école. Malgré son inexpérience, la directrice (Korine Côté) lui confie les rênes d’une classe de deuxième secondaire avec des élèves de bonne famille. (Une situation qui rappelle le canevas du film School of Rock avec Jack Black.)

L’éducation de Mariana

Mariana Mazza croit que la société actuelle minimise l’importance du lien qui peut unir un professeur et un élève. Son impact immense sur sa vie future, son estime de soi. « Un bon prof peut t’aider à avoir confiance et à avancer dans la vie. Moi, je me souviens encore de conseils et de remarques de certains de mes professeurs au secondaire. Ils m’ont aidée à ouvrir mes horizons. »

Selon Alec Pronovost, Maria aborde des sujets très proches de Mariana Mazza dans la vie : la relation importante avec sa mère, l’amitié, la famille, la jeunesse, l’empathie.

Sur le plateau, la dynamique qui s’est installée entre Mariana et les jeunes comédiens était très semblable à celle entre Maria et les étudiants dans le film.

Alec Pronovost, réalisateur

« Avec Maria, j’avais envie de faire de l’humour avec douceur, ajoute la comédienne. Mon personnage est aux antipodes de celui qu’on me voit faire sur scène. Il est plus complexe. Dans la vie, je peux être très confrontante avec mes proches. Je prends beaucoup de place. Je n’ai pas beaucoup d’écoute… Mais je travaille là-dessus. J’apprends à écouter, à laisser plus de place aux autres, à accepter mon côté vulnérable. Parce que je ne veux pas être rejetée par les gens que j’aime. »

La quête

Vous aurez compris que, dans la quête identitaire de Maria, le personnage, se trouve un peu celle de Mariana. À 31 ans, la femme fait déjà des bilans.

« La semaine prochaine, ça va faire 10 ans que j’ai commencé ma carrière en humour, dit-elle. J’ai touché à tout : scène, télévision, radio, animation, chronique… J’aime prendre des risques et essayer des choses nouvelles. Je vais écrire un deuxième film. Mais la scène passera toujours en premier. Parce que j’aime vraiment voir les gens dans une salle, les rencontrer après un spectacle. Ce qui me nourrit, ce sont les humains. Et je trouve qu’à notre époque virtuelle et de réseaux sociaux, on perd de plus en plus la richesse du contact humain. »

Le film prend l’affiche vendredi partout au Québec.

Voyez la bande-annonce du film