En 2010, un journaliste du New Yorker enquête sur la mystérieuse disparition d’un pianiste brésilien enlevé à Buenos Aires en 1978.

Dans la lignée des Journaux de Lipsett, de Theodore Ushev, de Ryan, de Chris Landreth, et de Valse avec Bashir, d’Ari Folman, They Shot the Piano Player (Ils ont tiré sur le pianiste en version française), de Javier Mariscal et Fernando Trueba, est un film d’animation qui brouille subtilement les frontières entre le documentaire et la fiction. Après avoir réalisé Chico and Rita, hommage au pianiste jazz et compositeur cubain Bebo Valdés, avec Toni Errando, frère de Mariscal, il semblait tout naturel que les deux réalisateurs espagnols se tournent vers un autre pianiste jazz.

Cette fois, il s’agit du Brésilien Francisco Tenório Júnior, pianiste virtuose et maître de la bossa-nova, peu connu du grand public, mais célébré par ses pairs. N’ayant enregistré qu’un seul album en 1964, à 23 ans, Embalo, Tenório a également accompagné des musiciens sur une quinzaine de disques. En mai 1978, tandis qu’il est en tournée avec Vinicius de Moraes, auteur de la chanson La fille d’Ipanima, de Carlos Jobim, et Toquinho, il disparaît mystérieusement à Buenos Aires.

IMAGE FOURNIE PAR MÉTROPOLE FILMS DISTRIBUTION

Scène de They Shot the Piano Player

They Shot the Piano Player, dont le titre est un clin d’œil au film de Truffaut Tirez sur le pianiste (1960), commence en 2010, à New York. Aux côtés de son éditrice (Roberta Wallach), Jeff Harris (Jeff Goldlum), journaliste (fictif) du New Yorker, raconte aux lecteurs venus assister au lancement de son livre l’enquête qu’il a menée pour découvrir les circonstances de la disparition.

Alternant aisément entre différentes époques, adoptant divers styles selon le contexte, faisant revivre les légendes du jazz, d’Ella Fitzgerald à João Gilberto en passant par Bebo Valdés, le film se révèle une plongée vivante dans l’âge d’or de la bossa-nova sur fond de crise politique à la fois fascinante et fastidieuse.

En choisissant l’animation plutôt que le documentaire en prises de vues réelles, Mariscal et Trueba, qui a réalisé près de 150 entrevues pour le film, se sont assurés de pouvoir évoquer avec poésie, sensualité et fantaisie les nuits endiablées des boîtes de jazz où évoluait Tenório. Or, dans certains passages, les images se meuvent au gré d’un rythme qui manque de fluidité et les couleurs sont criardes.

Malgré leurs efforts d’éviter de livrer une suite de têtes parlantes et les ensorcelantes plages musicales, il n’en demeure pas moins que They Shot the Piano Player aligne les entrevues verbeuses. Dans certains cas, notamment dans les extraits d’archives, le son est médiocre et crée un agaçant décalage avec les voix des autres intervenants. Surtout celle, si suave, de Jeff Goldblum.

They Shot the Piano Player est présenté en salle en version originale (portugais, espagnol, anglais) avec sous-titres français et en version originale avec sous-titres anglais.

Consultez l’horaire du film
They Shot the Piano Player (V. F.: Ils ont tiré sur le pianiste)

Film d’animation

They Shot the Piano Player (V. F.: Ils ont tiré sur le pianiste)

Javier Mariscal et Fernando Trueba

Avec les voix de Jeff Goldblum, Tony Ramos, Roberta Wallach

1 h 43

6,5/10