Jeanne a 22 ans. Elle vit dans une banlieue de Paris avec son père gendarme, son petit frère et sa petite sœur. Mais elle rêve de mieux et, surtout, elle rêve haut : elle veut percer le monde de la haute finance.

La Vénus d’argent est une histoire de transfuge social, transfuge de classe, mais aussi d’identité. Parce que pour percer là où on ne l’attend pas, pour se sortir de son quotidien et de son destin, Jeanne va arborer un costume qui ne lui est pas a priori destiné : un veston d’homme, volé dans une vitrine, par-dessus le marché.

C’est avec cette mise en bouche « fracassante », au sens propre comme au figuré, comme l’ont souligné Les Inrocks, que la chanteuse Claire Pommet (Pomme de son nom de scène) fait son entrée dans le monde du cinéma. Disons-le : ce premier rôle lui va comme un gant, et la chanteuse désormais comédienne crève l’écran. Son regard nous hypnotise, sa voix robotique tout autant. Son personnage, aussi énigmatique et peu attachant soit-il (ça aussi, il faut le dire), nous fascine.

C’est qu’on ne la comprend pas : parlant d’identité, pourquoi se bande-t-elle la poitrine, est-ce pour soigner une blessure, camoufler ses seins ? On ne le saura jamais. Pourquoi veut-elle fuir sa banlieue ? Ce n’est pas non plus très clair. Chose certaine, elle porte en elle une froideur, enrobée à l’écran d’une ambiance particulière, plusieurs ralentis et autres jeux de lumière, esthétiquement très soignés, faut-il le souligner.

Il faut dire que le film, second long métrage signé Héléna Klotz (L’âge atomique), est essentiellement contemplatif, quasi onirique par moments, avec un souci marqué pour les détails (un gros plan sur un bouton de manchette ici, des perles là, etc.).

Côté récit, mentionnons quelques ruptures de ton, ou un je-ne-sais-quoi de maladroit. Alors qu’on suit la jeune femme dans un entretien d’embauche, un cocktail d’affaires (mention spéciale à Sofiane Zermani, en patron mi-aimant, mi-cinglant, très convaincant), jusqu’à l’ultime déception professionnelle, comment Jeanne se retrouve-t-elle tout à coup et sans crier gare dans la chambre à coucher de cette femme philanthrope ? On n’y croit tout simplement pas. Sans parler des propos entourant la question du consentement, certes nobles, et dans l’air de temps, qui arrivent toutefois comme un cheveu sur la soupe, transformant le personnage de l’ex-petit ami et militaire Augustin (Niels Schneider) en bienveillance incarnée. On veut l’aimer, mais à nouveau, on y croit moyennement.

Cela étant dit, on se laisse ici porter par l’excellence du jeu des acteurs, le côté léché de la caméra, sans parler du caméo de Safia Nolin, très bien vu, dans une rare scène, vers la fin, d’une infinie douceur, où l’on voit Jeanne danser tendrement dans les bras de son ex-copain, exprimant quelques émotions, enfin.

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La Vénus d’argent

Drame

La Vénus d’argent

Héléna Klotz

Claire Pommet, Niels Schneider et Sofiane Zermani

1 h 35

6,5/10