Jodie Comer a surtout fait parler d’elle jusqu’à maintenant grâce à son interprétation de l’imprévisible et fascinante Villanelle dans la série Killing Eve. Sa carrière s’apprête à faire un prodigieux pas en avant. Elle incarnera Marguerite de Carrouges dans le film historique The Last Duel (Le dernier duel), de Ridley Scott, qui devrait être lancé en octobre. Dans la comédie doublée d’un film d’action Free Guy (L’homme libre), de Shawn Levy, qui prend l’affiche vendredi, elle partage la vedette avec Ryan Reynolds. Entrevue avec celle qui emprunte les traits de deux personnages, Millie et son avatar Molotovgirl.

L’actrice britannique de 28 ans s’estime chanceuse. « Les deux films sortent de façon rapprochée, mais ils sont tellement différents l’un de l’autre, indique-t-elle lors de l’entrevue virtuelle. C’est ce que j’aime beaucoup de mon travail. Je peux plonger et explorer des mondes qui ne sont pas pareils, et me lancer des défis. »

Dans Free Guy, elle interprète deux rôles dans des univers parallèles. Millie est une conceptrice de jeux vidéo qui tente de recouvrer les droits d’un jeu qu’elle a vendu à une énorme entreprise, Soonami Studios. Elle veut prouver que le cupide patron Antwan (Taika Waititi) a utilisé la matrice de son jeu pour créer l’hyper populaire jeu vidéo Free City, s’appropriant crédit et redevances. Elle compose le personnage de Molotovgirl pour pénétrer dans le jeu vidéo et trouver des traces du jeu initial qu’elle a inventé avec un ami tout aussi brillant, Walter « Keys » McKeys (Joe Keery), qui devient son allié.

PHOTO ALAN MARKFIELD, FOURNIE PAR 20TH CENTURY STUDIOS

Jodie Comer interprète aussi Millie, qui compose le personnage de Molotovgirl pour pénétrer dans Free City.

À l’intérieur du jeu vidéo, elle attire l’attention d’un personnage des plus ordinaire, Guy (Ryan Reynolds), destiné à rester anonyme, puisqu’il n’existe que pour animer l’arrière-scène et n’est contrôlé par aucun joueur. Or, Molotovgirl déclenche une réaction imprévue chez l’homme à la chemise bleue, qui dévie de la voie tracée d’avance. Il décide de prendre son destin en main, tout en conservant son attitude positive.

Molotovgirl respire la confiance avec sa démarche assurée, ses pantalons moulants et ses bottes de cuir. Mais elle ne tombe pas dans les stéréotypes habituels. Jodie Comer s’en est assurée.

C’était important pour moi qu’on sente qu’elle a été créée par Millie, alors qu’elle était à son clavier dans sa chambre. Elle ne pouvait pas correspondre à la vision idéale d’un homme. On en a parlé avant d’en arriver à l’effet final et ce que je trouve formidable, c’est que la personnalité de Millie transparaît dans Molotovgirl. C’est pourquoi elle s’entend si bien avec Guy.

Jodie Comer

La chambre de Millie comporte un élément fort intéressant, d’un point de vue montréalais : une grande affiche avec le nom du groupe Arcade Fire écrit en grosses lettres sur un mur. Un lien avec les origines montréalaises du cinéaste Shawn Levy qui a, entre autres, réalisé la trilogie Night at the Museum (Une nuit au musée) et des épisodes de la série Stranger Things, dont il est le producteur ?

C’est plutôt Jodie Comer qui a mis l’équipe de production sur la piste d’Arcade Fire, en incluant une de ses chansons dans la liste qu’elle a élaborée en tentant de définir Millie. « Je me demande toujours quel genre de musique les personnages écouteraient, dit-elle. J’ai envoyé la liste de chansons à Shawn, à la créatrice de costumes et au département artistique. Ils en ont tenu compte. »

Le plus drôle du plateau

L’artiste ajoute qu’elle a eu beaucoup de plaisir à camper le rôle de Molotovgirl. « Elle est plus loin de moi, fait-elle remarquer. Je suis davantage comme Millie. Elle a un sens de l’humour bizarre, un peu comme le mien, et est très déterminée. Comme moi ! »

L’atmosphère sur le plateau était très joyeuse. Le plus drôle, selon Jodie Comer, était Taika Waititi, plus connu pour ses talents d’auteur (il a remporté un Oscar pour le scénario de Jojo Rabbit) et de réalisateur (Thor : Ragnarok).

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La bonne humeur régnait sur le plateau de tournage. De gauche à droite : Joe Keery, Ryan Reynolds, Jodie Comer, Taika Waititi, le réalisateur Shawn Levy et Utkarsh Ambudkar.

« Je dois dire que j’ai été impressionnée par ses talents d’improvisateur, dit-elle. Un jour, je suis allée essayer un costume pendant le tournage de certaines scènes dans le bureau de Soonami Studios. Je me suis assise derrière Shawn et j’ai regardé Taika. Certaines prises de vue ont duré jusqu’à six minutes, pendant lesquelles il a parlé de tout et de rien ! Il est très bon. »

Ryan Reynolds, qui a intégré une bonne dose d’humour dans l’interprétation du superhéros Deadpool, tient la vedette dans un tout autre genre de comédie. « Il confère une innocence à Guy qui est très pure, souligne Jodie Comer. Il y a une qualité presque enfantine à son personnage. Je pense qu’en vieillissant, nous devenons moins curieux. C’est une partie de nous que nous perdons. C’est beau de voir Guy grandir et s’épanouir. »

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Ryan Reynolds dans Free Guy

Au cours des prochains mois, l’interprète aura l’occasion d’explorer de nouveaux horizons. En plus de reprendre son rôle de Villanelle dans la quatrième et dernière saison de Killing Eve, aux côtés de Sandra Oh, elle devrait partager la vedette avec Joaquin Phoenix dans Kitbag, le prochain film de Ridley Scott. Cette fois-ci, elle se glissera dans la peau de Joséphine de Beauharnais, le grand amour de Napoléon Bonaparte. Un autre beau défi en vue…