Après Brillantissime, Michèle Laroque ne comptait pas réaliser un deuxième long métrage aussi rapidement. L’actrice n’a cependant pu résister à l’envie de porter à l’écran Chacun chez soi, une comédie familiale au cœur de laquelle se trouve un couple mûr, dont la complicité reste intacte, malgré les écueils. Entretien avec une comédienne dont les envies de réalisation s’accentuent.

Révélée au public international dans les années 1990 grâce à La crise, de Coline Serreau, Michèle Laroque s’est imposée à titre d’actrice dans des comédies populaires à la Pédale douce, mais aussi à la faveur de rôles de différentes tonalités (Ma vie en rose, Oscar et la dame rose). Les spectacles où elle a partagé la scène avec l’humoriste Pierre Palmade pendant 20 ans ont aussi ravi un large public. Bien que le cinéma ait rapidement pris le pas, l’actrice gérait déjà très bien l’équilibre entre les deux aspects de son art.

Un jour, alors qu’elle jouait au théâtre Brillantissime diva, une adaptation de son cru de My Brilliant Divorce, une pièce britannique de Geraldine Aron, un producteur de cinéma l’a pourtant abordée en lui disant : « Tu dois réaliser un film ! »

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En plus d’avoir signé le scénario et la réalisation de Chacun chez soi, Michèle Laroque en est la tête d’affiche.

« Je ne sais pas du tout d’où vient cette règle, mais c’est ce qu’il m’a dit ! rappelle Michèle Laroque au cours d’un entretien en visioconférence accordé à La Presse. Je lui ai répondu que, franchement, je pouvais très bien vivre sans ! Mais il a insisté, j’ai réfléchi un peu. Comme je me suis retrouvée à tout faire toute seule sur cette pièce, je me suis dit qu’il fallait peut-être aller au bout et penser à un film basé sur le même personnage et la même histoire. Et ça s’est très bien passé. »

Une histoire de couple et de famille

Après cette première expérience de réalisation, concluante, l’actrice était néanmoins heureuse de retrouver sa peau de comédienne uniquement. Mais elle a craqué à la lecture du scénario de Chacun chez soi, écrit par Julien Colombani, pour lequel elle était aussi pressentie à titre de réalisatrice. La vedette de Comme t’y es belle a notamment été séduite par l’histoire de ce couple, qu’elle forme à l’écran avec Stéphane De Groodt, dont les plans de vie à l’aube de la retraite sont perturbés — en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Boomerang — par le retour inattendu à la maison de leur fille (Alice de Lencquesaing) et du conjoint de cette dernière (Olivier Rosemberg).

« J’adore les histoires de couple et les histoires de famille, confie-t-elle. J’ai alors foncé avec plaisir. »

Lorsque l’on n’est pas soi-même à l’origine d’un projet, c’est un peu plus, euh, comment dire, facile ? C’est-à-dire que ça allège la part de responsabilité un peu.

Michèle Laroque, réalisatrice, scénariste et comédienne

« Bien sûr, il en reste beaucoup, de ces responsabilités, d’autant que j’ai fait un travail d’adaptation avec Stéphane Ben Lahcene, mais on dirait que c’est quand même plus cool. Je retire en tout cas une grande satisfaction du travail d’équipe, de cette réunion de talents, d’intelligences. J’aime aussi cet esprit faisant en sorte que tout le monde se motive pour arriver au résultat espéré. »

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Olivier Rosemberg, Alice de Lencquesaing, Michèle Laroque et Stéphane De Groodt dans Chacun chez soi.

Une tonalité à soi

Pour trouver la tonalité du film, bienveillante et grinçante à la fois, Michèle Laroque s’est fiée à son instinct et a exploré un genre d’humour qui pouvait bien servir l’histoire de Chacun chez soi.

« Cette tonalité, c’est la mienne. Je la connais. Je la manie bien parce que c’est la mienne, justement. D’ailleurs, le plus dur est d’apprendre à se connaître, de comprendre comment on voit les choses, faire confiance, ne pas chercher à plaire, et être qui l’on est. »

Voilà l’avantage d’avoir quelques années d’expérience derrière soi, car on a eu le temps d’apprendre à s’assumer, avec nos forces et nos fragilités.

Michèle Laroque

« C’est ce qui fait que vous pouvez apporter quelque chose de différent, et que vous allez raconter des histoires à votre manière. Il faut se servir des particularités qu’on a. »

D’abord réticente à se lancer tout de suite dans la réalisation d’un deuxième long métrage, Michèle Laroque adore maintenant cette nouvelle facette de son métier. Un troisième film est d’ailleurs déjà en boîte. Alors on danse est une adaptation française de Finding Your Feet, un film britannique (réalisé par Richard Loncraine en 2017), dans laquelle elle est entourée de Jean-Hugues Anglade, Thierry Lhermitte et Jeanne Balibar. La réalisatrice ne cache pas son penchant pour la culture anglo-saxonne.

« Je suis née d’une mère roumaine qui, à ma naissance, parlait mieux anglais que français. Ma marraine habitait Londres. J’ai aussi fait des études aux États-Unis et j’ai habité Los Angeles pendant un moment. L’anglais a toujours fait partie de ma vie. Et puis, j’aime le monde, faire connaissance, et l’humour anglo-saxon me plaît beaucoup. Je trouve formidable d’avoir l’occasion d’adapter un film britannique et de le faire correspondre à notre propre culture. »

Le producteur qui a fortement suggéré à Michèle Laroque de se lancer dans la réalisation n’a finalement pas eu tort.

Chacun chez soi prendra l’affiche en salle le 16 juillet.