Une nutritionniste qui vient d’être embauchée dans une école secondaire privée élitiste d’une ville européenne non nommée entraîne ses élèves dans un dogme de la non-consommation.

Le précédent long métrage de l’Autrichienne Jessica Hausner, Little Joe, était un thriller décalé, clinique et lancinant, sur une scientifique qui crée une fleur censée rendre heureux. Scénarisé comme Little Joe par Jessica Hausner et la Française Géraldine Bajard, Club Zero est une satire sous forme de suspense dans le même registre intrigant et glacial, qui s’intéresse à la surconsommation et aux clivages de classe, à travers la délicate question des troubles alimentaires (avec certaines scènes assez crues).

Épousant une esthétique minimaliste qui n’est pas sans rappeler celle de son compatriote Ulrich Seidl, coproducteur du film, Jessica Hausner (Amour fou) met en scène Mia Wasikowska, d’une indolence glaciale, dans le rôle d’une nutritionniste qui intègre le corps professoral d’une école secondaire d’élite.

Cette mademoiselle Novak, qui s’est fait connaître grâce à des capsules (et une tisane aux propriétés apaisantes) sur l’internet, a mis sur pied un mode de nutrition novateur, qui s’inspire de la méditation pleine conscience, afin de s’attaquer à la surconsommation, à la malbouffe et à la destruction de l’environnement. Son discours dans l’air du temps trouve bien sûr un écho chez ses jeunes élèves, intrigués et séduits par sa proposition de manger moins et de manger mieux, afin d’en tirer des bienfaits pour le corps, l’esprit et la planète.

L’enseignante profite de la complaisance, de la crédulité et de la confiance aveugle de nombreux parents (notamment un couple ultrariche interprété par Mathieu Demy et Elsa Zylberstein) envers cette école réputée pour repousser les limites de ses élèves. Ces parents disent vouloir ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants, des cours de piano et de danse jusqu’au mandarin en passant par la nutrition. Cette course à « l’excellence » a un prix, rappelle Jessica Hausner.

La mystérieuse mademoiselle Novak exploite les fragilités et zones d’ombre de ces adolescents (parents absents, mère sans le sou ou souffrant de troubles alimentaires, etc.) afin de mieux s’imposer en confidente et en gourou révolutionnaire. Quelques élèves, plus sceptiques, quittent le groupe. La plupart d’entre eux embrassent le dogme de ce Club Zero pour combler un vide.

Club Zero, présenté en compétition au plus récent Festival de Cannes, est une métaphore cynique et troublante, qui peut parfois sembler caricaturale et simpliste, de ce qui peut mener des gens brillants, mais influençables et vulnérables, à intégrer une secte. Jessica Hausner démonte efficacement les mécanismes de ce processus d’abandon du libre arbitre. Mais son film, construit comme un thriller froid, clinique et distant – on m’excusera le jeu de mots – laisse sur sa faim.

En salle

Consultez l’horaire du film
Club Zero

Drame

Club Zero

Jessica Hausner

Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Amir El-Masry

1 h 50

6/10