Déjà reconnu sur la scène théâtrale française, Thomas Solivérès est la tête d'affiche d'Edmond, adaptation cinématographique de la pièce à succès d'Alexis Michalik. Dans cette histoire qui allie la fantaisie à la réalité, l'acteur se glisse dans la peau de l'auteur de Cyrano de Bergerac.

Quand on lui fait remarquer, sans être le premier à le faire, qu'il a dans la «vraie vie» un peu l'allure de Timothée Chalamet, Thomas Solivérès rougit un peu. Il porte en effet le jeune acteur franco-américain en très haute estime. «C'est incroyable, ce qu'il fait! s'exclame-t-il. Je suis très loin de ça!»

Il appert pourtant qu'au-delà des apparences juvéniles des deux acteurs - ce fut d'ailleurs au départ un obstacle pour le rôle d'Edmond -, leurs parcours respectifs affichent quand même quelques similitudes. Tous deux ont en effet trouvé leur vocation très jeune, en brûlant les planches et en enchaînant les rôles au grand écran. Thomas Solivérès a d'ailleurs commencé sa carrière cinématographique dans Intouchables, le mégasuccès du tandem que forment Éric Toledano et Olivier Nakache. L'année suivante, il donnait la réplique à Line Renaud au théâtre dans Harold et Maude.

«J'ai grandi avec un frère plus âgé, très impliqué dans l'enseignement et dans le monde du théâtre amateur», a expliqué l'acteur lors de son passage au festival Cinemania de Montréal, où Edmond a clôturé l'événement. «Un de ses élèves - plus vieux que moi - ayant dû quitter à la dernière minute le spectacle qu'il préparait, il a demandé à mes parents si je pouvais jouer le rôle. Même si j'avais seulement 6 ans, j'ai ressenti un choc quand les gens se sont mis à applaudir à la fin. J'ai su que j'allais vouloir faire ça toute ma vie!»

Un premier grand rôle au cinéma

S'il a déjà fait sa marque au théâtre - il a été cité aux Molières dans la catégorie du meilleur acteur grâce à sa performance dans la pièce d'Ivan Calbérac Venise n'est pas en Italie -, Thomas Solivérès a maintenant l'occasion d'en faire de même au cinéma. Dans Edmond, adaptation cinématographique de la pièce à succès d'Alexis Michalik (montée l'été dernier au Québec au TNM dans une mise en scène de Serge Denoncourt), il prête ses traits à Edmond Rostand dans un récit où l'on raconte les circonstances dans lesquelles l'auteur de Cyrano de Bergerac en est venu à pondre sa plus célèbre pièce.

«Je connaissais un peu Alexis, comme ça, pour l'avoir croisé parfois, notamment à Avignon, rappelle le comédien. Il m'a parlé de son projet d'adaptation de sa pièce au cinéma en me disant - en me regardant - qu'il cherchait toujours son Edmond. Je n'avais pas vu sa pièce encore. Et même si la question de l'âge s'est posée, Alexis m'a invité à faire des essais. J'ai eu 2 semaines pour apprendre 45 pages de texte, réparties en 7 séquences, avec la moustache, les costumes, tout cela. Je crois qu'Alexis m'a testé pour voir si j'étais prêt aussi. Vraiment, je ne pouvais pas passer à côté d'un tel rôle!»

N'étant pas issu d'une grande école de théâtre, ayant plutôt appris sur le tas, Thomas Solivérès a le réflexe de travailler encore plus fort, par compensation. Même si Edmond n'a rien d'un film biographique - on parle plutôt ici d'une «fiction réaliste» - , l'acteur s'est préparé en tentant d'en apprendre le plus possible sur la vie d'un personnage ayant réellement existé.

«J'ai voulu tout connaître d'Edmond Rostand, indique-t-il. D'abord son oeuvre, bien sûr, mais aussi l'homme. À la Bibliothèque nationale de France, sur le site François-Mitterrand, on autorise un accès particulier à des gens qui ont des recherches de cette nature à faire. J'y ai passé mes journées! J'ai pu voir des documents incroyables, des correspondances personnelles, vraiment tout. Je me suis aussi passionné pour cette époque, la toute fin du XIXe siècle et le tout début du XXe. La mode, le maintien, la façon de s'exprimer. Ce fut pour moi un très grand plaisir de plonger dans la vie de cet homme.»

Une nouvelle distribution

Créée il y a trois ans à Paris au Théâtre du Palais-Royal, la pièce avait pourtant la forme d'un scénario de film au départ. Alexis Michalik, qui a porté ce projet pendant une quinzaine d'années, avait en effet cherché des producteurs de cinéma mais, faute de financement, s'était résolu à transposer son scénario au théâtre, avec le succès que l'on sait. Il signe aujourd'hui la réalisation de cette adaptation cinématographique, qui met en vedette une toute nouvelle distribution. Outre Thomas Solivérès, les têtes d'affiche d'Edmond sont, entre autres, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Clémentine Célarié, Dominique Pinon et Antoine Duléry. Seul Jean-Michel Martial, qui interprète le rôle du cafetier Honoré, a aussi été de la création de la pièce.

«Tous les autres étaient en tournée au moment du tournage! fait remarquer l'acteur. En passant du théâtre au cinéma, je crois qu'Alexis avait aussi besoin d'un nouveau souffle, après 400 représentations sur scène.»

Edmond prendra l'affiche le 8 février.

Photo tirée de l'internet

Edmond Rostand